En février dernier, l'Etat de Rhénanie du Nord-Westphalie a acheté le CD contenant les données de clients pour 2,5 millions d'euros. Le procureur de Düsseldorf a ensuite ouvert des enquêtes contre plus de 1000 fraudeurs présumés.
Boulette du ministère public
L'arrestation de l'employé du Credit Suisse s'est concrétisée après un épisode rocambolesque. Le ministère public de Düsseldorf a en effet distribué par erreur des éléments sur l'informateur aux avocats des fraudeurs présumés. La description du fournisseur de données a par conséquent été transmise aux autorités suisses.
La piste a d'abord mené à un homme de paille du véritable voleur, en l'occurrence un graphiste autrichien de 42 ans, arrêté le 14 septembre dernier. L'homme avait d'ailleurs été remarqué dans une banque du Vorarlberg, parce qu'il voulait transférer une grosse somme d'argent. La banque a déposé une plainte sur des soupçons de blanchiment. Mais cette interpellation a connu un issue tragique, puisque l'intermédiaire s'est pendu deux semaines plus tard dans sa cellule à Berne. Quant au réel voleur de données, il a été placé à son tour en détention.
Assurance-vie comme couverture
Suite à la vente des données, le Credit Suisse et ses employés en Allemagne ont été la cible des autorités allemandes. L'été dernier, les enquêteurs ont en effet perquisitionné pendant plusieurs jours treize succursales de l'institution bancaire en Allemagne. Ainsi, de nombreux documents et données informatiques ont été saisis. D'autres raids ont été effectués aux domiciles de deux collaborateurs de la banque à la fin 2010.
Les autorités soupçonnent la banque suisse d'avoir systématiquement aidé ses clients à pratiquer l'évasion fiscale. De l'argent aurait été placé dans des assurances-vie cachées aux Bermudes, de telle sorte que les véritables détenteurs restent anonymes, et par conséquent non taxés.
Selon le Credit Suisse, ces produits sont légaux. Cependant, la banque a introduit un nouveau marché de gestion. Le porte-parole Andres Luther a expliqué au Tages-Anzeiger que le Credit Suisse ne vend que des produits qui sont approuvés en Allemagne.
Jérôme Zimmermann
La banque ne confirme pas
Le Ministère public de la Confédération confirme qu'une personne "se trouve actuellement en détention préventive". L'enquête en lien avec le vol de données bancaires et leur vente à l'Allemagne se poursuit, a indiqué à l'ATS le MPC. Pour des raisons liées à cette enquête, le MPC ne peut pas donner de plus amples informations.
Selon le "Tages-Anzeiger", les données ont été volées au Credit Suisse. Interrogé par l'ATS sur le sujet, un porte-parole de la grande banque a décliné toute prise de position.