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Irlande: un plan d'austérité à 15 milliards d'euros

Brian Cowen [Enda Doran]
Le plan a reçu l'"accord global" des autorités européennes, selon le Premier ministre irlandais Brian Cowen, photographié ici mardi soir. - [Enda Doran]
Le gouvernement irlandais a dévoilé mercredi les détails d'un plan de rigueur de 15 milliards d'euros d'ici à 2014, préalable à l'octroi d'une aide de l'Union européenne et du Fonds monétaire international. Près de 25'000 emplois publics seront notamment supprimés.

Ce plan prévoit 10 milliards d'euros d'économies budgétaires et 5 milliards de revenus supplémentaires générés par des hausses d'impôts. Selon un document de quelque 130 pages remis à la presse, 40% du plan, soit 6 milliards d'euros, doivent être réalisés dès l'année prochaine. "Les objectifs de ce plan sont exigeants mais réalistes", affirme le texte. "Ce plan génèrera de la confiance dans le pays et à l'extérieur", ajoute-t-il.

Près de 25'000 emplois supprimés

Parmi les économies prévues, les dépenses sociales baisseront de 2,8 milliards d'euros d'ici à 2014. Parallèlement, 24'750 emplois publics seront supprimés, pour revenir au niveau de 2005. En outre, le salaire horaire minimum sera abaissé de 8,65 à 7,65 euros. Du côté des revenus supplémentaires, le taux de TVA doit augmenter de 21% à 22% en 2013, puis à 23% en 2014. Le gouvernement précise avoir basé son plan sur une prévision de croissance de 2,75% en moyenne entre 2011 et 2014, après une croissance "légèrement positive" cette année.

"Nous devons tous accepter de partager le fardeau afin de pouvoir collectivement partager les fruits qui découleront, sans aucun doute, de nos problèmes actuels", affirme le document du gouvernement. Ce plan a reçu "l'accord global" des autorités européennes, avait assuré le Premier ministre Brian Cowen avant sa présentation.

Ramener le déficit public à 3% du PIB

L'objectif est de ramener le déficit public irlandais à 3% du PIB, comme l'exige l'Union européenne. Ce dernier s'est envolé à 32% du PIB cette année, en raison des quelque cinquante milliards d'euros que l'Irlande a dû injecter dans ses banques afin de leur éviter la faillite.

Le plan de rigueur a été présenté comme un préalable incontournable à l'octroi d'une aide de l'Union européenne et du Fonds monétaire international, en cours de mise au point, qui devrait tourner autour de 85 milliards d'euros. Mais, en contrepartie, l'Irlande doit prouver sa capacité à stopper le dérapage de ses finances.

L'adoption du plan de rigueur, et du budget 2011 qui en fait partie, est "essentielle", a averti mardi le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn. "Chaque jour qui passe accroît les incertitudes", avait-il ajouté, dans une allusion à la déprime persistante des marchés. L'aide à l'Irlande est conditionnée à "des mesures à prendre pour que le pays revienne sur le chemin de la stabilisation" de ses finances publiques, a également averti mercredi la chancelière allemande Angela Merkel.

L'ampleur de l'austérité est cependant redoutée par les quelque 4,3 millions d'Irlandais qui ont déjà subi trois plans de rigueur depuis le début de la sévère récession qui a frappé l'ancien "tigre celtique" en 2008. La crise financière se double d'une crise politique: Brian Cowen, confronté au risque d'implosion de la coalition qu'il dirige, a été contraint lundi d'annoncer des élections anticipées pour l'année prochaine.

afp/hof

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La note souveraine de l'Irlande revue à la baisse

L'agence de notation financière Moody's a annoncé lundi qu'elle allait probablement abaisser "de plusieurs crans" la note souveraine de l'Irlande, en raison du poids de sa dette publique mais aussi des incertitudes économiques nourries par les mesures d'austérité à venir.

Moody's a toutefois fait savoir que la dette irlandaise resterait en catégorie "investissements", c'est-à-dire qu'au pire sa note à long terme serait BBB-. Elle explique cette évolution par les nouvelles injections de liquidités aux banques locales, qui devraient faire exploser la dette de l'île. A cela s'ajoutent des incertitudes économiques nourries par les mesures d'austérité à venir.

Début octobre, Moody's a placé sous examen la note de l'île et indiqué qu'elle pourrait l'abaisser d'un cran au terme d'une évaluation, censée durer trois mois. Moody's n'avait pas exclu un mouvement plus important, si elle devait conclure qu'une stabilisation du ratio dette/PIB dans les trois à cinq prochaines années s'avérait peu probable. La note à long terme de l'Irlande est actuellement de "Aa2", la troisième meilleure possible dans la classification de Moody's.

Si elle abaissait sa note de plusieurs crans, Moody's serait la première des trois agences mondiales à sanctionner aussi sévèrement l'Irlande.

Parmi ses rivales, Standard & Poor's attribue actuellement à l'Irlande la note "AA-", évaluation attribuée à des émetteurs de haute qualité.

De son côté, Fitch Ratings avait abaissé la sienne le 6 octobre un cran en dessous, à "A+", correspondant à un émetteur solide mais susceptible d'être affecté par les changements de la situation économique. Fitch avait assorti cette note d'une "perspective négative".

L'Irlande a longtemps bénéficié de la note maximale "Aaa" réservée aux émetteurs les plus solides. Elle avait perdu ce bénéfice en juillet 2009 et avait vu sa note une nouvelle fois abaissée à son niveau actuel en juillet.

La notation des agences évalue la capacité à rembourser une dette par les Etats ou les entreprises cherchant à emprunter sur les marchés.