Endommagés par le violent tremblement de terre de magnitude 9 ou inondés par le tsunami qui a suivi, nombre d'ateliers du nord-est ne peuvent plus approvisionner leurs clients. Ceux qui ont été épargnés, près des zones touchées ou ailleurs au Japon, peinent à acheminer leurs produits à cause de problèmes logistiques, de perturbations dans les transports et de coupures de courant inopinées depuis la catastrophe.
Or une automobile est une mécanique complexe formée de 20 à 30'000 pièces dont l'absence d'une seule peut bloquer le processus. "Nous avons des problèmes d'approvisionnement en composants électroniques et en matières caoutchouc et plastiques", explique le porte-parole de Toyota, Paul Nolasco.
Dans l'archipel, la firme a partiellement relancé ses chaînes d'assemblage, qui tourneront à 50% du 18 au 27 avril, avant la traditionnelle semaine de vacances du début mai. Après, c'est l'inconnue. "Nous n'avons pas encore fixé nos plans de production pour après la golden week", reconnaît Paul Nolasco.
Peinant pour approvisionner en pièces détachées ses sites d'assemblage aux quatre coins de la planète, le premier constructeur mondial est de surcroît contraint de geler sa production environ une semaine en Amérique du Nord et en Europe d'ici au début mai (lire Industrie automobile ). Il estime à 150 le nombre de composants qui lui manquent pour reprendre une activité normale.
Une baisse de production de 57% sur un trimestre
Ses principaux concurrents japonais connaissent des difficultés similaires. Nissan vient à peine de relancer ses usines d'assemblage au Japon, à cadence réduite de moitié, et doit arrêter plusieurs jours ses fabriques en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis et au Mexique. Quant à Honda, il a pu redémarrer un peu plus tôt, bien qu'au ralenti, ses chaînes japonaises, mais doit lui aussi freiner sa production en Europe, en Amérique et en Asie.
Tous constructeurs confondus, quelque 600'000 véhicules n'ont pu sortir des chaînes de montage depuis le séisme au Japon, selon la presse spécialisée. D'après la banque américaine JP Morgan, la production d'automobiles dans l'archipel devrait reculer de 57% en avril-juin par rapport à celle du même trimestre de 2010, à 1 million d'unités. Pour l'ensemble de l'année, la baisse devrait être de l'ordre de 14% à 7,75 millions de véhicules.
"De nombreux fournisseurs sont installés dans les préfectures de Miyagi, Iwate et Fukushima du Tohoku (nord-est). Les dommages qu'ils ont subis rendent très improbable une reprise rapide de leur activité", souligne Tatsuya Mizuno, analyste du secteur automobile. Nissan s'approvisionne ainsi auprès de 300 sociétés de la région, dont 40 ont subi des dégâts importants lors de la catastrophe.
Les constructeurs ont d'autant plus vite besoin des pièces détachées que leur fonctionnement en flux tendu ne leur permet d'avoir qu'un mois de stock. "L'assemblage des voitures au Japon devrait rester perturbé pendant des mois, voire jusqu'à un an", prévient Tatsuya Mizuno. La conception, le test et la production d'un composant représente en effet un long et délicat processus, ce qui rend très difficile, pour les constructeurs, le recours à d'autres fournisseurs du jour au lendemain.
Les firmes américaines sont aussi touchées
Ce problème n'est pas limité aux seuls groupes nippons, General Motors, Ford et Chrysler ayant aussi annoncé une réduction temporaire de voilure. Comme leurs homologues japonaises, ces firmes américaines devraient souffrir des soucis du fabricant de semi-conducteurs Renesas, qui contrôle 50% du marché mondial des systèmes électroniques de contrôle des freins et des moteurs.
Les usines de ce fournisseur stratégique situées dans le nord de la grande île de Honshu et autour de la mégapole de Tokyo ne devaient rouvrir que ces jours-ci, et sa production devrait rester ralentie encore plusieurs semaines.
ats/afp/jzim