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GB: un demi-million de fonctionnaires en moins

L'annonce de George Osborne est considérée comme la plus difficile du nouveau gouvernement britannique.
L'annonce de George Osborne est considérée comme la plus difficile du nouveau gouvernement britannique.
Le gouvernement britannique a livré mercredi ses arbitrages sur un plan d'austérité sans précédent, qui entraînera près de 500.000 suppressions d'emplois publics et des coupes drastiques dans les dépenses sociales, dans l'espoir de venir à bout d'un déficit record.

Le ministre des Finances conservateur George Osborne a révélé devant la Chambre des Communes les secteurs où allaient tomber "les coups de hache" budgétaires, selon l'expression de la presse britannique.

Ce plan d'austérité est indispensable pour "éviter la faillite" du pays et "l'éloigner du précipice", a assuré d'emblée George Osborne, après des semaines de tractations au sein de la coalition conservatrice/libérale démocrate arrivée au pouvoir en mai, après 13 années de règne travailliste.

Combler un déficit colossal

George Osborne a rappelé que son plan -considéré comme le plus sévère des grands pays de l'Union européenne- visait à trouver 83 milliards de livres (95 milliards d'euros) d'économies en moins de cinq ans. Combiné à 30 milliards de livres (34 milliards d'euros) de hausses d'impôts, il vise à faire tomber le déficit public de 10,1% du Produit intérieur brut cette année à 1,1% en 2015.

La mesure la plus spectaculaire est la suppression de 490.000 emplois de fonctionnaires -sur environ six millions- en moins de cinq ans, pour la plupart par des départs naturels à la retraite.

George Osborne a insisté sur la volonté du gouvernement "de supprimer le gaspillage et de réformer l'Etat providence", annonçant des milliards de livres de coupes dans les budgets sociaux: allocations chômage, allocations logement ou aides aux handicapés seront sérieusement réduites.

L'augmentation à 66 ans de l'âge du départ à la retraite, dont le principe était déjà arrêté, sera mis en oeuvre dès 2020, plus tôt que prévu.

La santé épargnée, pas la royauté

Pour bien montrer que tout le monde sera mis en contribution, le budget de la Maison royale diminuera de 14% et celui de la BBC de 16% (voire encadrés). Parmi les ministères les plus touchés figurent la Justice, l'Intérieur, l'Environnement et la Culture.

En revanche, le service national de santé, qui vient à peine d'être redressé, et l'aide extérieure au développement, ont été épargnés, conformément aux promesses électorale du Premier ministre David Cameron.

"Si nous ne nous occupons pas maintenant de ce déficit record, encore plus d'emplois seront menacés", a plaidé George Osborne devant les députés, en qualifiant son plan de "sévère mais juste".

Le gouvernement compte sur le secteur privé pour recréer les emplois perdus, et les milieux d'affaires lui ont apporté leur soutien en estimant la cure d'autérité indispensable pour sortir le pays de l'ornière, après la crise financière qui l'a frappé de plein fouet.

David Cameron peut aussi se prévaloir du soutien appuyé du Fonds monétaire international, qui a jugé ses engagements budgétaires "forts et crédibles".

L'opposition monte au front

Les travaillistes ont immédiatement dénoncé quant à eux une politique "injuste" qui frappera les plus faibles et un "masochisme économique" qui pourrait mettre le pays à genoux.

Reprenant l'opinion de certains experts, le leader de l'opposition Ed Milliband a accusé le gouvernement de prendre le risque de "faire replonger le pays dans la récession" au moment où la reprise donne de sérieux signes de faiblesse.

afp/jeh

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La BBC laisse des plumes

Le budget annuel de la chaîne publique BBC va être amputé de "l'équivalent de 16%" sur six ans.

La BBC se voit privée de 340 millions de livres (516 millions de francs) par an sur cette période.

Elle va aussi devoir financer le World Service radiophonique en plus de 30 langues, jusqu'à présent assumé par le ministère des Affaires étrangères, ainsi que BBC Monitor - un service d'écoute des médias du monde entier - et une partie de la télévision en gallois S4C.

La redevance télévisuelle, véritable manne de 4,9 milliards de francs, "sera gelée dans les six années à venir" à 145,5 livres (221 francs) par foyer, a annoncé George Osborne.

Les syndicats ont réagi en accusant la direction de la BBC de ne pas avoir défendu leur maison et en affirmant que ces coupes allaient se traduire par des suppressions d'emplois.

La chaîne S4C a par ailleurs annoncé mercredi qu'elle allait engager une procédure judiciaire contre le projet gouvernemental.

Un exemple royal

Le budget de la famille royale n'échappe pas au programme d'austérité draconien qu'a annoncé mercredi le ministre britannique des Finances George Osborne, avec une réduction de 14% en 2012/13.

Le budget du "Royal Household" (la maison royale) sera gelé lors de l'année budgétaire 2011-12 mais "chutera de 14% en 2012-13", à environ 30 millions de livres (45,5 millions de francs), a indiqué le chancelier de l'Echiquier.

Le budget royal, alloué par le Parlement, sert au paiement du personnel et à l'entretien des palais occupés par la famille royale, notamment Buckingham à Londres et le château de Windsor, à l'ouest de la capitale.

Par ailleurs, "sa Majesté a gracieusement accepté un gel de sa liste civile", a ajouté George Osborne. La liste civile, accordée par le gouvernement, couvre les dépenses courantes de la reine Elizabeth II et de son époux, le prince Philip.

Cette subvention est gelée depuis 1990, à 7,9 millions de livres (12 millions de francs).

L'absence de valorisation de ces subsides signifie que la valeur de la liste civile a de facto diminué en 20 ans de 76%, du fait de l'inflation.

Au-delà de 2012-13, cette liste civile sera abolie, tout comme le budget du "Royal Household", pour faire place à une nouvelle allocation qui couvrira les dépenses courantes et d'entretien des palais.

Ces subsides seront établis en fonction des recettes générées par les propriétés royales, a précisé le ministre.

Elizabeth II a déjà récemment annulé la réception qu'elle donne tous les deux ans pour son personnel à l'occasion de Noël, estimant nécessaire de "montrer une certaine retenue" en ces temps économiques difficiles.