Depuis sa cellule en Pennsylvannie où il purge une peine de 40 mois, Bradley Birkenfeld, l’ancien cadre de la banque suisse, s’en prend une nouvelle fois à Martin Liechti, le responsable de l'unité américaine de l'UBS reconnue coupable d'avoir activement encouragé des clients américains à tromper le fisc.
Dans cette interview à World Radio Switzerland (WRS) diffusée vendredi matin, Bradley Birkenfeld déplore une nouvelle fois qu’il ait été le seul à être emprisonné, alors même que c’est lui qui a révélé le scandale en 2007.
Liechti en savait trop
Selon Bradley Birkenfeld, la liste des personnes qui devraient être poursuivies en justice est longue. Mais elles ne l’ont pas été car "ça aurait été trop embarrassant". En tête de liste, Martin Liechti, le "principal responsable du plus grand scandale fiscal de l’histoire américaine", a été autorisé à quitter les Etats-Unis pour la Suisse en août 2008, trois mois après avoir été arrêté.
Si Liechti a été relâché, explique Birkenfeld, c’est parce qu’il en savait trop sur des personnalités importantes aux Etats-Unis. Ses révélations auraient mis en danger la sécurité nationale.
Pour éviter ce scénario, les Etats-Unis ont signé un accord par lequel l’UBS s’engage à verser une amende de 780 millions de dollars, et le gouvernement suisse à livrer les noms de 4700 clients ayant fraudé le fisc américain.
Un bouc émissaire
Entre-temps, Birkenfeld lui-même a été arrêté et accusé d’avoir aidé un milliardaire russo-américain, Igor Olenicoff, à cacher 200 millions de dollars dans des placements offshore. Il estime être le bouc émissaire d’un scandale qui aurait pu éclabousser les plus hautes sphères de l’Etat.
Selon lui, les banquiers de l’UBS auraient géré secrètement 20 milliards de dollars provenant de 19'000 comptes aux Etats-Unis, générant quelque 200 millions de profits par an pour la banque.
"Pourquoi est-ce que 19'000 criminels internationaux ont été amnistiés? - Ah oui ! C’est parce que le dénonciateur est en prison!", ironise encore Bradley Birkenfeld dans l'entretien.
Sébastien Bourquin
Quarante mois de prison
Bradley Birkenfeld purge une peine de 40 mois de détention depuis le 8 janvier dernier à la prison fédérale de Minersville, en Pennsylvanie.
Recruté par UBS en 2001, il démissionne en 2005, déçu de l'inertie de la banque face à ses préoccupations sur la légalité des opérations relatives à des comptes de citoyens américains.
Après 2005, il alerte le gouvernement américain. En 2009, il est condamné pour ne pas avoir assez coopéré dans l'enquête sur un client américain de l'UBS, Igor Olenicoff.
Le 15 avril 2010, jour du paiement des impôts aux Etats-Unis, il demande au président Obama de l'amnistier. «Le président Obama, qui est aussi un juriste intelligent, devrait certainement comprendre le fondement de ma demande», déclare Bradley Birkenfeld.