Suite à de nouvelles mesures d'économie budgétaires et de privatisations annoncées par le gouvernement grec, le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, a dit s'attendre à ce "qu'un financement supplémentaire soit accordé à la Grèce, en échange de conditions strictes".
Ces fonds, dont le montant n'a pas été précisé, viendront s'ajouter aux 110 milliards d'euros de prêts déjà promis en 2010 sur trois ans au pays englué dans la crise du fait d'une dette énorme. Le chiffre de 60 milliards d'euros d'aide supplémentaire a été évoqué à plusieurs reprises.
Et la presse grecque a affirmé vendredi qu'un accord de principe avait été scellé en ce sens pour couvrir les besoins du pays jusqu'en 2014. L'annonce faite à Luxembourg par Jean-Claude Juncker, à l'issue d'un entretien avec le Premier ministre grec Georges Papandréou, est de nature à rassurer les marchés financiers.
Ils s'inquiétaient sinon d'un risque de faillite du pays, toujours dans l'incapacité d'emprunter seul en raison des taux d'intérêts très élevés qui sont exigés. "Les marchés restent sceptiques, et c'est pourquoi nous discutons maintenant d'un soutien financier supplémentaire", s'est justifié Georges Papandréou.
Renouvellement des prêts
Jean-Claude Juncker a toutefois annoncé qu'il faudrait que les banques privées qui détiennent de la dette publique grecque participent à l'effort, sur une base volontaire, pour pouvoir débloquer de nouveaux prêts.
Cette condition a notamment été posée par l'Allemagne, en dépit de fortes réticences de la Banque centrale européenne qui redoute d'effrayer les marchés financiers et de provoquer une crise de défiance.
Selon des sources diplomatiques, l'option la plus vraisemblable est qu'il soit demandé aux banques de renouveler leurs prêts à la Grèce lorsque ceux qu'elles lui ont déjà octroyés arriveront à échéance, un mécanisme appelé "rollover" dans le jargon financier.
Le président de l'Eurogroupe s'est dit persuadé qu'avec le nouveau coup de pouce financier, "il n'y aura pas de sortie de la Grèce de la zone euro " et "il n'y aura pas de défaut" du pays sur le paiement de sa dette.
Athènes a obtenu vendredi un bol d'air frais immédiat: l'Union européenne et le FMI ont donné leur feu vert conditionnel au versement début juillet à la Grèce d'une nouvelle tranche de prêts sur l'enveloppe de 110 milliards d'euros décidée il y a un an.
Perte de souveraineté
Cette tranche s'élève à 12 milliards d'euros. En contrepartie, le gouvernement socialiste grec va renforcer encore l'austérité et accélérer les privatisations pour réduire le déficit. Il prévoit 6,4 milliards d'euros d'économies supplémentaires en 2011 et 22 milliards d'ici 2015.
Le plan se heurte cependant à la grogne sociale et une grève générale est déjà annoncée pour le 15 juin. La tutelle internationale sur le gouvernement grec va aussi être renforcée, afin de s'assurer que le pays remplisse ses obligations.
Il a été décidé de créer une agence "professionnelle et dirigée de manière indépendante" du gouvernement pour mener les privatisations, ont annoncé l'UE et le FMI dans un communiqué.
L'agence qui comportera des représentants étrangers est inspirée du modèle allemand de la la Treuhandanstalt qui a démantelé les conglomérats est-allemands après la chute du mur,
Le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires Olli Rehn a justifié ces mesures en soulignant qu'elles étaient également "cruciales (...) pour assurer la stabilité financière et la reprise économique en Europe".
agences/mre
Calendrier des privatisations
Trains, ports, aéroports, banques, loteries, électricité, compagnies de distribution d'eau ou sociétés d'autoroutes : Athènes a prévu d'ouvrir le capital ou d'entièrement privatiser d'ici à fin 2013 une trentaine d'entreprises, sur lesquelles lorgnent investisseurs ou concurrents des pays créanciers.
L'objectif de ces cessions est de dégager 50 milliards d'euros d'ici à 2015 pour réduire la dette de 340 milliards d'euros, et de relancer une économie moribonde en stimulant la concurrence.
Dans la liste qui suit, le premier chiffre indique la participation actuelle de l'Etat au capital de la société, le deuxième, la part mise en vente, le tout suivi de la date prévue de la transaction. Pour certaines sociétés, le pourcentage de la participation mise en vente n'a pas été indiqué.
2011
- Ote, Télécoms (16% - jusqu'à 16% - au 2e trimestre 2011)
- Banque Postale (34% - jusqu'à 34% - entre 2e et 4e trim 2011)
- Port du Pirée (75% - jusqu'à 75% - entre 2e et 4e trim 2011)
- Port de Salonique (75% - jusqu'à 75% - entre 2e et 4e trim 2011)
- Société d'eau de Salonique (74% - jusqu'à 40% - entre 2e et 4e trim 2011)
- EAS, systèmes de défense (100% - jusqu'à 66% - 4e trim 2011)
- Loterie nationale (100% - 49 à 66% - 4e trim 2011)
- DEPA, Gaz (65% - jusqu'à 32% - 4e trim 2011)
- Trainose, chemins de fer (100% - 49 à 100% - 4e trim 2011)
- Larco, Mines (55% - jusqu'à 55% - 4e trim 2011)
- Odie, pari mutuel, hippisme (100% - 100% - 4e trim 2011)
- Casino Mont Parnes (49% - 49% - 4e trim 2011)
- Licences téléphone mobile (100% - / - 4e trim 2011)
- Hellinikon, ancien aéroport (100% - / - 4e trim 2011)
2012
- Aéroport Int. Athènes (55% - jusqu'à 21% - 1e trim 2012)
- Autoroute Egnatia Odos (100% - jusqu'à 100% - 1e trim 2012)
- Poste Héllènique (90% - jusqu'à 40% - 1e trim 2012)
- Opap Paris sportifs (34% - jusqu'à 34% - 1e trim 2012)
- Ports régionaux (77-100% - 43 à 66% - 2012)
- Société d'eau Athènes (61% - jusqu'à 27% - 3e trim 2012)
- EVO, défense (51% - jusqu'à 16% - 2e trim 2012)
- Caisse des dépots&consignes(100% - / - 2012)
- DEI Electricité de Grèce (51% - jusqu'à 17% - 4e trim 2012)
- Sie autoroute Hellene 1 (100% - / - 2012)
- Aéroports régionaux 1 (100% - jusqu'à 49% - 2012)
- Hellinikon, IIe tranche (2012)
2013
- Participations bancaires (jusqu'à 100% - / - 2013)
- Banque agricole ATE (76% - jusqu'à 25% - 2013)
- Aéroports régionaux 2 (100% - jusqu'à 49% - 2013)
- Ports - 2 (77-100% - 43 à 66% - 2013)
- Sie autoroute Hellene 2 (100% - / - 2013)