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Economie: la Chine bientôt devant le Japon

La croissance chinoise a repris grâce à l'investissement du gouvernement, mais le chômage reste fort.
La Chine est déjà passée devant le Japon en terme de PIB nominal au 2e trimestre.
Le Japon est resté la deuxième puissance économique du monde devant la Chine au premier semestre 2010 en termes de produit intérieur brut (PIB) nominal, selon les chiffres annoncés lundi par Tokyo. Mais la Chine devrait lui ravir sa place à la fin de l'année, une croissance qui pose certains défis à l'Empire du Milieu.

D'après les calculs officiels, le PIB nominal du Japon pour le premier semestre s'est établi à 2578,1 milliards de dollars, contre 2532,5 milliards de dollars pour celui de la Chine durant la même période.

En revanche, le gouvernement japonais a reconnu que le PIB nominal de la Chine avait été supérieur à celui du Japon durant le seul deuxième trimestre (avril à juin). Le PIB nominal chinois pour ces trois derniers mois s'est établi à 1336,9 milliards de dollars, tandis que celui du Japon était de seulement 1288,3 milliards de dollars, selon les conversions officielles.

La Chine no2 en 2011

Le gouvernement japonais a donné ces indications en annonçant que le produit intérieur brut (PIB) du Japon, exprimé en termes réels, avait progressé de 0,1% au deuxième trimestre par rapport à celui du premier, soit une augmentation de 0,4% en rythme annualisé. Ces chiffres, qui montrent un net ralentissement de la croissance japonaise, comparée à celle observée les deux trimestres précédents, sont nettement en-deçà des prévisions.

La croissance de la Chine ne va pas sans poser certains défis, sociaux et environnementaux notamment.
La croissance de la Chine ne va pas sans poser certains défis, sociaux et environnementaux notamment.

Le Japon s'attend à ce que la Chine lui ravisse la place de deuxième puissance économique du monde cette année ou la prochaine, compte tenu de la dynamique de son voisin. La Chine est en phase de développement accéléré alors que le Japon est devenu une des nations les plus avancées il y a plusieurs décennies, après un bond dans les années 1960-1970.

Tous les économistes s'accordent à dire que la Chine est déjà un géant économique du calibre du Japon d'un point de vue purement statistique, compte tenu notamment de son poids démographique dix fois supérieur. Ils notent cependant que le Japon conserve une avance en termes plus concrets de conditions et niveau de vie moyens, de déploiement des infrastructures, d'éducation généralisée, de prestations sociales et autres critères tangibles.

Le Japon délocalise

Reste que, confronté au vieillissement et à la diminution de sa population, ainsi qu'à un élargissement des inégalités sociales après 20 ans d'instabilité économique, le Japon s'interroge sur les moyens à mettre en oeuvre pour que son activité économique reste vive, malgré la baisse du nombre d'actifs. L'équation est d'autant plus difficile que le pays est surendetté et qu'il risque de voir son tissu industriel d'effilocher.

De plus en plus tributaires de la demande extérieure, les entreprises japonaises implantent en effet davantage de sites à l'étranger, au détriment de l'économie intérieure. Ce faisant, elles espèrent réduire leurs frais et capter une nouvelle clientèle, notamment dans les pays émergents comme la Chine, tout en minimisant les risques liés aux variations brutales des cours des monnaies.

afp/ats/sbo

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Une croissance forte, mais à quel prix?

La Chine est sur le point de détrôner le Japon, une étape qui illustre son ascension mais aussi la nécessité de réorienter sa croissance pour devenir moins dépendante des exportations. L'événement attendu fait suite aux récentes conquêtes par le pays le plus peuplé de la planète des places de premier exportateur, de premier marché automobile et de premier sidérurgiste mondial.

"La Chine est à la croisée des chemins", souligne Patrick Chovanec, professeur à l'Ecole d'économie et de gestion de l'Université de Tsinghua à Pékin. "Elle se retrouve face à la même problématique que le Japon dans les années 1980: s'adapter ou persister sur la voie d'une économie tirée par les exportations", selon l'universitaire.

Les responsables politiques chinois doivent aussi rompre avec une mentalité privilégiant la croissance à n'importe quel prix, qui est, selon Arthur Kroeber, directeur du cabinet de consultants Dragonomics à Pékin, "encore très présente au sein de la bureaucratie".

Depuis le lancement de la politique de réforme et d'ouverture il y a trois décennies par Deng Xiaoping, la Chine a successivement doublé la Grande-Bretagne, la France puis l'Allemagne, et procuré aux pays en développement un poids plus important à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international.

Mais cette croissance exceptionnelle a aussi eu pour corollaire le creusement des inégalités entre une classe moyenne urbaine possédant désormais appartements et automobiles et des centaines de millions de pauvres, dont certains vivent avec moins de 50 cents par jour.

Au sujet du dépassement du Japon par son pays, Yi Gang a ajouté qu'il n'était désormais plus nécessaire que l'économie chinoise atteigne une croissance de 8% par an pour créer suffisamment d'emplois et éviter les troubles sociaux, relève Arthur Kroeber.

Enfin, la place de numéro deux confère à la Chine davantage de responsabilités. "Une petite économie peut afficher des excédents parce qu'elle le fait à petite échelle", souligne Patrick Chovanec. "Mais quand vous êtes la deuxième économie du monde, ces déséquilibres commencent à peser lourd dans l'économie mondiale et ne peuvent plus être absorbés année après année", estime-t-il.

Les dirigeants chinois ont toutefois du mal à prendre des décisions potentiellement douloureuses, comme de laisser le yuan s'apprécier par rapport au dollar. "La Chine a tellement bien réussi qu'elle pourrait ne pas s'apercevoir de la nécessité de changer", poursuit Patrick Chovanec.