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Le patron de BP Tony Hayward part en octobre

Tony Hayward, accusé d'avoir mal géré la marée noire, sera remplacé par Bob Dudley (derrière lui à droite).
Tony Hayward, accusé d'avoir mal géré la marée noire, sera remplacé par Bob Dudley (derrière lui à droite).
Le directeur général du groupe pétrolier britannique BP, Tony Hayward, quittera ses fonctions en octobre, avec un an de salaire en guise d'indemnités (1,2 million d'euros). Il sera remplacé par un Américain. Le groupe a par ailleurs annoncé mardi une perte de 16,9 milliards de dollars au 2e trimestre.

Le départ de Tony Hayward apparaissait de plus en plus imminent depuis plusieurs jours, à en croire les médias britanniques. Le patron du groupe pétrolier était sous le feu roulant de la critique concernant la gestion de la marée noire. Il sera nommé au conseil d'administration de la firme pétrolière TNK-BP, qui est la troisième plus importante en Russie et dont BP détient la moitié. Il recevra un an de salaire en guise d'indemnités (soit l'équivalent de 1,2 million d'euros),  conformément aux pratiques du groupe.

Selon le président de BP Carl-Henric Svanberg, la direction est "profondément attristée de perdre un directeur général dont le succès pendant trois ans pour piloter la performance de l'entreprise a été si largement admirée, et de manière si méritée".

Tony Hayward s'est néanmoins attiré le surnom de "Tony-la-gaffe" pour avoir annoncé que l'impact de la marée noire serait "minime", s'être plaint de vouloir "retrouver sa vie d'avant" et avoir assisté à une régate au large des côtes britanniques au moment où la marée noire souillait celles du golfe du Mexique et coûtait leur emploi à des milliers d'Américains.

Comprendre les Américains

Pour la première fois de son histoire, British Petroleum s'est choisi un directeur général non britannique. Il s'agit de l'Américain Robert Dudley, en charge depuis juin des opérations liées à la marée noire. Il a dirigé TNK-BP pendant cinq ans avant de devoir partir précipitamment en 2008 après une dispute avec les coactionnaires. Robert Dudley aura la lourde charge de redorer le blason de BP.

Alors que BP est devenu l'entreprise la plus haïe aux Etats-Unis, le passeport américain de Bob Dudley est l'un de ses meilleurs atouts. "Vu la situation de BP, vu les problèmes de leurs activités aux Etats-Unis, il y a probablement un avantage politique à avoir (à sa tête) quelqu'un qui comprend mieux les inquiétudes du pays", commente Roger Reid, analyste action chez Natixis Securities interrogé par l'AFP.

Des bébés tortues ont été touchés par le pétrole lundi. [KEYSTONE - Pat Sullivan]
Des bébés tortues ont été touchés par le pétrole lundi. [KEYSTONE - Pat Sullivan]

BP va devoir montrer au public américain "qu'il comprend ce qui se passe aux Etats-Unis au lieu de toujours se considérer comme une entreprise étrangère", renchérit Jason Schenker, analyste de Prestige Economics. Ce qui devrait être plus facile avec Robert Dudley, puisque celui-ci a été élevé dans le Mississippi, l'un des Etats américains bordant le golfe du Mexique.

Le nouveau directeur général sera surtout jugé sur la question de la gestion du risque. Trois mois après l'explosion de Deepwater Horizon, le pétrole continue de s'écouler dans le golfe. Et avant le naufrage de la plateforme de Macondo, BP avait déjà à son actif d'autres scandales aux Etats-Unis, notamment une fuite d'oléoducs dans l'Alaska, l'explosion d'une usine au Texas et un scandale lié aux échanges de propane.

Des enjeux pour BP et pour les USA

Le PDG devra mettre en avant le poids de BP pour l'industrie pétrolière américaine. Le groupe se revendique comme le premier producteur de pétrole et gaz du pays et se dit le deuxième distributeur d'essence.

La présence de BP aux USA est donc aussi essentielle pour l'approvisionnement énergétique américain que pour la santé financière de BP. Le groupe, présent aux Etats-Unis depuis les années 1950, y possède aujourd'hui 40% de ses actifs et y produit 665'000 barils par jour. C'est sa région de production la plus importante après la Russie.

La tâche de Bob Dudley sera d'autant plus importante que BP est le premier producteur en eaux profondes du golfe du Mexique, une activité menacée par le moratoire sur le forage en eaux profondes décidé par l'administration Obama et qui court pour l'instant jusqu'au 30 novembre.

afp/bri

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La plus grosse perte pour une entreprise en Grande-Bretagne

Le groupe pétrolier britannique BP a aussi annoncé mardi une perte ajustée de 16,9 milliards de dollars au deuxième trimestre, soit la plus grosse perte trimestrielle de l'histoire des entreprises britanniques. Des provisions ont dû être constituées pour faire face au coût de la marée noire dans le golfe du Mexique.

BP a en effet mis de côté 32,192 milliards de dollars (43,973 milliards de francs) dans le cadre de cette catastrophe. Ce montant comprend notamment le compte séquestre de 20 milliards de dollars promis aux autorités américaines pour assurer l'ensemble des dédommagements, et les coûts de nettoyage et d'indemnisation encourus à cette date, soit 2,9 milliards de dollars.

La perte, comparée à cette charge, est limitée par un bon résultat du groupe en termes d'exploitation pétrolière au deuxième trimestre, et par un effet fiscal favorable à hauteur de 7,188 milliards de dollars.

"BP reste une entreprise robuste avec de beaux actifs, un personnel excellent et a un rôle vital à jouer pour contenter les besoins de la planète en énergie", a déclaré le président de BP Carl-Henric Svanberg.

En Suisse, le titre de Transocean, propriétaire de la plateforme qui a coulé en avril, a bondi mardi matin au Swiss Market Index (SMI) pour gagner 4,6% à 48,85 francs à 10h52.