L'ancien trader a été reconnu coupable d'abus de confiance, d'introduction frauduleuse de données, de faux et usage de faux.
Il a été reproché au jeune homme de 33 ans d'avoir pris des positions hors des limites autorisées par la banque, jusqu'à 50 milliards d'euros en janvier 2008, en les masquant par des positions fictives ou en produisant des faux pour les justifier.
Manque de preuves contre la Société Générale
Lors du procès en juin, l'ancien trader avait affirmé, en substance, que la banque était parfaitement informée de ses placements à risques et qu'elle l'avait laissé faire tant qu'il lui faisait gagner de l'argent.
Il refusait d'ailleurs d'endosser la responsabilité des 4,9 milliards de pertes, affirmant que ses positions avaient été soldées ("débouclées") dans les pires conditions, en janvier 2008.Jérôme Kerviel n'a jamais expliqué pourquoi il avait pris de telles positions, préférant offrir de lui une image lisse, voire terne. L'enquête a montré qu'il ne s'est pas enrichi.
"Les éléments indiqués par la défense ne permettent pas de déduire que la Société Générale ait eu connaissance des activités frauduleuses de Jérôme Kerviel (...)", a déclaré le président du tribunal correctionnel, Dominique Pauthe, qui poursuivait la lecture du jugement mardi matin.
Trop sophistiqué pour la banque
Les avocats de la Société Générale, outrés que la défense ait cherché à faire "le procès de la banque", avaient taillé en pièces ses arguments, même s'ils n'avaient pu contester les défaillances avérées des contrôles. Le jugement prononcé mardi "est une espèce de réparation morale", a réagi Me Jean Veil, un des avocats de la Société Générale.
"Dans cette affaire, il a été très clairement démontré que le comportement de Jérôme Kerviel, ses mensonges, étaient si sophistiqués que la banque ne pouvait pas se douter de ce qu'il était en train de faire", a-t-il soutenu. Il a jugé la banque "totalement disculpée des fautes volontaires" qui lui avaient été imputées par la défense du trader.
17'000 ans de factures
L'ancien trader encourait un maximum de cinq ans d'emprisonnement et 375.000 euros d'amende. Il a déjà fait 38 jours de détention provisoire, du 8 février au 18 mars 2008.
Au début de son procès, Jérôme Kerviel, s'était présenté comme "consultant informatique", au salaire mensuel de 2'300 euros. S'il consacrait tout son salaire au paiement de 4,9 milliards d'euros, cela lui prendrait 17'000 ans.
agences/jeh
Kerviel fait appel
Dès la lecture du verdict, l'avocat du trader, Me Olivier Metzner, a annoncé qu'il allait faire appel de la condamnation de son client à cinq ans de prison, dont trois ans ferme par le tribunal correctionnel de Paris.
Me Metzner a dénoncé devant la presse "une peine invraisemblable pour quelqu'un qui n'a pas touché un centime".
"La prison n'est pas justifiée pour un homme qui n'a pas bénéficié d'un euro", a-t-il ajouté, expliquant que l'ancien trader avait réagi avec "incompréhension" à cette condamnation.