Le projet de budget de l'Etat de Neuchâtel pour 2011 prévoit un déficit de 19,1 millions de francs. Le gouvernement a présenté lundi le programme d'exercice financier en se montrant partagé entre les sujets d'inquiétude et de satisfaction. Le déficit prévu représente 1% du total des dépenses s'élevant à 1949 millions de francs, en progression de 3,3% par rapport au budget 2010. L'entrée en vigueur de la révision de la LAMal en 2011 va entraîner des dépenses supplémentaires de 16,2 millions de francs par rapport au budget de l'année précédente.
Conséquences de l'assurance chômage
Le budget 2011 inclut aussi les conséquences négatives pour le canton de la votation fédérale de dimanche sur l'assurance-chômage, a indiqué le Conseil d'Etat, lors d'une conférence de presse. La part des dépenses consacrées à l'aide sociale a été augmentée ainsi de 4,6 millions de francs et portée au total à 10,2 millions. S'agissant des recettes, le Conseil d'Etat prévoit d'encaisser 137 millions de francs au titre de l'impôt sur les sociétés (+71,2%). La forte progression du revenu tient pour une bonne part à la réforme de la fiscalité des entreprises, mais aussi à l'amélioration conjoncturelle observée dans l'industrie.
Les investissements nets portés au budget 2011 s'élèvent à 84 millions, pour un degré d'autofinancement de 70,2%. Même si elles progressent de 29,2% sur un an, les prévisions d'investissement ne suffisent toujours pas à assurer l'entretien des infrastructures, a relevé Claude Nicati, président du gouvernement.
"Microcity nous coûte cher"
Le budget des investissements inclut un montant de 21 millions destiné à la construction du bâtiment Microcity, où sera logée l'antenne de l'EPFL à Neuchâtel. Le financement des travaux sera assuré aussi grâce à 25 millions prélevés sur le capital de dotation de la Banque cantonale, entièrement aux mains de l'Etat. "Microcity nous coûte cher", a indiqué à ce sujet Claude Nicati. Le conseiller d'Etat a souligné cependant la portée vitale de cet investissement, dans la mesure où l'implantation de l'EPFL stimule l'arrivée de nouvelles entreprises, comme il est déjà possible de le constater.
De son côté, le directeur des finances cantonales Jean Studer a relevé les motifs d'inquiétude suscités par l'élaboration du budget. Il a cité le maintien de la dette à un niveau élevé, la croissance importante des charges, ainsi que la mise à contribution de la banque cantonale pour équilibrer le ménage cantonal.
Comme sujet de satisfaction, le grand argentier a mentionné le retour à la croissance salariale pour les employés de l'administration, même si elle demeure partielle. En outre, le Conseil d'Etat n'a pas eu à recourir à des coupes linéaires pour modérer le montant des charges, mais a pu cibler ses décisions. Le gain de précision dans la modulation des postes budgétaires traduit une meilleure maîtrise des finances publiques, a indiqué le gouvernement.
Il a rappelé son objectif de réduction progressive des déficits structurels du ménage cantonal - enfin reconnus et identifiés - en sorte d'aboutir à l'équilibre des finances en 2016.
Fribourg en bon élève
De son côté, Fribourg tire une fois de plus son épingle du jeu. Le budget 2011 du canton présente un léger bénéfice de 760'000 francs. Les revenus prévus s'élèvent à 3,3 milliards de francs. Le projet de budget affiche une hausse des subventions cantonales et du volume des investissements ainsi qu'une nouvelle baisse d'impôts.
"C'est un budget ambitieux et offensif", a dit lundi devant la presse le directeur des finances publiques Claude Lässer. Il intègre plusieurs nouveautés, dont les charges résultant de la péréquation financière intercommunale et de la 2e année d'école enfantine.
Mais vu la croissance "très élevée des charges" (+7%) et l'évolution accélérée des besoins de subventions, il est certain que l'équilibre budgétaire futur ne sera possible que si l'Etat peut s'appuyer sur une progression vigoureuse des revenus, a-t-il mis en garde. Pour mémoire, l'équilibre budgétaire est à Fribourg une obligation constitutionnelle.
ats/bkel
Genève prévoit de compenser son déficit
Le canton de Genève a également présenté il y a deux semaines son projet de budget 2011, lequel prévoit un déficit d'un peu moins de 220 millions de francs. Ce déséquilibre, s'il se confirme, sera couvert par la réserve conjoncturelle que le canton a pu se constituer durant ses années financières fastes.
Le projet 2011 anticipe des charges de fonctionnement de 7,791 milliards de francs, en hausse de 2% par rapport au budget 2010. Il prévoit notamment la création de 410 nouveaux postes dont bénéficieront plus particulièrement la formation, la justice, la police et le milieu pénitentiaire.
Au niveau des investissements, le canton affiche la ferme volonté de "poursuivre ses efforts", a souligné le président du Conseil d'Etat genevois François Longchamp. Les investissements nets prévus se montent à 777 millions de francs. Les transports, la formation et la santé s'arrogeront les plus grosses parts du gâteau.
La dette du canton de Genève devrait encore diminuer cette année, avant de légèrement progresser ensuite, pour atteindre 10,8 milliards de francs à la fin de 2011. Les intérêts passifs de la dette devraient néanmoins baisser l'an prochain, l'Etat profitant des taux d'intérêt peu élevés de ces derniers temps.
La dette de Neuchâtel s’aggrave
Le budget 2011 aggrave la dette du canton de Neuchâtel de 34 millions de francs à 1,3 milliard.
Le Conseil d'Etat a reconnu qu'une hausse des taux d'intérêt pourrait compromettre l'effort de redressement financier, alors que le montant affecté au service de la dette représente 38,6 millions dans le budget 2011.