"Les Français nous ont informés qu'ils renonçaient à demander l'AOC", a dit Philippe Bardet, directeur de l'Interprofession du Gruyère, confirmant une information du quotidien fribourgeois "La Liberté". Le syndicat interprofessionnel du Gruyère en France a transformé son dossier AOC en dossier IPG, moins contraignant.
Cette nouvelle demande a été déposée auprès de la Commission européenne. Celle-ci estimait que le dossier français n'était pas suffisamment étayé, avaient indiqué en février dernier des sources proches du dossier à Bruxelles.
La Suisse et l'Union européenne (UE) ont annoncé en décembre un projet d'accord sur la reconnaissance mutuelle des appellations d'origine protégées (AOP), des AOC et des IGP. Une vingtaine de produits alimentaires auront la même protection de part et d'autre des frontières. Seul l'Emmental a été exclu de l'accord. En Suisse, l'"Emmentaler" est une AOC alors que dans l'UE, ce nom est considéré comme générique.
Trois ans de négociation
Cantons, entreprises et citoyens suisses ont pu exprimer leurs éventuelles remarques sur une liste de 800 AOP et IGP protégées dans l'UE. Jeudi, l'Office fédéral de l'agriculture (OFAG) informera les organisations AOC-IGP suisses sur les détails de cette consultation, a indiqué Philippe Bardet. Le responsable attend un calendrier clair pour la ratification de cet accord.
Les négociations autour de l'AOC du Gruyère ont débuté il y a trois ans. Réagissant aux démarches des autorités françaises pour que le Gruyère d'outre-Jura soit protégé au niveau européen, la Mission suisse à Bruxelles a déposé en été 2007 une demande d'AOP pour le Gruyère auprès de l'UE. L'AOP est la dénomination européenne de l'AOC.
Les deux gouvernements ayant reconnu l'homonymie de cette dénomination, la Suisse se devait de déposer une démarche parallèle auprès de l'UE, argumentait alors l'OFAG. Selon l'office, ces deux demandes devaient être traitées simultanément, sous réserve d'un accord de reconnaissance mutuelle global. Ce qui est justement le cas aujourd'hui.
ats/dk
Deux fromages pour un même nom
Des fromages similaires au Gruyère original sont fabriqués depuis longtemps dans une région française limitrophe de la Suisse.
Du côté helvétique, l'AOC a été obtenue en 2001, alors que le Gruyère français la possède depuis début 2007.
C'est en 1951 et suite à la Convention de Stresa que cette dénomination commune a été adoptée.
Le cahier des charges pour la production du Gruyère diffère cependant.
Du lait cru est utilisé dans les deux cas, mais le Gruyère suisse, à l'inverse du français, ne possède pas de trous.