"La BNS conserve un bilan robuste, malgré l'extrême volatilité des marchés", a relevé Thomas Jordan, vice-président de la banque centrale, en commentant jeudi les chiffres définitifs devant la presse à Berne. Pour mémoire, l'exercice 2009 s'était soldé par un bénéfice consolidé de 9,96 milliards de francs.
La perte de la maison mère, déterminante pour la distribution des bénéfices aux collectivités publiques, s'est inscrite à 20,81 milliards de francs en 2010. La différence s'explique par la contribution des sociétés du fonds de stabilisation (StabFund) destiné depuis 2008 à liquider les actifs toxiques de l'UBS.
Constitution de fonds propres
Ce fonds de défaisance a réalisé un bénéfice de 2,6 milliards de francs, contre une perte de 2,7 milliards en 2009, permettant de réduire de 1,64 milliard la perte consolidée. Le prêt consenti par la BNS est passé sous les 12 milliards à fin 2010. Douze mois plus tôt, ce montant atteignait encore presque 21 milliards.
Le risque total encouru par l'institution d'émission s'est contracté parallèlement de 24,1 milliards à 14,3 milliards de dollars. Au début, le fonds était chargé de 38,7 milliards de titres, crédits et autres biens immobiliers devenus problématiques après la crise du subprime aux Etats-Unis.
Le StabFund disposait à fin 2010 de fonds propres à hauteur de 2 milliards de francs, une première aussi, dans la mesure où un an plus tôt, il affichait encore un surendettement de 482 millions. Ces fonds propres offrent davantage de sécurité en servant de garantie primaire contre d'éventuelles pertes futures.
Grosses pertes de change
Concernant le résultat 2010 de la BNS, la dégradation massive de 30,76 milliards de francs par rapport à 2009 provient de la variation des taux de change. Elle s'est notamment amplifiée en toute fin d'année lors de l'appréciation "sensible" du franc, l'euro atteignant alors un plus bas historique (sous 1,24 franc).
La "vive valorisation" du franc, non seulement face à l'euro mais aussi face au dollar et à la livre sterling, a causé une perte de change de 32,7 milliards de francs. Ce montant s'explique par le gonflement des réserves en euros, acquises au printemps au moment où la BNS est intervenue pour contrer l'ascension du franc.
A fin 2010, les placements en devises portés au bilan de la maison mère s'élevaient à plus de 203 milliards de francs, un volume très exposé à la volatilité des cours de change. Au final, les positions en monnaies étrangères ont entraîné une perte de 26,5 milliards de francs, contre un bénéfice de 2,6 milliards en 2009.
Valeur refuge traditionnelle, tout comme le franc d'ailleurs, l'or a apporté une consolation. Le métal jaune a généré une plus- value de 5,82 milliards de francs, pour un stock inchangé de 1040 tonnes.
Distribution en cause
Thomas Jordan a aussi abordé la délicate question de la distribution des bénéfices de la BNS à la Confédération (pour un tiers) et aux cantons. Les discussions se poursuivent, a-t-il dit. Le 14 janvier, la banque centrale avait averti qu'au vu de la situation du moment les versements devaient être renégociés.
Les 2,5 milliards de francs prévus au titre de l'exercice 2010 seront versés, ainsi que le dividende de 1,5 million pour les actionnaires. Dès 2012 toutefois, l'attribution sera réduite dans le meilleur des cas, suspendue dans le pire. La perspective inquiète les cantons, la manne constituant en moyenne 2% des budgets.
Pour l'heure, la réserve pour distributions futures présente un solde négatif de 5 milliards de francs. Ce montant s'entend après attribution de 724,2 millions à la provision pour réserves monétaires, distribution à la Confédération et aux cantons et versement du dividende annuel.
ats/jzim