Les ministres des Finances de l'UE ont formellement adopté le plan d'aide à l'Irlande. Ils n'ont pas exclu d'augmenter "si nécessaire" leurs réserves financières pour aider les pays de la zone euro en difficulté, mais pas dans l'immédiat, alors que le Fonds monétaire international (FMI) a ouvertement critiqué leur manque de cohérence dans la réponse à la crise.
"Si cela devient nécessaire, nous examinerons" la question d'une augmentation des capacités de prêts du Fonds mis sur pied au printemps, "mais la question ne se pose pas aujourd'hui", a dit le président de l'UE, Herman Van Rompuy, à l'issue d'un sommet avec le président russe Dmitri Medvedev à Bruxelles.
"Il n'y a pas de problème avec les montants disponibles" dans le dispositif aujourd'hui, a-t-il jugé.
Solution globale évoquée
Mis en place au printemps, ce Fonds est constitué de 440 milliards d'euros de garanties de prêts des pays de la zone euro, complétés par 250 milliards d'euros de prêts du FMI et par 60 milliards d'euros de prêts de l'Union européenne. Les pays européens ont discuté ces derniers jours de l'éventualité d'en relever le plafond de ressources pour rassurer les marchés sur la capacité de l'Europe à faire face à d'autres crises financières après la Grèce et l'Irlande.
Mais la décision a été repoussée à plus tard. Le directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn a critiqué mardi la réponse morcelée de l'Europe pour répondre à la crise de la dette en zone euro, qui après la Grèce et l'Irlande menace à présent le Portugal, l'Espagne ou la Belgique. "Oui l'Europe a besoin de quelque chose de plus dynamique, une solution globale" a-t-il dit à Athènes, "et pas une solution pays par pays qui serait une mauvaise solution", a-t-il dit.
Budget présenté
A Dublin, le gouvernement irlandais, en fin de règne, a présenté mardi au Parlement le budget d'austérité le plus sévère de l'histoire du pays, exigé par l'UE et le FMI en échange du sauvetage de l'île, mais qui risque d'attiser la colère des Irlandais.
"Nous avons traversé deux années de tumulte, qui ont culminé avec notre demande d'aide internationale. Ce budget est la première étape pour assurer notre redressement", a assuré le ministre des Finances Brian Lenihan, en égrenant sur un ton solennel une litanie de mesures impopulaires, devant le Dail, la chambre basse du Parlement.
Il a confirmé que le budget 2011 visait à dégager 6 milliards d'euros, pour un tiers via des hausses d'impôts et pour les deux tiers grâce à des coupes dans les dépenses.
Ce tour de vis doit permettre à lui seul de réaliser 40% du programme d'austérité de 15 milliards d'euros sur quatre ans annoncé le mois dernier par Dublin pour ramener le déficit irlandais de 32% du PIB cette année à moins de 3% en 2014. Le déficit sera ramené à 9,4 % du PIB dès l'an prochain, a indiqué M. Lenihan.
Suppressions d'emplois publics
Les économies passeront, entre autres, par des suppressions d'emplois publics et une baisse des dépenses et des investissements de l'ensemble des ministères, à commencer par l'aide sociale, la santé et l'éducation. Parallèlement, une série d'impôts et de taxes vont grimper, à l'exception de l'impôt sur les bénéfices des sociétés, que Dublin a maintenu contre vents et marées à 12,5%, un des taux les plus bas des économies développées.
Le gouvernement vit ses derniers mois car il s'est engagé à convoquer des élections une fois le budget adopté. Plusieurs centaines de mécontents ont protesté mardi devant le Parlement, portant des pancartes sur lesquels il pouvait être lu "Non à l'esclavage du FMI".
agences/lan
Au parlement jusqu'en février
Le processus d'examen du budget 2011 devant le Parlement devrait s'étaler jusqu'en février.
Les députés devaient se borner à voter mardi dans la soirée sur des mesures techniques, puis ils se prononceront d'ici jeudi sur le volant social du budget.
Mais le gros de la législation budgétaire, la loi de finances proprement dite, ne sera examiné qu'à partir de la mi-janvier.
Secteur bancaire en crise
Le déficit irlandais a explosé cette année en raison des sommes astronomiques englouties par l'Etat dans le renflouement des banques de l'île.
Le gouvernement a multiplié en vain les mesures depuis l'éclatement de la crise financière en 2008 pour maintenir à flot son secteur bancaire, plombé par les crédits toxiques accumulés durant la flambée du marché immobilier irlandais.