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Une détérioration financière constatée en Espagne

L'agence de notation Moody's Investors Service a retiré sa note maximale "Aaa" à l'Espagne, en raison de la "détérioration considérable de la solidité financière du gouvernement" du pays. La situation de l'Irlande, où le déficit public va exploser, et du Portugal, qui a annoncé des mesures d'austérité, n'est pas meilleure

La note de l'Espagne, qui était sous examen pour un possible abaissement depuis le 30 juin, a été abaissée d'un cran, à "Aa1", a indiqué Moody's un communiqué. Elle est assortie d'une perspective stable, qui implique que l'agence de notation n'envisage pas de procéder à un nouvel abaissement à court ou moyen terme.

Cette annonce intervient alors que l'Espagne a vécu mercredi sa première grève générale depuis 2002, à l'appel des principaux syndicats du pays, afin de protester contre les mesures d'austérité engagées par le gouvernement du socialiste José Luis Rodriguez Zapatero pour réduire le déficit budgétaire.

Un processus de rééquilibrage

Dans son texte, Moody's met en avant "les faibles perspectives de croissance du pays", par rapport à ceux des autres pays notés "Aaa". "La processus de rééquilibrage de l'économie", qui doit la rendre moins dépendante du secteur de la construction, "devrait prendre plusieurs années", note-t-elle. L'agence s'inquiète aussi de la dépendance accrue du pays envers les marchés, alors que ceux-ci pourraient connaître de nouvelles phases d'instabilité.

La note "Aa1" est la deuxième meilleure possible dans une classification qui comprend 21 catégories. Elle est appliquée à des emprunteurs très solides présentant que de très faibles possibilité de non-remboursement. Moody's n'exclut pas de revoir à la baisse la perspective d'évolution de la dette espagnole. Cela pourrait intervenir si si le gouvernement du pays se montrait moins déterminé à mener à bien sa réforme des retraites et la réduction du déficit budgétaire.

Autres dangers soulignés par Moody's: l'Etat central pourrait ne pas parvenir à contrôler les dépenses des régions, le marché de la dette se dégraderait et la croissance du pays s'établirait au-dessous du niveau (déjà faible) anticipé par l'agence.

Madrid épinglée par la Commission européenne

La Commission européenne a par ailleurs décidé jeudi de traduire l'Espagne devant la Cour de justice de l'UE (CEJ) pour n'avoir toujours pas récupéré des aides octroyées au fabricant d'appareils électroménagers Magefesa, huit ans après qu'elles ont été déclarées illégales.

En 2002, la CEJ avait confirmé une décision prise par la Commission, qui avait jugé dès 1989 incompatibles avec les règles de la concurrence des aides (garanties de prêts, subventions,...) accordées à quatre filiales de Magefesa par le gouvernement espagnol. L'Espagne aurait dès lors dû récupérer ces aides auprès des entreprises qui en avaient bénéficié.

En 2009, la Commission avait incité Madrid à récupérer ces aides en lui envoyant une lettre de mise en demeure. En l'absence de résultat, Bruxelles franchit une étape supplémentaire en saisissant à nouveau la CEJ, cette fois en lui demandant d'imposer une astreinte journalière de 131'136 euros à l'Espagne à compter du jour où elle prendra sa décision et jusqu'à la fin de l'infraction.

L'exécutif européen réclame également que la CEJ impose le paiement forfaitaire de 14'343 euros par jour écoulé depuis l'arrêt rendu par la Cour en 2002 et jusqu'à la date de son prochain arrêt. "Ces paiements visent à encourager une récupération rapide des aides illégales auprès des filiales de Magefesa", indique le communiqué.

Le déficit irlandais va augmenter

Dans le même temps, le ministre irlandais des Finances Brian Lenihan a annoncé jeudi que le déficit public de l'Irlande grimperait à 32% du produit intérieur brut cette année, à cause du sauvetage de l'Anglo Irish Bank, mais a maintenu son engagement de le ramener sous 3% du PIB en 2014, comme elle l'avait promis à la Commission européenne.

A Dublin, un homme n'a pas hésité à sortir les grands moyens pour faire part de son mécontentement. [AFP - STRINGER]
A Dublin, un homme n'a pas hésité à sortir les grands moyens pour faire part de son mécontentement. [AFP - STRINGER]

"Il va y avoir un bond très important du déficit public en 2010 en raison du soutien que nous apportons au système bancaire, et qui totalisera près de 20% du PIB", a expliqué le ministre dans un communiqué, précisant que cela porterait le déficit public "autour de 32% du PIB" cette année, au lieu des 11,6% prévus en décembre dernier.

Pas d'emprunt supplémentaire

Cependant, il a souligné que l'Etat n'aurait pas besoin d'emprunter des fonds supplémentaires pour combler ce déficit exorbitant, car il dispose de réserves de liquidités suffisantes. Il a cependant ajouté que le gouvernement devrait réaliser des économies supplémentaires l'an prochain, au-delà des 3 milliards d'euros minimum sur lesquels il tablait déjà.

Les autorités irlandaises ont revu jeudi fortement à la hausse le coût total du sauvetage de la banque en difficulté Anglo Irish Bank, devenue un gouffre financier pour l'Etat, le portant à 29,3 milliards d'euros en principe et 34,3 milliards dans la pire des hypothèses.

agences/boi

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Le Portugal aussi sous pression

Un autre pays n'est pas au mieux financièrement: le Portugal.

Soumis à une pression croissante des marchés financiers mais aussi de Bruxelles, le gouvernement portugais a présenté mercredi soir un paquet de mesures d'austérité "dures et exigeantes" pour 2011, prévoyant pour la première fois une baisse des salaires mais également une nouvelle hausse d'impôts.

Dans une déclaration solennelle prononcée à l'issue d'un conseil de ministres, le Premier ministre socialiste José Socrates a annoncé les grandes lignes de son budget pour 2011 qui prévoit notamment une baisse de 5% de la masse salariale de la fonction publique ainsi qu'une hausse de deux points de la TVA à 23%.

Parmi les autres mesures prévues par le gouvernement, figurent notamment le plafonnement de certaines déductions fiscales, la création d'un nouvel impôt sur le secteur financier, une diminution du revenu minimum d'insertion, la suppression des allocations familiales pour les revenus les plus élevés ainsi que le gel des pensions pour les retraités.

Baisse du chômage en Allemagne

Une seule bonne nouvelle émerge de cette morosité financière: l'Allemagne a annoncé que son taux de chômage brut a nettement reculé au mois de septembre, passant à 7,2% contre 7,6% en août.

Le nombre de chômeurs a baissé deux fois plus vite que prévu en données corrigées des variations saisonnières, selon des chiffres publiés jeudi.

La première économie européenne comptait 3,031 millions de chômeurs en septembre, 157'000 de moins qu'en août en chiffres bruts, et 40.000 de moins en chiffres corrigés des variations saisonnières.