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Le séisme se répercute sur l'économie japonaise

L'indice Nikkei de la Bourse de Tokyo a terminé sa première séance depuis le séisme dévastateur sur un plongeon de 6,18%. [Yoshikazu Tsuno]
L'indice Nikkei de la Bourse de Tokyo a terminé sa première séance depuis le séisme dévastateur de vendredi sur un plongeon de 6,18%. - [Yoshikazu Tsuno]
Les Bourses de la région Asie-Pacifique, en premier lieu Tokyo en baisse de plus de 6%, étaient ébranlées lundi par le séisme et le tsunami qui ont frappé vendredi le Japon et dont les conséquences sur l'économie de l'archipel risquent d'être considérables.

La banque centrale a tenté d'apaiser les tensions dans les circuits financiers en injectant massivement des fonds, alors que le yen a atteint dans la matinée un plus haut un quatre mois. L'indice Nikkei de la Bourse de Tokyo a terminé sa première séance depuis le séisme dévastateur sur un plongeon de 6,18%, indice des 225 valeurs vedettes perdant 633,94 points à 9620,49 points.

Un "impact considérable"

Les dysfonctionnements dans des centrales nucléaires avivent les craintes sur les répercussions du séisme sur l'économie japonaise. [AFP - Yoshikazu Tsuno]
Les dysfonctionnements dans des centrales nucléaires avivent les craintes sur les répercussions du séisme sur l'économie japonaise. [AFP - Yoshikazu Tsuno]

De graves dysfonctionnements dans des centrales nucléaires de la région ravagée avivent les craintes sur les répercussions de ce désastre sur l'ensemble des entreprises et l'économie japonaise. L'action de la compagnie d'électricité Tokyo Electric Power (Tepco), qui exploite des centrales nucléaires en difficulté, a perdu 23,57%.

Le gouvernement japonais a jugé que ce sinistre aurait un impact "considérable" sur l'économie nationale et que des fonds colossaux seront nécessaires pour financer la reconstruction des zones éprouvées.

Parmi les constructeurs automobiles japonais, Nissan et Toyota ont plongé de plus de 10% avant de se reprendre légèrement pour finir respectivement à 722 yens (-9,52%) et 3310 yens (-7,92%). Honda a perdu 6,49% à 3095 yens. De nombreuses firmes ont annoncé que leurs usines resteraient fermées dans l'ensemble du pays au moins lundi.

Quasi tous les pays de la région touchés

Les autres places financières de la région étaient également affectées et affichaient un repli. Hong Kong affichait dans l'après-midi une baisse de 0,31%, Shanghai cédait 0,14%. Sydney a clôturé sur un recul de 0,40%, Taipei a perdu 0,56%, Manille 0,14% et Wellington 0,64%. Mais Séoul, après un sursaut, a terminé en hausse de 0,80%. "Toute l'attention est concentrée sur le Japon", a indiqué Andrew Sekely, de Intersuisse à Sydney. "Le marché est prudent, mais il n'y a certainement pas de panique", a-t-il ajouté.

Le tremblement de terre et le tsunami survenus vendredi au Japon et les conséquences de la catastrophe ont aussi continué de peser sur les marchés européens lundi. A l'image d'autres places européennes, la Bourse suisse a entamé la séance en net repli (lire encadré).

Au Japon, alors que le yen est brusquement monté avant de retomber, la banque centrale a pris une série de mesures exceptionnelles pour tenter d'apaiser les tensions. La BoJ a effectué lundi des injections massives de fonds dans le système interbancaire, pour un montant de 15'000 milliards de yens, inédit en une journée.

Estimations du coût de la catastrophe

La banque centrale (BoJ) a également décidé de maintenir son taux directeur dans la fourchette 0,0% à 0,1%, pour faciliter les financements et stabiliser les marchés après le séisme. Cela revient en pratique à encourager un taux d'intérêt au jour le jour à zéro, afin de faciliter les prêts d'argent.

Le yen est brusquement monté en Asie, les opérateurs s'attendant à ce que les Japonais rapatrient des fonds en masse pour financer la reconstruction après le séisme, puis est retombé après une injection massive de fonds par la BoJ. Dans l'après-midi, le dollar cotait 82,07 yens contre 81,91 yens vendredi à 22H00 GMT à New York. L'euro ne valait plus que 114,37 yens, contre 113,89 yens vendredi en fin de journée sur la place financière américaine.

"Nous prenons toutes les mesures possibles, dont l'apport de liquidités, pour assurer la stabilité des marchés financiers et faciliter les opérations", a déclaré un porte-parole de la banque centrale nippone. Le coût de la catastrophe pourrait s'élever pour les assurances à 34,6 milliards de dollars (32,1 milliards de francs), selon une estimation initiale publiée dimanche par AIR Worldwide, spécialiste de l'évaluation du risque.

Des chiffres plus importants ont cependant été avancés lundi. Le tremblement de terre et le tsunami pourraient occasionner des dégâts compris entre 170 et 180 milliards de dollars (jusqu'à 170 milliards de francs), selon un expert du Credit Suisse. Ce montant représente environ 3,5% du produit intérieur brut (PIB) nippon.

Cette estimation émane d'une note émise lundi par le chef économiste du Credit Suisse au Japon, Hiromichi Shirakawa. Ces 170 à 180 milliards de dollars constituent près de 40% de ce qu'avait coûté en 1995 à l'économie japonaise le tremblement de terre ayant affecté la ville de Kobe. Selon la note, les territoires touchés par la catastrophe, à savoir le nord-est du pays, comprennent un tissu économique moins dense que Kobe, tant au niveau des bureaux et des usines, que des autoroutes.

afp/ats/hof

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La Bourse suisse ouvre en net repli

A l'image d'autres places européennes, la Bourse suisse a entamé la séance en net repli. Après dix minutes de négoce, l'indice des valeurs vedettes de la Bourse suisse, Swiss Market Index (SMI) lâchait 0,78% par rapport à la clôture de vendredi à 6314 points.

Tous les titres affichaient une baisse, le plus touché étant comme avant le week-end celui du réassureur zurichois Swiss Re, dont l'activité est directement concernée par les conséquences du séisme majeur qui a secoué l'archipel nippon.

L'action Swiss Re chutait ainsi de 4,35% à 49,45 francs, après avoir cédé 3,54% à la clôture de la dernière séance de la semaine passée. Les réassureurs, qui aident les assureurs à absorber le coût des fortes indemnisations en prélevant une partie de leurs primes, sont généralement les plus exposés à l'impact financier des grandes catastrophes naturelles.

Autre assureur actif à l'échelle planétaire, Zurich Financial Services voyait également son titre sous pression lundi, celui-ci lâchant 1,49% à 251,20 francs. Le montant des dégâts au Japon que devra supporter l'industrie de l'assurance reste difficile à estimer pour le moment et les incertitudes sont grandes.

La société AIR Worldwide a risqué une première estimation et a articulé un chiffre des dégâts de 35 milliards de dollars (32,6 milliards de francs), rien que pour les bâtiments et sans tenir compte des conséquences du tsunami.

La Banque du Japon a annoncé des mesures exceptionnelles et a notamment injecté 15'000 milliards de yens (environ 170 milliards de francs) sur les marchés (lire ci-contre).

Outre le Japon, la crise en Libye et dans certains pays arabes continue de peser sur l'ambiance boursière.

Les nouvelles en provenance d'entreprises et les informations macro-économiques importantes faisaient défaut.

Un partenaire important de la Suisse

Le Japon constitue un important partenaire économique pour la Suisse: il s'agit de son septième plus gros marché. Les exportations vers l'archipel se sont montées à 6,73 milliards de francs en 2010, en baisse de 5,9% par rapport à l'année précédente. Quant aux importations de produits japonais, elles sont restées à peu près stables à 3,6 milliards de francs, selon les derniers chiffres disponibles sur le site internet de l'Administration fédérale des douanes (AFD).

Le Japon est également au 7e rang des débouchés pour les montres suisses en particulier. Les exportations horlogères helvétiques y ont atteint 806,3 millions de francs, en hausse de 4,9%. Elles y dépassaient encore 1,15 milliard de francs en 2008.

En outre, les Japonais sont habituellement friands de voyages en Suisse. Il s'agit du huitième plus important marché pour l'hôtellerie helvétique, avec plus de 500'000 nuitées passées par des touristes nippons sur sol suisse l'an passé. Ils aiment voyager au printemps. Il est encore difficile d'évaluer les effets du séisme sur le tourisme en Suisse, juge l'organe de promotion Suisse Tourisme. Elle examine la situation avec son bureau de Tokyo.

Du côté des entreprises suisses présentes au Japon, Chugai, filiale du groupe pharmaceutique bâlois Roche, a indiqué que l'impact du séisme sur l'évolution de ses affaires n'était pas encore déterminé. A l'heure actuelle, le groupe n'a pas connaissance de collaborateurs qui auraient subi des dommages.

Le tremblement de terre a provoqué quelques dommages à Utsunomiya. Ceux-ci doivent encore être évalués dans le détail. Sur les sites de production Fujieda et Ukima, les dommages sont limités et ne devraient pas influer sur le calendrier de la production.