"L'euro, c'est l'Europe. Et l'Europe, c'est 60 ans de paix. Ceux qui imaginent que nous pouvons l'abandonner ne comprennent rien à la psychologie européenne de pays qui veulent la paix. Jamais nous n'y renoncerons", a déclaré Nicolas Sarkozy à Davos. "Avec Angela Merkel, nous sommes unis sur cette question. Jamais nous ne laisserons tomber l'euro", a-t-il ajouté.
Pendant plus d'une heure, le chef d'Etat français a expliqué aux prestigieux invités du Forum, dirigeants politiques ou chefs d'entreprises, les priorités de la présidence française des G8 et G20 et s'est efforcé de les rallier à la nécessité de lutter "tous ensemble" contre les grands déséquilibres qui menacent la croissance de la planète.
Nicolas Sarkozy a appelé de ses voeux une attention accrue face aux risques monétaires. "Nous ne pouvons pas continuer avec une organisation du XXe siècle alors que nous sommes au XXIe siècle. Pour l'instant, la seule instance où l'on parle de monnaie est le G8." Mais le yuan ne peut pas rester hors des discussions et un organe qui n'inclut pas la Chine n'a donc aucune légitimité.
Détermination face aux banques
Comme lors de la dernière édition du WEF, lors de laquelle il avait tenu un discours fustigeant les dérives du monde de la finance, les banquiers en ont à nouveau pris pour leur grade. A une intervention du patron de la banque JP Morgan, James Dimon, inquiet d'une trop forte régulation, Nicolas Sarkozy a répondu qu'il ne fallait pas oublier comment la crise économique et financière avait débuté.
"Une grande banque américaine a fait faillite de manière inattendue alors que les perspectives étaient excellentes. Le monde l'a payé avec des dizaines de millions de chômeurs. Tout cela parce que des institutions majeures se sont livrées à des activités qui n'avaient rien à voir avec le bon sens", a rappelé le chef d'Etat français.
Manque de transparence
"La flexibilité ne me gêne pas, mais il faut réguler un certain nombre de domaines. Nous serons sages et raisonnables, mais nous seront aussi déterminés", a-t-il averti. Quant à la hausse des prix des matières premières, il l'a qualifié de "rendez-vous essentiel" de son année à la tête du G20, soulignant qu'ils représentaient un risque majeur pour la croissance mondiale.
"La pénurie, mais aussi le manque de transparence sur l'état des stocks et la spéculation ont conduit à une explosion des prix." Une plus grande régulation des produits dérivés agricoles est une des pistes qu'il entend suivre pour affronter le problème.
A quelques jours d'un déplacement à Addis Abeba, en Ethiopie, pour un sommet de l'Union africaine, Nicolas Sarkozy s'est par ailleurs prononcé pour la mise en place d'une taxe "infinitésimale" sur les transactions financières pour "tenir les promesses" de l'aide au développement. Conscient de l'hostilité de nombreux pays à cette taxe, il a toutefois suggéré qu'un "groupe de pays leaders" l'adopte pour montrer l'exemple.
agences/boi
Pas de crise de l'euro, selon Trichet
Egalement présent à Davos, le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet a estimé qu'il n'y avait actuellement "pas de crise de l'euro" mais qu'il était nécessaire d'en améliorer la surveillance.
Jean-Claude Trichet a poursuivi en soulignant que deux éléments étaient importants pour la zone euro: "la bonne conduite de chacun" ainsi que la surveillance. Cette dernière "doit être améliorée", a-t-il averti.
Le président de la BCE a défendu l'action de la banque centrale depuis la création de l'euro voici douze ans. "Nous avons assuré notre mission de garantir la stabilité des prix avec une inflation moyenne inférieure à 2%. Nous sommes donc crédibles en matière de prix", a-t-il souligné.
L'Europe aurait été en crise sans l'euro
Selon plusieurs experts aussi présents dans les Grisons, l'euro a aussi sauvé l'Europe. Alors que les pays de la zone euro s'efforcent de sortir de la crise de la dette, Maurice Levy, directeur général du géant français de la publicité Publicis a souligné que "le système européen a fonctionné plutôt bien et a prouvé sa résistance à ce type de crise".
"Si vous prenez en considération ce qui se serait passé en Europe si l'on n'avait pas eu l'euro, si l'Union européenne et la coordination que nous avons constaté récemment n'avaient pas été là, je pense que nous serions passé par une terrible crise", a-t-il dit.
"La Grèce aurait été en banqueroute, ils n'auraient pas été capables de payer leur dette. De même pour l'Irlande", a-t-il estimé.
Eckhart Cordes, directeur général du groupe allemand de distribution Metro, a reconnu que son pays, locomotive de l'Europe, a "bénéficié de manière significative de l'euro". "Si nous n'avions pas l'euro, nous aurions assisté à une appréciation significative du deutschemark, ce qui ne s'est pas produit", a-t-il dit.