Les incertitudes entourant la reprise économique ont augmenté, mais on ne peut pas parler de crise, estime le SECO. Les milieux économiques ont constaté le danger que comporte la cherté du franc face à l'euro, sans convenir de mesures. Seule la BNS est à même d'y remédier.
Les syndicats, quant à eux, sont ressortis déçus de la réunion trimestrielle tenue à Berne. "Les discussions ont clairement démontré que la situation est sérieuse", a indiqué à l'ATS Daniel Lampart, premier secrétaire et économiste en chef de l'Union syndicale suisse (USS), qui compte parmi les participants habituels au comité.
Discussion insatisfaisante
Le syndicaliste a toutefois jugé insatisfaisante la discussion sur les mesures pour contrer la valorisation du franc suisse face à l'euro. Lier le franc à la monnaie unique européenne, en faisant fonctionner la planche à billets, ou interdire la spéculation figurent dans les moyens évoqués. Banques et organisations patronales s'opposent à toute intervention étatique, a regretté Daniel Lampart.
Travail.Suisse exige pour sa part des mesures pour soutenir les entreprises touchées par l'appréciation du franc, la centrale syndicale déplorant un débat trop centré sur la seule analyse de la situation. Pour Travail.Suisse, le conseiller fédéral Johann SchneiderAmmann doit maintenant prendre rapidement des mesures pour aider les entreprises. Selon le syndicat, les discussions ont montré que la cherté du franc entraînera des licenciements dans l'industrie exportatrice, l'USS ayant déjà parlé de 100'000 emplois en jeu.
La Suisse victime de son succès
L'analyse est tout autre côté patronal, même si l'on admet la gravité de la situation. Pour Pascal Gentinetta, directeur d'economiesuisse, la cause de l'évolution de ces derniers mois ne se trouve pas en Suisse, mais dans les problèmes structuraux de la zone euro. "La Suisse est par conséquent victime de son succès." Les mesures préconisées pour contrer la force du franc divergent cependant, a admis le représentant des entreprises suisses, qui précise que celles-ci sont bien contraintes de s'adapter au phénomène.
Il importe de respecter la marge de manoeuvre de la Banque nationale suisse (BNS) quant à la stabilité des prix. Cette dernière est toutefois limitée en raison des marchés financiers globaux, a concédé Pascal Gentinetta. La Suisse ne doit pas tomber dans l'interventionnisme étatique mais agir dans le calme de manière ciblée comme lors des mesures conjoncturelles arrêtées il y a un an et demi.
Importations aussi touchées
L'Union des arts et métiers (USAM) s'est aussi montrée satisfaite des discussions. Pour son directeur Hans-Ulrich Bigler, il est primordial que la BNS puisse continuer de mener sa politique en toute indépendance. La réunion a démontré que les entreprises exportatrices ne sont pas les seules à souffrir de l'appréciation du franc. "De nombreux importateurs ne répercutant pas les gains de change qu'ils réalisent mettent à rude épreuve les marges de nombre de petites et moyennes entreprises", a dit Hans-Ulrich Bigler.
Le comité de la Commission de la politique économique est un organe extraparlementaire consultatif présidé par le Secrétaire d'Etat à l'économie Jean-Daniel Gerber. Elle réunit chaque trimestre des représentants des principaux secteurs économiques, de l'industrie aux banques, en passant par les syndicats et les paysans.
ats/jzim
L'euro remonte pour s'approcher de la barre de 1,30 franc
L'euro s'est apprécié d'environ 5 centimes cette semaine pour remonter vendredi aux alentours de 1,29 franc. La monnaie unique européenne s'est reprise à la faveur d'un climat moins tendu en lien avec la crise de la dette dans certains pays de la zone euro.
Le léger affaiblissement du franc suisse intervient alors que les tensions touchant le Portugal et l'Espagne se sont apaisées. Tous deux ont réussi à placer ces derniers jours des emprunts obligataires à des taux moins élevés que craint, repoussant le spectre d'une intervention des autres membres de la zone euro.
La monnaie unique européenne s'échangeait ainsi à 1,29 franc environ vers 15h00 vendredi, soit un centime de plus que jeudi soir.
Fin décembre, l'euro avait touché son plus bas niveau historique face à la devise helvétique, à 1,2396 franc. En l'espace de trois ans, il a perdu environ 40 centimes.