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La zone euro et le FMI au chevet de l'Irlande

Jean-Claude Juncker et Vitor Constancio [Georges Gobet]
Jean-Claude Juncker et Vitor Constancio, de la Banque centrale européenne, juste avant la réunion des ministres des Finances de la zone euro. - [Georges Gobet]
La zone euro s'est dit prête mardi soir à voler au secours si nécessaire du secteur bancaire irlandais avec le FMI. Le but des ministres des Finances réunis à Bruxelles: défendre la stabilité de l'Union monétaire, à nouveau menacée par des turbulences sur les marchés six mois après la crise en Grèce.

Des discussions entre les autorités irlandaises, la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international (FMI) vont être "intensifiées" en vue de mettre sur pied de manière préventive un programme d'aide aux banques du pays, a annoncé le commissaire aux affaires économiques et monétaires, Olli Rehn.

Les discussions devront être achevées "rapidement"

"Ces préparatifs peuvent être considérés comme l'intensification d'un programme potentiel concentré sur la restructuration du secteur bancaire, au cas où un programme serait nécessaire", a-t-il dit. Les discussions devront être achevées "rapidement" et Dublin doit décider "dans les prochains jours" s'il fait appel ou non à l'aide, a précisé le chef de file des ministres des Finances de la zone euro Jean-Claude Juncker, lors d'une conférence de presse à l'issue d'une réunion de l'Eurogroupe à Bruxelles, tenue dans une atmosphère de crise.

Le FMI a confirmé de son côté qu'il participerait "à une consultation brève et à l'ordre du jour très précis" afin "de déterminer le meilleur moyen de fournir, si nécessaire, un soutien permettant de contenir les risques sur les marchés".

Les banques irlandaises sont plombées par l'éclatement d'une bulle immobilière et menacent d'entraîner dans leur chute l'économie toute entière car l'Etat irlandais a dû injecter déjà des milliards pour les sauver. La situation des banques de l'ancien "Tigre celtique" et le déficit public en conséquence abyssal du pays (32% du PIB cette année) ont fait grimper ces derniers temps les taux d'intérêt des emprunts d'Etat de l'Irlande, mais aussi d'autres pays comme le Portugal ou l'Espagne. L'euro, de son côté, se replie sur le marché des changes.

Les USA s'impatientent

Les Etats-Unis, comme au moment de la crise de la dette grecque au printemps, commencent à montrer des signes d'impatience. Le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner a conseillé mardi aux gouvernements de la zone euro d'agir "très, très vite" contre la crise des finances publiques qui menace la stabilité économique de la région.

Le sujet est sensible car alors que la Grèce était demandeuse il y a six mois d'une aide de ses partenaires, Dublin traîne des pieds et tente de résister aux pressions de certains de ses partenaires et de la BCE, inquiets d'un risque de contagion des difficultés irlandaises à toute la zone euro.

Le Premier ministre irlandais Brian Cowen a de nouveau souligné mardi que son pays n'avait "déposé aucune demande en vue d'une aide extérieure" à ce stade. En revanche, Dublin s'est résolu à accepter d'étudier des mesures pour "ramener la stabilité" sur les marchés, a-t-il dit.

Agir de manière "déterminée et coordonnée"

Si un plan en vue de résoudre les problèmes du secteur bancaire est déclenché, l'Irlande pourra compter sur un Fonds de secours mis en place au printemps par la zone euro, suite à la crise grecque, doté de 440 milliards d'euros. En y ajoutant des prêts du FMI et de l'UE le pot total disponible s'élève à 750 milliards d'euros.

Le responsable de ce Fonds de stabilisation, Klaus Regling, a précisé mardi qu'il serait en mesure de mobiliser "des sommes significatives" de prêts si nécessaire et cela "rapidement", dans un délai de 5 à 8 jours.

Plus largement, les ministres des Finances de la zone euro se sont dits prêts à agir de manière "déterminée et coordonnée" si nécessaire pour préserver la stabilité financière de l'Union monétaire toute entière, selon les mots de Jean-Claude Juncker. Le président de l'UE, Herman Van Rompuy, n'a pas hésité à estimer mardi que la zone euro jouait "sa survie" depuis le début de la crise. Un diagnostic contesté toutefois par la Banque de France et Olli Rehn, le commissaire aux affaires économiques et monétaires, qui a appelé à ne pas céder à "l'alarmisme".

ats/afp/hof

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