Calisto Tanzi, 72 ans, qui n'était pas présent au tribunal, a été condamné à 18 ans de prison notamment pour banqueroute frauduleuse et association de malfaiteurs, une peine légèrement inférieure à la peine de 20 ans réclamée par le parquet.
L'ex-patron et fondateur du groupe agroalimentaire ne s'attendait pas à une peine "aussi sévère", a déclaré son avocat, Giampiero Biancolella, indiquant qu'il ferait appel de cette condamnation.
Quatorze autres ex-dirigeants ont été également condamnés dont l'ancien directeur financier Fausto Tonna, qui s'est vu infliger 14 ans de prison, et Giovanni Tanzi, frère de Calisto, qui a été condamné à 10 ans et demi. Deux ont été en revanche acquittés.
Deux milliards à rembourser
Calisto Tanzi et les autres ex-dirigeants ont été par ailleurs condamnés à verser deux milliards d'euros à Parmalat, comme l'avaient réclamé les avocats du groupe qui est revenu en Bourse en 2005 après avoir été assaini. Ils vont également devoir rembourser aux 30'000 petits épargnants floués, qui s'étaient constitués partie civile, 5% de la valeur des obligations Parmalat qu'ils détenaient avant la faillite. Ce qui devrait représenter un total de 30 millions d'euros selon le calcul des avocats.
Les magistrats du parquet de Parme, qui avaient qualifié Parmalat de "plus grande fabrique de dettes du capitalisme européen" durant leur réquisitoire, ont salué ce verdict. Ce procès, qui a démarré en mars 2008 dans la ville où Parmalat a son siège, est le principal concernant le krach du groupe en 2003 qui a laissé un trou de 14 milliards d'euros.
Dans le cadre d'un autre procès à Milan, Calisto Tanzi a déjà été condamné fin 2008 à dix ans de prison notamment pour manipulation de cours de Bourse, une peine confirmée en appel en mai dernier. En raison de son âge, l'ex-patron, qui avait purgé neuf mois de prison et d'assignation à résidence au début de l'affaire, n'a toutefois pas été emprisonné. Le tribunal de Milan a accepté en octobre la demande d'incarcération venant du parquet mais cette décision ne pourra pas être appliquée avant une décision définitive de la Cour de cassation.
afp/cab
Un fleuron qui est tombé en 2003
Fleuron de l'économie italienne, Parmalat, qui employait avant sa faillite 36'000 personnes dans 30 pays regroupait une myriade de sociétés et était présent dans le football avec le club de Parme et dans le tourisme.
Aujourd'hui, le groupe compte 14'000 salariés dans une quinzaine de pays, d'abord en Italie mais aussi au Canada, en Amérique du sud, en Australie et Afrique du sud.
Le scandale a éclaté en décembre 2003 mais les enquêtes ont montré que le groupe était au bord du gouffre depuis de nombreuses années et ne survivait qu'au prix de grossières falsifications de bilan et grâce à des instruments financiers sophistiqués.
Les avocats de Calisto Tanzi ont d'ailleurs mis en avant le rôle des banques qu'ils accusent d'avoir vendu des obligations Parmalat aux petits épargnants afin de se rembourser alors qu'elles savaient que le groupe était insolvable.
La responsabilité des banques Citigroup, Deutsche Bank, Morgan Stanley et Bank of America dans le krach fait l'objet d'un autre procès à Milan.
En échange d'un arrêt des poursuites, Parmalat a signé des accords avec de nombreuses banques qui lui ont permis d'engranger plus de 2 milliards d'euros.