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Le bas niveau des taux d'intérêt inquiète la FINMA

Le directeur de la FINMA Patrick Raaflaub [Martial Trezzini]
Le directeur de la FINMA Patrick Raaflaub - [Martial Trezzini]
Le bas niveau des taux d'intérêt en Suisse représente un danger pour la stabilité du secteur financier, avertit la FINMA. Selon l'Autorité de surveillance des marchés financiers, une brusque hausse des taux pourrait déstabiliser l'ensemble du système.

Une politique monétaire expansionniste induit des risques que les instruments de surveillance ne permettent de maîtriser que partiellement, a souligné le directeur de la FINMA Patrick Raaflaub mardi devant les médias à Berne. La FINMA dit suivre "de très près" l'environnement des taux d'intérêt et contribuer activement à sensibiliser toutes les parties prenantes à la thématique.

Un retour progressif vers un niveau de taux moyen entraînerait une nette détente dans le secteur financier, concède Patrick Raaflaub. Le risque est particulièrement élevé pour les banques. Les taux d'intérêt des dépôts bancaires sont à des planchers historiques depuis plusieurs mois. Or les établissements continuent cependant d'enregistrer des afflux de capitaux, a relevé Patrick Raaflaub dans son exposé.

Pertes de revenus possibles

La vive concurrence en matière de prêts, notamment sur le marché hypothécaire, pèse sur le produit des intérêts. Parallèlement, les créances hypothécaires des banques ont augmenté l'an dernier d'environ 6,5%. Une remontée en flèche des taux provoquerait d'importantes pertes de revenus. Selon les estimations de la FINMA, une hausse des taux de 1% entraînerait en moyenne une diminution de plus de 6% des fonds propres des banques actives dans les affaires hypothécaires.

Les exigences réglementaires n'imposent pas de couverture des fonds propres pour le risque de taux, rappelle le directeur de la FINMA. Il est donc important que les banques gèrent les risques de manière adaptée et se couvrent contre de possibles fluctuations des taux du marché, estime Patrick Raaflaub.

Le bas niveau des taux d'intérêt comporte aussi des risques pour le domaine de l'assurance. Un relèvement soudain pourrait provoquer pour les assureurs-vie de nombreuses résiliations de contrat de la part des clients, note le directeur de la FINMA. Dans ce domaine, l'autorité de surveillance peut prendre des mesures envers les assureurs-vie afin de protéger la solvabilité de l'entreprise et donc des assurés.

ats/cab

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"Too big to fail"

Lors de sa conférence de presse, la FINMA a également rappelé la nécessité de mettre rapidement en oeuvre l'ensemble des propositions sur la problématique des banques trop grandes pour faire faillite ("too big to fail").

Les mesures proposées constituent une réaction nécessaire et adaptée aux leçons tirées de la crise financière, estime le gendarme financier.

Le projet de loi prochainement soumis aux Chambres fédérales doit être soutenu intégralement, a souligné la nouvelle présidente de la FINMA, Anne Héritier Lachat, en poste depuis le début de l'année.

Elle a succédé à Eugen Haltiner, dont les liens avec UBS, son ancien employeur, avaient suscité la controverse.

La transcription législative du projet "too big to fail" (qui vise à réduire les risques systémiques que font peser les grandes banques, ndlr), est réellement indispensable, a ajouté la Genevoise.

A ses yeux, la Suisse n'est pas à l'abri d'un accident ou d'une crise, et la crise actuelle n'est pas encore terminée.

Outre les exigences en matière de fonds propres, la FINMA estime aussi nécessaire que des mesures soient adoptées en matière de "resolvability", soit des mesures qui permettent la liquidation d'un institut défaillant tout en conservant les fonctions essentielles.

"Il faudra faire preuve d'imagination pour adopter des solutions ad hoc", a reconnu Anne Héritier Lachat.