Swisscom a l'intention de construire des réseaux de fibre optique à Genève, Berne, Bâle, Zurich, Lucerne et Saint-Gall avec les services électriques de ces villes. Dans la plupart des cas, les partenaires ont présenté séparément leur contrat au gendarme de la concurrence, d'où les onze procédures en traitement actuellement. Ces contrats de coopération comportent des clauses susceptibles de résorber ou gravement altérer la concurrence.
L'objectif est de conclure les procédures d'ici à l'été, a indiqué lundi Rafael Corazza, directeur de la COMCO, à l'occasion de la conférence de presse annuelle de l'institution. Selon lui, le but de ces enquêtes préalables est de défendre la concurrence. La Commission souhaite instaurer des règles juridiques pour les firmes concernées.
Fribourg sous la loupe
Sous la loupe également, le projet de coentreprise entre Swisscom et le groupe E dans le canton de Fribourg. La COMCO se dit favorable à la construction d'un réseau de fibre optique commun, mais doit examiner la structure de la société et analyser son impact sur la concurrence, d'après son président Vincent Martenet (écouter son interview à droite).
L'enquête approfondie arrive à échéance début mai. Une décision sera rendue publique à ce moment-là, a précisé le Neuchâtelois en poste depuis bientôt un an. Parmi les autres dossiers pendants cette année, figurent la vente indirecte sur internet, l'attribution des mandats de construction ainsi que les importations parallèles.
Sur ce dernier point, le groupe automobile allemand BMW et le fabricant d'appareils photo Nikon sont déjà dans le viseur. La guerre des capsules de café qui fait rage entre Nespresso, filiale du géant vaudois Nestlé, et ses concurrents, constituera sans doute un autre point vif. La COMCO n'a pas encore décidé d'ouvrir une enquête formelle à ce sujet.
Collaboration avec l'UE
Le nouveau président a en outre salué les négociations en cours depuis le 25 mars entre la Suisse et l'Union européenne en vue d'une collaboration plus étroite dans le champ d'activité de la COMCO. Le but de cet accord n'est pas seulement d'ordre technique, a-t-il souligné.
S'agissant de l'an passé, Vincent Martenet a rappelé notamment le veto apposé par la COMCO à l'encontre de la fusion des opérateurs de télécommunications Orange et Sunrise. Les bons résultats de ce dernier confirment "la justesse de cette décision", selon le professeur de droit.
Au total, le gendarme de la concurrence a mené en 2010 pas moins de 20 enquêtes et 22 enquêtes préalables ainsi que 105 observations de marché et 34 analyses de concentration d'entreprises. La COMCO comprend douze membres. A sa tête, trois personnes: un président et deux vice-présidents. Les dossiers sont traités par le Secrétariat, dirigé par Rafael Corazza et comptant plus de 50 collaborateurs.
ats/cmen
Clauses problématiques
Les contrats portant sur la fibre optique entre Swisscom et les services électriques des villes suisses comportent trois clauses problématiques, selon la COMCO.
Une ou deux fibres sont réservées à l'opérateur historique. Les services électriques peuvent louer celles qui restent à d'autres entreprises de télécommunications. Seuls les services électriques peuvent louer les fibres à l'état de matière première, c'est-à-dire sans l'équipement technique nécessaire. Il s'agit du premier point problématique aux yeux de la Commission de la concurrence, a indiqué lundi Rafael Corazza. Cela constitue un monopole, selon le directeur l'institution.
Deuxième clause délicate: aucun opérateur ne peut louer les fibres dans leur état premier à de meilleures conditions que Swisscom.
La troisième touche un système de compensation: dans les six villes concernées, 60% des investissements reviennent au géant bleu; les 40% restants sont assumés par les services électriques. Quand la part de marché de Swisscom ou des services électriques (via ses clients) dépasse celle des investissements, des indemnisations sont prévues.
Ce serait le cas par exemple si Swisscom contrôlait plus de 60% du marché. Les trois clauses sont formulées différemment selon les contrats. Elles valent cependant pour la plupart des six collaborations sous diverses formes, selon Rafael Corazza. Ce sont les seules que la COMCO peut sanctionner, a-t-il relevé.
ats