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Les employés d’UBS sous pression

Les résultats de la grande banque pour les trois premiers trimestres sont bien meilleurs que ceux escomptés.
UBS exerce une pression énorme sur les gestionnaires de fortune, dont certains se disent "fliqués", par leur employeur.
Les collaborateurs d’UBS du secteur gestion de fortune sont sous pression. Selon divers témoignages récoltés par la RSR, depuis le troisième trimestre de l’année dernière, ce sont désormais les revenus qui priment.

Avant le dernier trimestre 2009, UBS était en pleine tempête et sous le feu des projecteurs. L'objectif des troupes était alors de retenir les clients. Il fallait rencontrer la clientèle, la rassurer, lui expliquer que la banque allait changer.

Mais dès le 3ème trimestre de l'année dernière, le vent tourne. UBS change de décor et modifie ses objectifs. Ce sont les revenus qui doivent dès lors primer. "Souvent, on a eu l'impression que le client n'était qu'un numéro. Le conseiller aussi. Cela peut heurter", affirme un ancien gestionnaire de fortune, sous couvert de l’anonymat, qui a travaillé durant quatre ans au sein de la grande banque. "Dès que vous êtes heurté à ça et que vous commencez à manifester», ajoute-t-il,  "vous dérangez."

Mensonge et manipulation

Les pressions sont donc énormes sur les épaules des employés d’UBS. Certains gestionnaires de fortune se disent "fliqués", selon leurs propres termes. Ils subissent notamment des contrôles sur les téléphones qu'ils font à leurs clients, sur l'évolution de leur portefeuille clientèle et sur l'argent qu'ils ramènent. Avec des moyens de pression qui vont, selon un témoin, jusqu'à mettre dans la balance leurs résultats d'un côté, et de l'autre, le risque de faire perdre leur emploi à plusieurs de leurs collègues, s'ils ne vendent pas suffisamment.

Des pressions qui font, aux yeux de certains, passer les ventes avant les conseils. C'est aussi l'avis de cet ancien gestionnaire de fortune, qui dit même avoir assisté à une scène avec "un directeur adjoint qui mentait devant un client, qui manipulait (...) le client". Une dérive qui n’est évidemment pas représentative de tous les cadres supérieurs de la banque.

Le mot "sauvetage" interdit

UBS n'est pas la seule banque à faire pression sur ses troupes. Le monde de la finance est sous haute concurrence. Les grandes banques veulent retrouver leurs parts de marchés, les autres souhaitent garder les clients qui sont arrivés au moment de la crise financière.

Mais UBS a peut-être une spécificité: celle du tabou. Avec cet exemple évoqué par ce même témoin: "durant la crise, il y avait des termes qui étaient bannis. Par exemple, le mot sauvetage. (...). Il ne fallait surtout pas le dire. C'était un deal. C'était un deal que la banque avait passé avec la Confédération et la banque était même très généreuse avec la Confédération."

RSR/Dominique Choffat/fv

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La réaction d'UBS

Sollicité par la RSR pour réagir à ce témoignage, Jean-Raphaël Fontannaz, porte-parole d'UBS pour la Suisse romande, admet qu'il est "clair qu'UBS demande un engagement soutenu de la part de ses employés". Il précise toutefois que "toutes les activités se font en absolue priorité au bénéfice du client".

Après avoir entendu le témoignage, il souligne que mentir à un client fait indiscutablement partie des comportements qui ne sont pas corrects et qui vont à l'encontre du "code éthique extrêmement strict" de la banque. Ce dernier, précise-t-il, "retranscrit les valeurs d'UBS et leur mise en application. Le principe de vérité en fait intégralement partie".

Jean-Raphaël Fontannaz rappelle aussi qu'UBS a mis sur pied une "procédure de whistelblowing qui garantit l'anonymat à la personne qui dénonce un fait incorrect".

Selon lui, cette procédure est clairement connue à l'interne et "il est important d'en faire usage". La banque invite ainsi le témoin à utiliser cette possibilité, afin qu'une enquête interne soit diligentée pour établir les faits. Sur les bases de l'enquête, UBS prendra "les mesures qui s'imposent". /ad