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Entre 80 et 90 milliards d'euros pour sauver l'Irlande

Les taux d'emprunts d'Etat irlandais ont grimpé jusqu'à 9%, menaçant le pays d'insolvabilité et l'Europe d'une contagion.
Le coût du plan de sauvetage de l'Irlande devrait être inférieur à celui qui avait prévalu pour la Grèce.
L'Union européenne a répondu favorablement dimanche soir à une demande d'aide internationale de l'Irlande, qui va devenir le deuxième pays de la zone euro à bénéficier cette année d'un soutien après la Grèce. Le plan financier pourrait osciller entre 80 et 90 milliards d'euros.

L'aide à l'Irlande "est justifiée afin de sauvegarder la stabilité financière de l'UE et de la zone euro", ont déclaré dans un communiqué les ministres des Finances de la zone euro et de toute l'Union européenne, à l'issue d'une réunion convoquée en urgence, alors qu'au même moment Dublin officialisait sa demande de soutien.

Le montant n'a pas été précisé immédiatement. Mais Dublin a déjà indiqué qu'il s'élèverait à plusieurs "dizaines de milliards d'euros". Le volume total du soutien restera à "moins de 100 milliards d'euros", a précisé dimanche le ministre belge des finances, Didier Reynders, dont le pays préside l'UE.

Au printemps, la Grèce avait obtenu un prêt de 110 milliards d'euros sur trois ans, étant alors dans l'impossibilité d'emprunter à des taux d'intérêt abordables pour refinancer sa dette.

Eviter la contagion

L'objectif est cette fois principalement d'aider les banques irlandaises en crise, que Dublin a déjà dû renflouer à hauteur de 50 milliards d'euros, faisant du coup grimper son déficit public à des sommets: 32% du Produit intérieur brut attendu cette année.

Il s'agit aussi d'éviter une contagion à d'autres pays aux finances publiques fragiles de l'Union monétaire, comme le Portugal ou l'Espagne, via la hausse des taux d'emprunts obligataires. D'où le message de l'Union européenne dimanche soir, destiné à rassurer les marchés avant leur ouverture lundi matin.

Signe de la dimension internationale prise par la crise irlandaise, des consultations ont aussi eu lieu sur le sujet dans la soirée entre les grands argentiers des pays du G7 (Etats-unis, Japon, Canada, Royaume-Uni, France, Allemagne et italie).

Fonds de prévoyance

Dans le détail, l'Irlande va pouvoir bénéficier d'un plan d'aide pour les pays de la zone euro en difficulté mis sur pied au printemps dernier suite à la crise de la dette en Grèce, doté au total de 750 milliards d'euros et comprenant trois volets.

Brian Lenihan, le ministre des Finances tentera de convaincre ses collègues du gouvernement irlandais de la nécessité d'accepter l'aide internationale. [REUTERS - Francois Lenoir]
Brian Lenihan, le ministre des Finances tentera de convaincre ses collègues du gouvernement irlandais de la nécessité d'accepter l'aide internationale. [REUTERS - Francois Lenoir]

Elle pourra compter d'abord sur une enveloppe allant jusqu'à 60 milliards d'euros de prêts garantis par le budget de l'UE, d'un Fonds européen de stabilité financière - jusqu'à 440 milliards d'euros de garanties des pays de la zone euro pour des prêts - et enfin d'un apport du FMI.

Il est prévu que le Royaume-Uni et de la Suède - deux pays non membres de la zone euro - accordent en complément des prêts bilatéraux à l'Irlande. L'objectif est principalement de mettre en place un Fonds pour aider à recapitaliser les banques irlandaises qui auraient besoin d'argent frais, selon le communiqué de l'UE.

Bulle immobilière

Ces banques sont plombées par l'éclatement d'une bulle immobilière consécutive à la crise financière mondiale. Et Dublin a vu son déficit exploser en raison des injections de liquidités auxquelles il a dû procéder pour les sauver. Ce déficit doit revenir dans la limite européenne de 3% du PIB d'ici 2014.

En échange, l'UE a prévenu dimanche soir que le secteur, soutenu aussi à bout de bras par la BCE, allait devoir être "restructuré" et qu'il allait devoir subir une cure d'amaigrissement. Des efforts budgétaires vont être aussi exigés. Le gouvernement irlandais a confirmé que sera annoncé "en début de semaine prochaine" un nouveau plan de rigueur, préalable à l'aide internationale (lire encadré), ce qui provoque déjà la colère de l'opinion dans l'île.

A Washington, le FMI a salué la réponse apportée par les autorités européennes à la crise irlandaise et s'est dit prêt à apporter sa contribution à cet effort, notamment par le biais de l'octroi d'un prêt sur plusieurs années.

agences/os

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Un plan d'austérité sur quatre ans

Le premier ministre irlandais Brian Cowen a déclaré dimanche soir espérer que le plan d'aide de l'UE et du FMI pour son pays serait finalisé prochainement. Il a indiqué que Dublin allait rendre public un plan d'austérité sur quatre ans.

"Les autorités européennes ont accédé à notre demande. Un processus officiel de négociation va maintenant commencer, qui débouchera sur l'octroi d'une aide sur la base du plan négocié par le gouvernement avec la Commission européenne et le Fonds monétaire international (FMI), en liaison avec la Banque centrale européenne (BCE)", a-t-il dit.

"J'espère qu'un accord sera finalisé prochainement, dans quelques semaines", a-t-il ajouté. "La prochaine étape dans le processus sera la publication du plan de quatre ans du gouvernement (irlandais) pour résoudre les problèmes des finances publiques", a-t-il poursuivi. Ce plan "permettra une réduction du déficit budgétaire de l'ordre de quinze milliards d'euros d'ici 2014".

Le nouveau plan de rigueur devrait prolonger ce mouvement, avec une réduction équivalente des mêmes allocations. Mais le budget quadriennal, qui prévoit 15 milliards d'euros d'économies d'ici à 2014, soit près de 10% du PIB irlandais, touchera également au salaire minimum, l'un des plus élevés en Europe (8,65 euros l'heure). Ce dernier devrait être amputé d'un euro, à en croire la presse locale.

"Les banques irlandaises vont devenir considérablement plus petites qu'elles n'ont été par le passé, de telle façon qu'elles puissent progressivement se redresser", a par ailleurs expliqué Brian Cowen.