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Le déficit irlandais inquiète toute la zone euro

Le déficit de l'Irlande s'est creusé avec le sauvetage de plusieurs banques du pays. [Peter Muhly]
Le déficit de l'Irlande s'est creusé avec le sauvetage de plusieurs banques du pays. - [Peter Muhly]
Le gouvernement irlandais luttait lundi pour régler les problèmes financiers du pays sans aide extérieure, malgré la pression grandissante de ses partenaires européens qui s'alarment d'une contagion au reste de la zone euro, à commencer par le Portugal et l'Espagne.

L'Irlande a vu les rendements sur sa dette souveraine s'envoler la semaine dernière à des niveaux sans précédent, les investisseurs privés se délestant de leurs obligations irlandaises par crainte que le pays n'arrive pas à juguler son déficit abyssal. Celui-ci est estimé à 32% du Produit intérieur brut (PIB) cette année, creusé surtout par le renflouage des banques du pays.

Les autorités irlandaises tentent depuis plusieurs jours de convaincre qu'elles peuvent s'en sortir seules, une intervention extérieure risquant d'être vécue dans le pays comme une perte intolérable de souveraineté dans un contexte politique déjà très tendu.

Entre fierté et urgence

"La souveraineté de ce pays a été gagnée de haute lutte et le gouvernement n'a pas l'intention de l'abandonner à qui que ce soit", a déclaré ce week-end le ministre des entreprises Batt O'Keeffe. "Nous devons résoudre nos problèmes nous-mêmes", a martelé le ministre irlandais des Affaires européennes, Dick Roche.

"Des contacts se poursuivent à un niveau officiel avec des responsables internationaux à la lumière des conditions actuelles du marché", avait reconnu auparavant un porte-parole du ministère des Finances, en ajoutant aussitôt: "L'Irlande n'a pas fait de demande pour une aide extérieure".

Mais, selon plusieurs médias britanniques, des "discussions d'urgence" ont eu lieu dimanche soir à Bruxelles sur les conditions d'une aide à l'Irlande qui pourrait atteindre quelque 90 milliards d'euros. La situation en Irlande suscite des "tensions" et des inquiétudes pour la stabilité financière "dans l'ensemble de la zone euro", a estimé lundi un porte-parole de la Commission européenne, tout en affirmant à son tour qu'une aide à Dublin n'était pas à l'ordre du jour.

Une aide aux banques?

Le porte-parole du ministère irlandais des Finances a réaffirmé lundi que "l'Irlande est totalement financée" jusqu'à mi-2011. Mais, selon certains analystes, le coût déjà faramineux du sauvetage des banques irlandaises (environ 50 milliards d'euros) pourrait être encore revu à la hausse et obliger Dublin à emprunter plus tôt que prévu.

Le quotidien Irish Independent avançait d'ailleurs que l'Irlande pourrait demander à ce que les banques bénéficient du fonds de sauvetage européen, permettant au gouvernement de régler ses difficultés sans passer sous la tutelle budgétaire de Bruxelles.

Le regain de tension sur l'Irlande intervient dans un contexte politique périlleux, le gouvernement devant présenter le 7 décembre au Parlement un budget de rigueur, dans le cadre d'un plan quadriennal d'austérité. Le gouvernement de centre-droit, impopulaire, ne dispose que d'une majorité de trois voix, qui pourrait encore fondre après une élection partielle le 25 novembre.

afp/sbo

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Inquiétude à Lisbonne

Les pays de la zone euro s'inquiètent d'une "contagion" de la situation irlandaise à des pays comme le Portugal ou l'Espagne, dont les taux d'emprunt à long terme ont également flambé.

Le ministre portugais des Finances, Fernando Teixeira dos Santos, a d'ailleurs lancé un appel indirect au gouvernement irlandais pour qu'il accepte une aide extérieure afin de calmer les marchés.

Il a espéré que Dublin prendra la décision "la plus appropriée à la fois pour l'Irlande et pour l'euro", dans une déclaration à l'agence Dow Jones Newswires.

Les taux irlandais et portugais étaient élevés mais stables lundi, profitant toujours d'une déclaration conjointe rassurante de cinq ministres des Finances européens vendredi dans le cadre du G20.