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La demande d'aide de l'Irlande saluée unanimement

Le Premier ministre irlandais Brian Cowen (à gauche) et le ministre des Finances Brian Lenihan lors de la conférence de presse confirmant la demande d'aide de l'Irlande. [Peter Muhly]
Le Premier ministre irlandais Brian Cowen (à gauche) et le ministre des Finances Brian Lenihan lors de la conférence de presse confirmant la demande d'aide de l'Irlande. - [Peter Muhly]
La demande d'aide financière que l'Irlande a déposée auprès de l'Union européenne et du Fonds monétaire international a été saluée internationalement. L'euro a immédiatement réagi, en progressant lundi à Tokyo face au dollar.

Au final, seule la presse irlandaise se montrait critique lundi (lire ci-contre). Le gouvernement irlandais dévoilera mercredi son plan d'austérité sur quatre ans visant à économiser 15 milliards d'euros. Ce plan est prêt mais il doit encore être approuvé par les autorités européennes, a annoncé la ministre du Tourisme, Mary Hanafin, à l'antenne de la RTE.

L'Union européenne (UE) et le Fonds monétaire international (FMI) ont accepté dimanche de débloquer une aide financière en faveur de l'Irlande pour appuyer ses efforts de redressement du secteur bancaire et de ses comptes publics.

Le G7 satisfait

L'Irlande a besoin d'argent
L'Irlande a besoin d'argent

Les ministres des Finances du G7 ont exprimé leur satisfaction. "L'action coordonnée des pays européens et du FMI reflète notre détermination [...] pour préserver la reprise mondiale", écrivent les ministres dans un communiqué.

"Nous saluons la décision de l'Irlande de réclamer une aide au FMI et à l'UE pour appuyer ses réformes fiscales et bancaires", écrit pour sa part le département du Trésor américain.

La ministre des Finances française, Christine Lagarde, a quant a elle estimé que l'UE et le FMI avaient adressé un "message très fort" aux marchés, apportant la "garantie" nécessaire pour "écarter" le risque d'un effondrement des banques irlandaises.

L'euro en hausse

Les taux d'emprunts d'Etat irlandais ont grimpé jusqu'à 9%, menaçant le pays d'insolvabilité et l'Europe d'une contagion.
Les taux d'emprunts d'Etat irlandais ont grimpé jusqu'à 9%, menaçant le pays d'insolvabilité et l'Europe d'une contagion.

A la suite de la décision de l'UE et du FMI, l'euro était en hausse lundi à Tokyo face au billet vert, cotant 1,3755 dollar. La monnaie unique européenne ne cotait que 1,3673 dollar vendredi à New York. L'euro montait également face à la devise japonaise, à 114,73 yens contre 114,11 yens vendredi à New York.

Les développements survenus dimanche soir ont semblé rassurer les opérateurs du marché des changes. "Le sentiment s'améliore avec cette décision de l'Irlande de réclamer une aide de l'Union européenne et du FMI", a expliqué Frances Cheung, de la banque Crédit Agricole.

L'euro avait nettement baissé face au dollar depuis deux semaines, retombant sous la barre des 1,40 dollar et passant même brièvement en dessous de 1,35 dollar, notamment à cause de l'inquiétude des investisseurs pour la santé budgétaire de l'Irlande.

L'enveloppe de 90 milliards d'euros constitue un montant proche de celui accordé au printemps à la Grèce. Athènes avait obtenu un prêt de 110 milliards d'euros sur trois ans, étant alors dans l'impossibilité d'emprunter à des taux d'intérêt abordables pour refinancer sa dette. L'objectif est similaire pour l'Irlande.

Mais il s'agit cette fois principalement d'aider les banques irlandaises en crise, que Dublin a déjà dû renflouer à hauteur de 50 milliards d'euros, faisant du coup grimper son déficit public à des sommets: 32% du Produit intérieur brut attendu cette année.

Une aide justifiée, estime la BCE

La Banque centrale européenne (BCE) a salué dimanche soir la décision du gouvernement irlandais de faire appel à l'aide internationale, une aide "justifiée" pour garantir la stabilité financière "dans l'Union européenne et en zone euro".

Le Conseil des gouverneurs "salue la demande d'aide financière du gouvernement irlandais au Fonds monétaire international, à l'Union européenne et aux pays membres de la zone euro", écrit la BCE dans un court communiqué.

"La BCE est d'accord avec la Commission, les ministres de l'Ecofin et de l'Eurogroupe que fournir une aide à l'Irlande est justifiée pour sauvegarder la stabilité financière dans l'Union européenne et en zone euro", poursuit-elle.

L'institution financière dont le siège est à Francfort, en Allemagne, précise que ce soutien financier "sera soumis à une forte conditionnalité politique, sur la base d'un programme négocié avec les autorités irlandaises par la Commission et le FMI, en liaison avec la BCE".

"Nous sommes confiants dans le fait que ce programme va contribuer à assurer la stabilité du système bancaire irlandais et lui permettre de jouer son rôle dans le fonctionnement de l'économie", conclut la BCE.

agences/hof

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La presse irlandaise très amère

L'Irlande a signé sa "reddition" à l'Union européenne (UE) et au Fonds monétaire international (FMI) qui ont accepté un plan de sauvetage, estime la presse de l'île. Les médias prédisent la chute imminente du gouvernement "responsable de la faillite".

"Après deux semaines de mensonges flagrants, (le gouvernement) va mendier à Bruxelles, après la faillite du pays provoquée par ses politiques", écrivait lundi l'Irish Sun.

"Des bureaucrates non élus vont dorénavant gérer nos affaires. Cependant, il nous reste un pouvoir: celui de sanctionner ceux qui sont responsables d'avoir détruit notre nation. Le FMI et l'UE sauveront notre économie. Seuls nous pouvons sauver notre nation", estime le tabloïde. Titrant sur "une reddition éhontée", l'Irish Daily Mail dénonce une "capitulation sans précédent". Il estime que le gouvernement, de centre droit, a "mis fin à 90 ans d'indépendance" et que "le drapeau blanc a été hissé".

A l'instar de l'ensemble de la presse, l'Irish Times appelle à la démission du gouvernement, très impopulaire. "Des élections anticipées sont nécessaires afin de mettre fin à cette ignominie. La coalition (au pouvoir) ne durera certainement pas jusqu'au printemps", croit le quotidien.

Quant à l'Irish Independent, il se félicite que, "enfin, quelqu'un contrôle ce pays". "Malheureusement, ce quelqu'un est représenté par des équipes de l'UE, du FMI et de la BCE. Leur présence montre l'échec de la gestion de nos propres affaires. En clair, nous sommes en faillite", écrit le journal.