Après avoir enregistré sur les derniers mois de 2010 un rythme de croissance supérieur à la moyenne européenne, l'économie suisse a encore affiché des indicateurs positifs pour janvier et février, a relevé jeudi le Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO).
Ni les enquêtes auprès des entreprises, ni le climat de consommation des ménages ne montrent des signes de faiblesse. C'est surtout la robustesse de la conjoncture intérieure qui soutient les perspectives favorables. L'industrie de la construction a probablement dépassé son apogée mais son activité pourrait encore progresser un peu. La consommation des ménages devrait continuer de croître. Les investissements des entreprises en biens d'équipement aussi, puisque leurs capacités de production sont fortement utilisées.
Les exportations résistent
Quant aux exportations, elles ont encore pu enregistrer de solides progressions jusqu'ici, malgré la force du franc. Le rythme des Etats-Unis, d'abord hésitant, s'est accéléré. La reprise européenne tient le cap, et de nombreux pays émergents restent vigoureux.
Les livraisons à l'étranger ont notamment profité de l'apport des industries chimique et pharmaceutique, qui constituent une grande proportion du total et sont relativement peu sensibles aux variations des taux de change monétaires.
Mais les experts de la Confédération estiment que les cours des devises finiront par freiner l'élan du commerce extérieur dans le courant de l'année. De nombreuses entreprises déplorent une perte de compétitivité et une contraction de leurs marges.
Pour l'heure, le marché du travail continue de se rétablir. La prévision du taux de chômage passe de 3,4% à 3,2% pour 2011 et de 3,4% à 3,3% pour 2012. La prévision d'inflation passe en revanche de 0,7% à 1,0% pour cette année et de 0,8% à 0,9% l'an prochain.
Risques
L'horizon reste marqué par des risques pouvant affecter l'économie mondiale. Bon nombre de pays ont encore un niveau d'endettement élevé et nécessitent des mesures de consolidation budgétaire qui pourraient peser sur la conjoncture. La crise de l'immobilier est toujours un facteur d'incertitude, car elle n'est pas surmontée dans certains pays comme les Etats-Unis.
Le renchérissement du pétrole et d'autres matières premières pèse aussi, tant pour les consommateurs que pour les entreprises. Enfin, la catastrophe survenue au Japon pourrait avoir des retombées sur l'économie mondiale. Mais l'expérience montre que ce type d'événement a souvent un impact conjoncturel plus limité que prévu initialement, observe le SECO. Et de citer le séisme de Kobe au Japon (1995) et l'ouragan Katrina aux Etats-Unis (2005). Car le ralentissement initial de la production est compensé ensuite par les investissements en reconstruction.
La conjoncture mondiale ne devrait donc probablement pas ressentir d'effets économiques négatifs, ou peu - ce qui vaut aussi pour la Suisse. Cette appréciation pourrait toutefois changer en cas de catastrophe nucléaire, qui aggraverait et prolongerait la crise. Un tel scénario pourrait aussi jeter les marchés financiers dans un nouveau marasme.
ats/cht
La BNS maintient son cap
La Banque nationale suisse (BNS) poursuit sa politique monétaire expansionniste mise en place en mars 2009 et maintient son taux directeur inchangé à un bas niveau. La marge de fluctuation du Libor pour les dépôts à trois mois en francs reste dans une fourchette entre 0% et 0,75%, a annoncé jeudi l'Institut d'émission.
La conjoncture mondiale, notamment aux Etats-Unis et en Asie, a évolué à un rythme un peu plus dynamique que ne le supposait encore la BNS en décembre. Au quatrième trimestre 2010, l'économie suisse a elle aussi enregistré une croissance plus forte que prévu, malgré la fermeté persistante du franc suisse.
Confiance dans le monde économique
Les attentes positives des entrepreneurs laissent présager, pour les prochains mois, un développement favorable de l'économie, même si la stagnation des exportations de marchandises annonce un certain tassement de la croissance en cours d'année.
En Suisse, la Banque nationale table sur une croissance du PIB d'environ 2% en 2011. Avec le raffermissement de la reprise économique au niveau mondial, les perspectives conjoncturelles se sont certes améliorées en Suisse depuis le dernier trimestre. Néanmoins, la persistance du problème de la dette en Europe et les possibles effets modérateurs, sur la croissance, du prix élevé du pétrole recèlent d'importants risques de dégradation de l'activité.