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Les Suisses ne profitent pas assez de l'euro faible

Les prix dans les supermarchés ne suivent pas la baisse de l'euro, selon la SKS.
Les prix dans les supermarchés ne suivent pas la baisse de l'euro, selon la SKS.
Les produits importés depuis la zone euro ont beau coûter de moins en moins cher, les clients des magasins en Suisse en profitent peu. Selon les défenseurs des consommateurs, les acteurs du commerce de détail et du secteur automobile pourraient faire des efforts.

Depuis le début de l'année, l'euro a perdu presque un dixième de sa valeur face au franc, soit près de 15 centimes. De quoi faire miroiter des prix d'importation moins élevés pour les distributeurs suisses, et donc aussi en rayon pour les porte-monnaies des ménages.

Ces jours, Coop a annoncé baisser par conséquent les prix de 150 de ses produits, qui s'ajoutent aux 50 articles dont les tarifs avaient diminué le mois précédent. A noter que parallèlement, les effets de change se répercutent plus directement sur les fruits et légumes, dont les prix se négocient chaque semaine.

La chaîne allemande Aldi affirme avoir aussi abaissé les prix de 150 articles. Migros indique de son côté avoir également réduit les prix dans son assortiment, mais dans une moindre mesure que Coop.

Des milliers de produits

Du côté de la Fondation alémanique pour la protection des consommateurs (SKS), Sara Stalder estime que ces mesures restent limitées par rapport aux milliers de produits présents dans les supermarchés. Un magasin de Coop propose en moyenne 20'000 à 30'000 articles, tandis qu'une succursale d'Aldi en compte un millier.

Les entreprises rétorquent que de nombreuses marchandises sont produites en Suisse, ou achetées en dollars dans des pays hors zone euro, par exemple pour les vêtements et l'électronique. De plus, certains achats effectués dans la zone euro sont payés en francs.

Les distributeurs ajoutent qu'ils doivent aussi écouler leurs stocks d'articles qui ont été importés quand l'euro n'était pas encore si bon marché. Et certains contrats impliquent des livraisons à long terme, d'où la présence en rayon d'articles commandés à un taux qui n'avait pas encore baissé. Enfin, les prix reflètent aussi les frais de transport, d'énergie et de matières premières qui, eux, ont en grande partie augmenté.

La SKS est pourtant convaincue que la branche du commerce de détail dispose d'une marge de manoeuvre pour adapter ses prix à la baisse.

ats/sbo

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L'automobile également à la traîne

Le commerce de détail n'est pas seul à faire de la publicité basée sur des baisses de prix liées à l'affaiblissement de l'euro: la pratique s'observe aussi dans l'automobile.

Renault propose en juillet un rabais de 2000 francs, décrit comme une adaptation aux changes monétaires. Chez Peugeot également, certains revendeurs offrent une ristourne, même s'il n'y a pas de rabais global proposé dans tout le pays. La SKS verrait d'un bon oeil que les autres marques de voitures suivent le mouvement.

L'Amag, plus gros importateur de voitures en Suisse (VW, Skoda, Audi, Seat, Porsche), ne prévoit pas de réduction généralisée, puisque les cours monétaires ne sont qu'un facteur parmi d'autres.

Du reste, une voiture ne s'achète pas si vite, rappelle pour sa part Max Nötzli, président d'auto-suisse, l'Association des importateurs suisses d'automobiles. L'acquéreur obtient la clé de son véhicule au plus tôt trois mois après sa commande.

Max Nötzli estime toute de même qu'à plus long terme, les prix des voitures en provenance de la zone euro devront être adaptés. Et si cela devait ne pas être le cas, Sara Stalder de la SKS conseille ni plus ni moins que d'acheter son automobile à l'étranger.

Peu de consommateurs de Suisse vont chercher leur véhicule au-delà des frontières pour l'heure, ne serait-ce qu'en raison des tracas administratifs. Mais la tendance est en légère hausse: 3% de toutes les voitures neuves acquises entre janvier et mai ont été payées hors de Suisse, alors que la proportion était de 2,1% un an plus tôt, selon une enquête d'auto-suisse.