Bulgari, maison fondée en 1884 et basée à Rome, a été créée par une famille d'orfèvres grecs qui ont émigré en Italie. Elle est l'un des grands noms mondiaux de la joaillerie-horlogerie (66% de son activité). La société est présente en Suisse à Neuchâtel, où elle compte quelque 400 employés. L'annonce de la reprise de Bulgari par LVMH a été faite après accord des héritiers du fondateur Sotirio Bulgari, obtenu ce week-end.
Pour cette reprise, il aura aussi fallu le feu vert du conseil d'administration de LVMH. Placé sous la houppe de l'homme d'affaires Bernard Arnault, ce groupe est présent en Suisse via son pôle horloger à travers les marques neuchâteloises TAG Heuer, Zenith ainsi que la société vaudoise Hublot.
Gagnant-gagnant
LVMH déboursera au total 4,3 milliards d'euros (5,6 milliards de francs) pour s'offrir le joaillier, pour partie (1,9 milliard d'euros) en émettant des actions nouvelles qui seront souscrites par la famille Bulgari (lire ci-contre). Le solde (2,4 milliards) sera financé sur ses ressources propres et par recours à la dette.
L'actuel directeur exécutif de Bulgari, Francesco Trapani, entre également au comité exécutif de LVMH, où il va diriger l'ensemble du pôle montres et joaillerie.
"C'est un deal gagnant-gagnant, assure une source proche du groupe français, parce que l'opération est totalement amicale, que la famille s'associe à LVMH et qu'elle a envie de travailler avec Bernard Arnault".
LVMH va concurrencer Cartier
Cette acquisition permet au géant mondial du luxe de doubler son chiffre d'affaires dans l'activité joaillerie-horlogerie en 2011 qui pourrait atteindre 1,8 milliard d'euros contre 985 millions en 2010. Il représenterait alors 8,5% du total des activités du groupe, contre 4,85% actuellement.
"Avec Bulgari, nous allons pouvoir devenir un véritable challenger de Cartier", a indiqué une source proche du dossier qui parle d'une "opportunité rare et stratégique".
Dominer l'horlogerie et la joaillerie
LVMH, qui détient déjà Chaumet et Fred, nourrit de fortes ambitions dans la joaillerie, après l'horlogerie. François Arpels, de la banque d'affaires Bryan Garnier, juge que "LVMH n'avait pas pour l'instant de véritable marque ayant un rayonnement international" dans la joaillerie.
La joaillerie et l'horlogerie sont des secteurs du luxe où "les marges sont les plus importantes", relève-t-il.
Selon des sources concordantes, "beaucoup d'acteurs du luxe étaient intéressés par la griffe italienne", dont le groupe genevois Richemont (Cartier, Van Cleef & Arpels ou Montblanc), et le français PPR (Boucheron, Gucci etc).
ats/bri
Prime élevée
L'opération tranche avec le précédent "coup" de Bernard Arnault, soit le rachat en catimini de 20% du capital du sellier Hermès, qui a provoqué la colère de la famille.
Pour Bulgari, Bernard Arnault a choisi la méthode de l'échange d'actions, assortie d'une OPA pour les actionnaires minoritaires, le groupe italien étant coté en Bourse.
En échange de ses 51% du capital de Bulgari, la famille devient le deuxième actionnaire familial, avec 3,5% du capital. LVMH va émettre 16 millions d'actions nouvelles pour payer la famille Bulgari.
Pour les actionnaires minoritaires, LVMH va lancer une OPA à un prix très attractif de 12,25 euros par action, soit 63% de plus que le cours de bourse de vendredi dernier (7,50 euros).