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Santé de fer des compagnies aériennes asiatiques

La compagnie indienne GoAirvient à elle seule de commander 72 Airbus A320 pour 7,2 milliards de dollars.
La compagnie indienne GoAir vient à elle seule de commander 72 Airbus A320 pour 7,2 milliards de dollars.
Des compagnies aériennes d'Asie ont annoncé cette semaine des commandes de dizaines d'appareils pour des milliards de dollars. Le phénomène souligne la santé florissante de ces entreprises qui taillent des croupières aux compagnies traditionnelles.

"Un boum des compagnies à bas coûts est indubitablement en train de se produire en Asie-Pacifique", déclare Daniel Tsang, analyste au cabinet de consultants Aspire Aviation, basé à Hong Kong. "Ces transporteurs pourraient sans peine s'octroyer la moitié du marché d'ici 20 ans, et encore, je suis prudent dans mes prévisions."

L'Association internationale du transport aérien, qui représente 230 transporteurs comptant pour 90% du trafic aérien mondial, mais peu de compagnies à bas coût, a réduit de moitié ses prévisions de bénéfices pour 2011 à 4 milliards de dollars.

Ce chiffre chuterait de 78% sur les bénéfices de 2010, reflétant les difficultés qu'a rencontré le secteur cette année: tsunami au Japon en mars, troubles au Proche-Orient et en Afrique du Nord et hausse des prix du pétrole.

Demande "exponentielle"

Mais les compagnies à bas coût, elles, continuent de voler comme si de rien n'était. L'Indienne GoAir a commandé 72 Airbus A320 pour 7,2 milliards de dollars, prix catalogue. La Philippine Cebu Pacific a elle acheté 30 moyen-courriers A321neo et sept A320 pour 3,8 milliards.

La Malaisienne AirAsia, pionnière du bas coût en Asie, devrait conclure un accord avec Airbus pour 200 appareils lors du salon du Bourget à Paris la semaine prochaine, croient savoir les analystes.

Le patron de AirAsia Tony Fernandes avait indiqué en mai souhaiter multiplier par cinq sa flotte d'Airbus à 500 appareils, en raison de la demande exponentielle dans la région. "Nous avons 600 millions de personnes juste dans l'Asean", le bloc qui regroupe les dix pays du sud-est asiatique, avait-il déclaré. La Chine et l'Inde comptent à elles deux 2,5 milliards d'habitants.

"La croissance exponentielle des compagnies à bas coût en Asie- Pacifique est portée par les économies émergentes et la hausse du niveau de vie de leurs habitants", rappelle l'analyste Daniel Tsang. Les marchés européen et américain en revanche font face à "une reprise économique molle et des consommateurs prudents".

Lancement de filiales low cost

Ce boum du transport aérien à bas prix a poussé les compagnies traditionnelles à créer des filiales peu chères. Singapore Airlines, l'une des compagnies les plus prestigieuses au monde, a informé du lancement, d'ici un an, d'une filiale à bas prix avec des moyen et des long-courriers, laissant entendre qu'elle pourrait ainsi desservir l'Europe.

"Les compagnies traditionnelles n'ont pas su, par le passé, développer et tirer profit de la hausse de la demande pour des vols pas chers, pour les loisirs, et elles n'ont pas su non plus comprendre le changement induit par l'internet dans le comportement du consommateur", estime Shukor Yusof, analystes chez Standard and Poor's à Singapour.

Des compagnies réputées ont enfin compris qu'elles ne pouvaient plus se contenter de compter sur leurs seuls clients pour alimenter leur croissance, note Brendan Sobie, spécialiste du secteur pour l'Asie au Centre de l'aviation pour l'Asie Pacifique. Selon lui, les compagnies à bas coûts vont continuer d'augmenter leur part de marché de 2% par an, au détriment des compagnies traditionnelles.

ats/afp

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