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Les grands patrons gagnent toujours plus

Les hauts cadres du secteur bancaire ont vu leur rémunération s'envoler de 73% en 2009, selon Dominique Biedermann.
Les hauts cadres du secteur bancaire ont vu leur rémunération s'envoler de 73% en 2009, selon Dominique Biedermann.
Malgré la crise, les salaires des top managers d'entreprises suisses ont pris l'ascenseur l'an dernier. Les administrateurs et directeurs des 49 plus grosses sociétés cotées ont gagné un total de 1,27 milliard de francs, soit une hausse de 20% par rapport à 2008, relève la Fondation Ethos.

La hausse est de 73% pour la rémunération des hauts cadres des treize principales institutions bancaires et assurances, a relevé vendredi devant la presse Dominique Biedermann, directeur de la Fondation Ethos. En revanche, la hausse n'atteint que 2% pour les 36 sociétés des autres branches. Et hors finance, les présidents avec ou sans fonction exécutive ont gagné moins que l'année précédente.

Dans la finance à l'inverse, les présidents avec ou sans double casquette ont vu leur rémunération décoller d'environ 40%. A noter toutefois qu'il y a là un phénomène de rattrapage après le recul particulièrement marqué dans ce secteur l'an passé.

Tous secteurs confondus, un membre de la direction générale a reçu 3 millions de francs en moyenne, le président du conseil d'administration 1,9 million, et un administrateur 300'000.

Manque de transparence

Au-delà des montants, le manque de transparence reste un problème. Près d'une firme sur trois ne publie pas les composantes de la rémunération. Seule une sur cinq détaille les salaires individuels. Moins de la moitié précisent les rapports entre bonus et fixe. Et les calculs sont d'une complexité extrême.

"Si le conseil d'administration lui-même ne peut pas expliquer simplement comment fonctionne le système de rémunération, cela veut clairement dire que celui-ci est trop compliqué", juge Dominique Biedermann.

Les plans de participation à long terme en actions ou en options sèment encore plus le flou. Outre leur effet de levier, ces plans diffèrent de plusieurs années la publication des chiffres. Sans compter que la performance n'est pas assez prise en compte.

Le cas Dougan

Un exemple frappant est celui des 70 millions de francs tombés en 2010 dans l'escarcelle de Brady Dougan, patron de Credit Suisse, au titre de l'exercice 2004. Du coup, l'étude n'a pas pu comptabiliser la vraie valeur en 2004, ni en 2009.

"Aux Etats-Unis, on doit préciser chaque année la valeur estimée de cette bonification, même si elle n'est pas encore versée", a souligné le directeur d'Ethos. En Suisse, il n'est même pas obligatoire de communiquer ces rémunérations différées.

A noter que d'autres études sur les salaires, celles des syndicats par exemple, ont fait glisser ces 70 millions dans la comptabilisation de 2009. Au final, la part variable représente pas moins des quatre cinquièmes de la rémunération d'un patron. Le pourcentage a grimpé en flèche l'an passé dans la finance alors qu'il est resté stable ailleurs.

ats/cht

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Réveiller les actionnaires

Aujourd'hui, 21 sociétés soumettent au vote consultatif des actionnaires le rapport ou le système de rémunération. Les rejets ne passent pas la rampe dans des groupes comme UBS ou Credit Suisse. Mais de grosses minorités expriment leur désaccord. "La tendance est lancée", conclut Dominique Biedermann, qui veut maintenant généraliser ce vote et intensifier le dialogue sur la transparence.

Le nombre de caisses de pension réunies dans ce programme d'Ethos a grimpé de 30 à 48 en six mois. La fondation spécialisée dans le conseil aux investisseurs institutionnels a contacté les entreprises par écrit et attend une réponse avant l'automne. Sinon, elle reprendra son bâton de pèlerin pour déposer de nouvelles résolutions d'actionnaires.