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Regain de tensions autour des monnaies

Le Premier ministre japonais s'est déclaré très préoccupé par l'envolée du yen par rapport au dollar.
Le Premier ministre japonais s'est déclaré très préoccupé par l'envolée du yen par rapport au dollar.
Les craintes d'"une guerre des monnaies" à l'échelon mondial sont montées d'un cran vendredi, Tokyo se déclarant "très inquiet" de la vigueur du yen, tandis que Pékin demandait aux Etats-Unis de ne pas faire du yuan "le bouc émissaire" de ses difficultés économiques. De son côté, le FMI dénonce la tentation du protectionnisme.

A une semaine de la réunion des ministres des Finances du G20 à Gyeongju (Corée du Sud), et avant le sommet du G20 les 11 et 12 novembre à Séoul, l'inquiétude grandit sur les conséquences de cette "guerre des monnaies", où chaque pays ferait tout pour diminuer la valeur de sa devise afin de dynamiser son économie, au détriment des autres.

Vendredi, le Premier ministre japonais Naoto Kan s'est dit "très inquiet" de la vigueur du yen, au plus haut niveau depuis 15 ans face au dollar, une montée qui handicape les exportations nippones.

La Chine se rebiffe

Pékin a pour sa part prévenu que le taux de change du yuan ne devait pas être le "bouc émissaire des problèmes intérieurs américains", avant la publication d'un rapport du Trésor américain qui pourrait accuser Pékin de manipuler sa monnaie.

Le mois dernier, le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner a accusé Pékin d'intervenir "très massivement, afin de limiter les pressions à la hausse des forces du marché sur sa monnaie". Il a dit ensuite avoir confiance dans la volonté des Chinois de laisser le yuan se réévaluer progressivement.

Vendredi, le cours de la monnaie chinoise a été fixé à son niveau le plus élevé depuis juin par la banque centrale, à 6,6497 yuans pour un dollar. Mais la Chine a exclu toute appréciation brutale de sa monnaie.

La pression américaine sur Pékin n'est cependant pas prête de retomber, le déficit commercial des Etats-Unis avec la Chine atteignant en août le montant record de 28 milliards de dollars, sur 46,3 milliards de déficit total.

Flux de capitaux vers l'Asie

Les économies des pays émergents, dont beaucoup sont en Asie, reçoivent des arrivées massives de capitaux, en quête de rendements élevés, qu'ils ne peuvent trouver en Europe ou aux Etats-Unis où la croissance reste molle. Ces flux de capitaux poussent les devises vers le haut.

afp/os

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Etats-Unis: le rapport sur le yuan reporté

Le département américain du Trésor a annoncé vendredi avoir décidé de reporter la publication de son rapport sur les taux de changes à la mi-novembre au plus tôt. Ce document pourrait accuser Pékin de manipulation des cours de sa monnaie.

"Les chefs d'Etat et de gouvernement, les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales du G20 et de la région AsiePacifique participeront à d'importantes réunions dans les semaines qui viennent", a indiqué le Trésor dans un communiqué.

"Le Trésor va retarder la publication du rapport sur les politiques économiques et les taux de changes afin de profiter des occasions offertes par ces rencontres importantes", précise le communiqué.

Les dirigeants des pays riches et émergents du G20 doivent se réunir les 11 et 12 novembre à Séoul. Le FMI a par ailleurs annoncé vendredi qu'une réunion internationale de banquiers centraux aurait lieu lundi à Shanghaï dans le cadre des efforts destinés à assurer la stabilité du système financer mondial.

L’OMC met en garde contre le protectionnisme

Pascal Lamy, directeur de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), estime que la montée des tensions sur le marché des changes peut aboutir à la mise en oeuvre de mesures protectionnistes par les Etats.

Dans un entretien publié vendredi par le quotidien britannique "Guardian", il ajoute que la suite logique de la manipulation des taux de change est l'édification de barrières commerciales, à l'image de ce qui s'était fait dans les années 1930.

"Cela fait deux ans que nous vivons avec cela", déclare Pascal Lamy. "La question est de savoir si la tendance actuelle à l'anti-protectionnisme est stable ou peut être battue en brèche par ce qui se passe sur le marché des changes", ajoute-t-il.

Pascal Lamy ajoute qu'une guerre des monnaies et le retour au protectionnisme sont les deux seuls problèmes que l'économie mondiale n'avait pas encore rencontrés en trois années de crise