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Les épargnants définitivement mieux protégés

Quatre employés de Credit Suisse inculpés aux Etats-Unis. [Martin Ruetschi]
Les banques auront l'obligation de détenir en permanence 125% des créances couvertes en Suisse. - [Martin Ruetschi]
Les dépôts bancaires seront protégés jusqu'à concurrence de 100'000 francs. Comme le Conseil des Etats, le National a ancré définitivement lundi cette garantie dans la loi. La décision a été prise dans le cadre d'une révision de la législation visant à mieux encadrer les faillites bancaires.

Les mesures visant à améliorer le sort des petits épargnants ont été prises dans l'urgence fin 2008 à la suite de la crise qui a ébranlé l'UBS. Déjà prolongées une fois, elles doivent laisser la place d'ici fin 2012 à une révision de la loi sur les banques.

Adoptée sur le fond par les deux Chambres, cette dernière reprend l'augmentation du montant minimum de la garantie bancaire par particulier de 30'000 à 100'000 francs. Les détenteurs de dépôts pourront se prévaloir d'une créance de 2e rang en cas de faillite, qui les privilégie par rapport à la grande masse des créanciers.

Jusqu'à 6 milliards

Les banques auront l'obligation de détenir en permanence 125% des créances couvertes en Suisse. Elles sont censées pouvoir mettre à disposition un montant maximal de six milliards (contre quatre milliards auparavant) en cas de faillite d'établissements bancaires. Le National a précisé que la limite des six milliards de francs sera adaptée périodiquement en fonction de la somme des contributions dues. Le Conseil des Etats doit encore se prononcer sur cette divergence. Ce dossier sera remis au Parlement le 20 avril.

La gauche aurait souhaité porter la limite à dix milliards de francs. Cette proposition a été rejetée par 105 voix contre 56. Le camp rose-vert n'a pas eu plus de succès (100 voix contre 50) en proposant que les banques créent un véritable fonds indépendant dont le capital cible se monte à 3% de la somme des dépôts garantis de tous les établissements bancaires. Ce fonds devrait être constitué en dix ans, seules les banques bénéficiant d'une garantie totale et directe de l'Etat n'étant pas obligées de cotiser.

Lobby dénoncés

Des projets analogues ont été largement rejetés en consultation, a fait valoir la droite. Le Conseil fédéral n'a fait que reculer face au lobby des banques, a critiqué Susanne Leutenegger Oberholzer (PS/BL) craignant qu'il en aille de même avec le projet visant à régler le cas des grandes banques dont la faillite mettrait à mal toute l'économie ("too big to fail").

Pour le reste, la révision de la loi prévoit que l'autorité de surveillance des marchés financiers, la FINMA, fixe un remboursement immédiat plus généreux que par le passé pour les dépôts garantis, soit de 20 jours et non plus de trois mois. Enfin, les dépôts ouverts auprès de fondations de prévoyance sont privilégiés par un dispositif séparé de celui qui s'applique aux autres dépôts bancaires.

ats/bri

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Protection des investisseurs

D'une manière plus générale, la gauche aurait souhaité renvoyer tout le dossier au Conseil fédéral avec le mandat d'intégrer des normes renforçant la protection des petits investisseurs privés lorsqu'ils achètent des produits financiers ou confient des mandats de gestion de fortune.

Actuellement les conseillers en placement ont davantage intérêt à vendre qu'à signaler des risques et des milliers de personnes peuvent être lésées, a lancé Hans-Jürg Fehr (PS/SH). En vain. Le renvoi a été rejeté par 110 voix contre 38.

Cette question doit être traitée séparément, a fait valoir Pirmin Bischof (PDC/SO) au nom de la commission. Autrement cela prendrait trop de temps et la révision de la loi ne pourrait pas remplacer les mesures urgentes dans les délais fixés, a ajouté Charles Favre (PLR/ VD) au nom de la commission.

Le Conseil fédéral est en train d'analyser le problème de la protection des petits investisseurs. La ministre des Finances Eveline Widmer Schlumpf a précisé que ses services soumettraient le dossier au gouvernement cette année encore.

Vote en faveur du secret bancaire

Concernant le secret bancaire, le Conseil national a adopté par 81 voix contre 75 et 12 abstentions une motion du groupe PDC/PEV/PVL exigeant du Conseil fédéral qu'il propose de modifier la loi afin que la place financière suisse ne soit pas défavorisée par rapport à ses deux concurrentes de Londres et New York où il est possible de se soustraire à la curiosité du fisc via les trusts. Le Conseil fédéral soutient l'objectif, même s'il s'opposait à la formulation de la motion jugée trop étroite.