"Ce qui est frappant, c'est la rapidité et l'ampleur des cycles", note Jean-Daniel Pasche, président de la Fédération de l'industrie horlogère suisse (FH), dans une interview accordée à l'ATS. Les exportations devraient avoir bondi de plus de 20% en 2010, alors qu'elles avaient chuté d'autant en 2009, année de récession encore.
Un secteur solide face à la crise
La crise, qui aura coûté plus de 4000 emplois au secteur (sur un total de 53'000), montre que ce sont les marques au bénéfice d'une bonne répartition des marchés et qui maîtrisent le plus la distribution et les stocks qui s'en sortent le mieux, dit Jean-Daniel Pasche.
Globalement, la branche a prouvé à travers la crise son excellent état de préparation pour affronter les remous. Le luxe a par exemple surréagi, affirmant son côté très émotionnel, même si la clientèle cible n'est que peu touchée par les crises, relève le président de la FH. Ces clients affichent de la retenue et présentent ensuite un fort besoin de rattrapage, comme le montrent les performances réalisées ces derniers mois.
Bonne nouvelle pour l'emploi
L'heure de la reprise a bel et bien sonné, depuis un an maintenant. Les chiffres de novembre sont venus le rappeler, avec des exportations en hausse de près de 30% à près de 1,8 milliard de francs. "Au-delà des attentes", se réjouit Jean-Daniel Pasche. Et décembre est attendu à un bon niveau également.
Le phénomène se traduit par une multiplication des annonces d'investissements et de créations d'emplois. Le secteur doit recruter des centaines de personnes, ce qui laisse augurer un retour des effectifs à leur niveau d'avant la crise, le taux de chômage de la branche ayant reculé de moitié depuis mi-2009.
La conjonction de ces facteurs permet aux horlogers suisses d'aborder l'année 2011 avec optimisme et sérénité, à moins qu'un événement exceptionnel ne survienne. Dans un mois, le Salon international de la haute-horlogerie (SIHH) aura déjà déroulé ses fastes du côté de Genève. Pour sa part, le Salon mondial de l'horlogerie et de la joaillerie Baselworld se tiendra à la fin mars à Bâle, dans une ambiance pour le moins favorable.
Sous-traitants à la traîne
Reste que le tableau n'apparaît pas identique pour tous les acteurs, qui ne profitent pas tous de la bouffée d'oxygène du moment. "De nombreux sous-traitants connaissent encore le chômage partiel", tempère le président de la FH, qui ajoute que pour beaucoup la situation est tout de même plus favorable qu'il y a un an.
ats/sbo
Les pays émergents bons clients
Cette année, les exportations devraient se situer aux alentours des 16 milliards de francs de 2007, deuxième meilleure année de l'histoire.
L'Asie continue à soutenir la tendance, Hong Kong et la Chine en tête, le Japon souffrant toujours de la stagnation de son économie.
Les livraisons vers les Etats-Unis, retombées un temps à leur niveau de 2003-2004, ont renoué avec la croissance, mais le phénomène demeure aléatoire.
En Europe, la France s'est hissé à la troisième place des destinations. L'Allemagne marque le pas, alors que l'Italie a retrouvé des couleurs, tout comme le Royaume-Uni.
Au-delà, des pays comme la Turquie, la Russie ou l'Inde commencent à jouer un rôle pour le moins intéressant, constate Jean-Daniel Pasche.
Des mesures face au franc fort
A l'instar d'autres exportateurs, l'horlogerie suisse est inquiète de l'envolée du franc suisse face à l'euro et au dollar observée depuis des mois. Le phénomène place les marques devant le choix d'augmenter leurs prix ou de subir une érosion de leurs marges.
Plusieurs acteurs du secteur ont déjà opéré des hausses de leurs tarifs, indique Jean-Daniel Pasche. "Mais l'exercice comporte toujours le risque de perdre sa place."
Sinon, les fabricants peuvent opter pour la solution de rationaliser leurs processus pour compenser la lente mais inexorable érosion des marges. "Le défi posé par les taux de change est difficile, même si l'horlogerie souffre peut-être moins que d'autres secteurs", note le président de la FH.