Le Trésor américain a confirmé lundi que la limite maximale de la dette publique fixée par le Congrès des Etats-Unis serait atteinte le 16 mai, et a indiqué pouvoir retarder jusqu'au 2 août la date où le pays fera défaut sur certaines obligations si ce plafond n'est pas relevé.
"Puisqu'il apparaît que le Congrès n'agira pas d'ici au 16 mai, le Trésor va devoir commencer à mettre en oeuvre des mesures exceptionnelles cette semaine" pour gagner du temps, écrit le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, dans une lettre adressée aux principaux responsables politiques au Capitole.
Suspension d'émissions
Le Trésor va ainsi suspendre dès vendredi l'émission de certains titres destinés à soulager les finances publiques des Etats fédérés et des collectivités locales.
Le ministère avait indiqué début avril que la limite maximale de la dette publique soumise à l'autorisation du Congrès (14.294 milliards de dollars) serait atteinte le 16 mai et qu'il pourrait continuer d'assumer les obligations de l'Etat américain, moyennant un certain nombre de mesures exceptionnelles jusqu'au 8 juillet.
Compte tenu de recettes fiscales plus fortes que prévu, le gouvernement estime désormais qu'il pourra tenir jusqu'au 2 août, mais pas au-delà, indique Timothy Geithner. Le Trésor reste persuadé que le Congrès finira par trouver un accord permettant de relever la limite de la dette d'ici à cette date, a indiqué à la presse un de ses responsables.
"Des conséquences catastrophiques"
C'est la troisième fois que Timothy Geithner écrit aux chefs du Congrès depuis le début de l'année pour les presser de relever le plafond de la dette. Le ministre met en garde une nouvelle fois les élus, avertissant qu'un défaut de paiement des Etats-Unis aurait des conséquences "catastrophiques" et causerait "une crise financière potentiellement plus grave que celle dont le pays commence tout juste à se relever".
Selon les chiffres du Trésor, la dette publique des Etats-Unis s'élevait à 14.287 milliards de dollars vendredi, dont 14.236 soumis au plafond légal, ce qui laissait une marge de 58 milliards à l'Etat. Timothy Geithner a indiqué que la première mesure exceptionnelle prévue par son ministère allait "priver les Etats et les collectivités locales d'un instrument important dans la gestion de leurs dépenses liées à leur dette".
Finances locales à sec
Les finances des collectivités locales et des Etats américains ont été mises à rude épreuve par la crise, et nombre d'entre eux se sont imposés une cure d'austérité se faisant lourdement sentir sur le volet social de leur budget.
Majoritaires à la Chambre des représentants, les républicains conditionnent leur accord à un relèvement du plafond de la dette à des baisses de dépenses supplémentaires de la part de l'Etat fédéral.
Les démocrates et le gouvernement s'opposent à leurs exigences telles qu'elles sont actuellement formulées, affirmant qu'elles pénaliseraient les plus faibles et qu'elles risqueraient d'affaiblir la reprise économique du pays, voire de la torpiller.
Le Trésor américain a d'autre part réduit de moitié l'estimation du montant qu'il compte emprunter sur les marchés au deuxième trimestre, à 142 milliards. Le ministère a indiqué avoir établi cette prévision en partant du principe que le plafond de la dette serait relevé.
ats/mre