Les déboires judiciaires de Dominique Strauss-Kahn vont assurément ralentir le travail du FMI dans le dossier grec et celui de la zone euro. Le directeur général du FMI était attendu lundi à Bruxelles à une réunion consacrée à la Grèce avec les ministres des Finances de la zone euro. Dimanche, le patron du FMI devait aussi rencontrer la chancelière allemande Angela Merkel.
Son inculpation rend non seulement improbable son déplacement en Europe. mais fait peser une menace sur son avenir à la tête d'une institution qui fait office de pompier financier mondial. Cette question risque de dominer, au moins en coulisses, la réunion de lundi.
"L'affaire tombe mal pour la zone euro", au moment où elle doit boucler un plan de prêts de 78 milliards d'euros (98 milliards de francs) en faveur du Portugal et envisager un nouveau coup de pouce financier pour la Grèce, souligne un diplomate européen.
Très investi dans ce dossier
Dominique Strauss-Kahn a joué un rôle clé depuis un an et demi dans les tractations menées pour sauver l'euro et soutenir les pays en difficulté. Partisans très tôt de programmes d'aide, il a milité discrètement mais avec insistance, auprès des Etats rétifs à délier les cordons de la bourse, afin qu'ils agissent et a exhorté l'Union monétaire à se doter d'un mécanisme financier d'entraide.
Le FMI participe à hauteur d'un tiers aux côtés des Européens au financement des prêts accordés à la Grèce (110 milliards d'euros), à l'Irlande (85 milliards d'euros) et bientôt au Portugal. Du reste, les Etats-Unis, le Canada et de grands pays émergents se sont récemment inquiétés auprès des pays de la zone euro qu'une partie importante des ressources du Fonds soient consacrées à l'Europe, à la Grèce en particulier, au détriment d'autres zones dans le monde, selon des diplomates.
Deuxième aide à la Grèce
Les difficultés du patron du FMI surviennent alors que son institution mène actuellement une mission sur l'état de santé budgétaire de la Grèce aux côtés des Européens. De son résultat dépendront les décisions à venir pour le pays. D'ores et déjà, toutefois, un deuxième programme d'aide se profile en plus des 110 milliards d'euros. "Ce que l'on envisage en ce moment est de les élargir en cas de nécessité", a déclaré à la BBC la ministre française de l'économie, Christine Lagarde.
Son homologue allemand Wolfgang Schäuble a lui pour la première fois envisagé dimanche d'accorder à la Grèce une prolongation des délais de remboursement de sa dette à condition que les créanciers privés soient aussi concernés par ce rééchelonnement.
Sous la houlette de "DSK", le FMI plaide depuis déjà plusieurs mois en ce sens. Cela ne pourrait se faire toutefois qu'en échanges de nouvelles contreparties pour la Grèce. En l'occurrence, le gouvernement de Georges Papandréou devrait se voir prié de privatiser plus vite et davantage d'entreprises publiques que prévu, tout en luttant plus efficacement contre la fraude fiscale. Le pays n'a pas atteint les objectifs de réduction de son déficit qui lui avaient été fixés. Sous la houlette de Dominique Strauss-Kahn, le FMI réclame depuis déjà longtemps qu'on accorde plus de temps à la Grèce pour rembourser ses emprunts.
ats/boi