"La fête est finie" pour Wall Street, s'est exclamé la présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi lors de l'adoption, par 237 voix contre 192, de la plus vaste réforme du système de régulation financière aux Etats-Unis depuis les années 1930.
"Le vote d'aujourd'hui est une victoire pour tous les Américains qui ont été touchés par l'imprudence et l'irresponsabilité ayant conduit à la perte de millions d'emplois", s'est aussi félicité le président Barack Obama dans un communiqué publié après le vote. "Ce texte rendra notre système financier plus transparent. Ainsi, des transactions complexes ayant dans le passé échappé aux contrôles seront désormais effectuées en pleine lumière", a-t-il estimé. Le président a également estimé que ce projet de loi allait "empêcher une crise" telle que celle de 2007-2009.
Protection du consommateur financier
En substance, le projet de loi d'environ 2000 pages prévoit la création d'un organisme de protection du consommateur financier au sein de la banque centrale (Fed) et il empêche le sauvetage de grandes institutions financières aux frais des contribuables.
Parmi les mesures phare du texte figure une disposition pour un meilleur contrôle de l'immense marché des produits dérivés échangés de gré à gré, dont la valeur nominale est estimée à environ 600'000 milliards de dollars. Ces outils spéculatifs ont été au coeur de la dernière crise financière aux Etats-Unis.
Par ailleurs, la réforme contient une mesure surnommée la "règle de Volcker" dont l'idée est de détourner les banques commerciales de la "tentation" de prendre des risques pour qu'elles se concentrent sur leurs activités de prêt. Mais les banques commerciales pourront continuer à commercialiser certains produits d'investissement.
Un débat interminable
Tout au long du débat, qui a duré plusieurs mois, l'opposition républicaine a souvent critiqué le texte. Certains points de la réforme vont "empêcher les petites et les grandes entreprises de créer des emplois", selon le responsable républicain de la commission Financière de la Chambre, Spencer Bachus. Le chef de la minorité républicaine John Boehner a été épinglé cette semaine par les démocrates pour avoir déclaré que la réforme revenait à "tuer une fourmi avec une arme nucléaire".
Wall Street a également tenté de torpiller toute initiative de réforme de ces activités très lucratives mais en vain, les parlementaires démocrates étant portés par la colère que suscite dans l'opinion publique l'implication du secteur financier dans la crise.
Le Sénat, qui doit encore approuver le texte avant que celui-ci ne puisse être envoyé à la Maison Blanche pour promulgation, votera après les congés parlementaires, soit dans la semaine du 12 juillet. "Avec (le vote) du Sénat, nous pourrons nous consacrer à mettre en place ces protections", a déclaré le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner, saluant "un texte fort" apte, selon lui, à protéger consommateurs et investisseurs.
agences/boi
Obtenir l'appui des républicains modérés
Le vote de la Chambre intervient au lendemain d'un ultime compromis au Congrès.
Mardi soir, des élus réunis au sein d'une "conférence" bicamérale ont voté le retrait d'un projet de prélèvement auprès des banques, pour financer la réforme, d'un fonds de 19 milliards de dollars, afin d'obtenir les voix de républicains modérés.
En effet, côté Sénat, les démocrates n'étaient pas en mesure avant ces modifications, de réunir les 60 voix sur 100 nécessaires à l'adoption du projet, après le décès lundi du sénateur Robert Byrd à 92 ans.