Les Etats-Unis, où Roche a repris entièrement Genentech l'an passé, paient le plus lourd tribut: 3550 emplois seront affectés sur les 6300 postes touchés au total par ces mesures. Quant à la Suisse, elle sera concernée à hauteur de 770 postes sur un effectif global de quelque 10'800 employés, indique mercredi Roche dans son communiqué, en détaillant les mesures de restructuration annoncées en filigrane début septembre.
Bâle surtout touchée
A Bâle même, où travaillent 8800 personnes en tout, 460 postes seront supprimés dans la division Pharma, mais 110 postes y seront aussi transférés en provenance d'autres sites, soit une perte sèche de 350 emplois. Le groupe entend aussi fermer à terme son site bernois de Berthoud (310 postes), actif dans les systèmes de pompes à insuline.
En revanche, le site de Rotkreuz (ZG), spécialisé dans le diagnostic basé sur les gaz du sang, accueillera 130 postes délocalisés d'Autriche. L'Europe (hors Suisse) perdra 1300 postes. Les 680 emplois restants seront supprimés dans des pays non précisés.
Vente et marketing réduits
Globalement, la division Pharma fait pour l'essentiel les frais de ces économies avec 5400 emplois sacrifiés: sa vente et son marketing sont les premiers visés (2650 emplois en moins), conséquence notamment du revers essuyé par un antidiabétique, mais sa production (1350), son développement (800) et sa recherche (600) ne sont pas non plus épargnés. Quant à la division Diagnostics, est elle aussi concernée avec 640 emplois. Dans les activités administratives et d'encadrement, 260 postes disparaissent.
Baptisé "Operational Excellence", le programme engendrera des coûts estimés à environ 2,7 milliards de francs les deux prochaines années, dont 1,5 milliard auront une incidence sur les liquidités. En contrepartie, le groupe espère économiser 1,8 milliard de francs l'an prochain et 2,4 milliards de francs par an à partir de 2012.
Roche justifie les mesures par la pression croissante sur les coûts dans le secteur de la santé, en particulier aux Etats-Unis et en Europe. De plus, le groupe bâlois rencontre des difficultés croissantes en matière d'homologation et de fixation de prix des nouveaux médicaments, à l'instar des autres laboratoires pharmaceutiques.
En dépit d'un bénéfice au premier semestre 2010 en hausse de 37% à 5,6 milliards de francs, une telle restructuration était inévitable, a estimé son patron, Severin Schwan. "C'est une mesure proactive à partir d'une position de force", a-t-il déclaré. Il est indispensable que Roche reste profitable. Le programme de réduction de coûts doit conférer au groupe la flexibilité nécessaires pour continuer à investir dans l'innovation, a-t-il ajouté.
Après un fort développement
Quant aux rationalisations en Suisse, elles suivent une phase de fort développement: le groupe y a créé 2300 postes ces cinq dernières années, a-t-il fait remarquer. Un avis visiblement peu partagé par les syndicats et les autorités cantonales concernées, qui déplorent vivement les mesures annoncées.
Le groupe a par ailleurs confirmé ses prévisions pour 2010, tablant sur une hausse de ses ventes corrigée des effets de change autour de 5%, tant pour le groupe que la division pharma, et sur une progression à deux chiffres du bénéfice par titre à taux constants. La division Diagnostics devrait croître "plus vite que le marché".
ats/hof
L'action ouvre en hausse
Le titre Roche a ouvert mercredi en hausse à la Bourse suisse, dans le sillage de l'importante restructuration annoncée par le groupe pharmaceutique bâlois.
Le bon de jouissance gagnait 1,40% à 144,50 francs à 09h12, dans un indice SMI en hausse de 0,15%.
Roche a par ailleurs confirmé ses prévisions pour 2010: il prévoit une hausse des ventes corrigée des effets monétaires autour de 5%, tant au niveau du groupe que de la division Pharma.
Quant à la division Diagnostics, sa croissance devrait être "nettement supérieure à celle du marché".
Roche vise en outre une progression à deux chiffres du bénéfice par titre à taux de change constants.