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La Suisse manque de jeunes apprentis

Les entreprises suisses offrent 81'000 places d'apprentissage, alors que 77'000 jeunes veulent entrer en formation.
Les entreprises suisses offrent 81'000 places d'apprentissage, alors que 77'000 jeunes veulent entrer en formation.
Pour la première fois, l'offre de places d'apprentissage dépasse la demande. A mi-avril, 77'000 jeunes envisageaient une formation professionnelle alors que les entreprises cherchaient 81'000 apprentis. Pourtant, quelque 2500 jeunes se retrouvent sur le carreau chaque année à la fin de l'école obligatoire.

De manière générale, la situation sur le marché de l'apprentissage reste stable, d'après le dernier baromètre des places disponibles, a relevé la directrice de l'Office fédéral de la formation professionnelle (OFFT) Ursula Renold lundi devant la presse.

Malgré l'excédent en places, tout n'est pas rose. La situation reflète le problème démographique causé par la baisse du nombre de jeunes en fin de scolarité et la difficulté croissante pour les entreprises de pourvoir des places de formation aux exigences élevées, d'après Ursula Renold. Il y a également une tendance des jeunes à se détourner de l'apprentissage.

Une "bombe sociale"

Certains chiffres sont alarmants, a signalé le directeur de l'Union suisse des arts et métiers (USAM) Hans-Ulrich Bigler. Chaque année, 2500 jeunes finissent l'école obligatoire et n'ont ni place de formation ni école en vue.

En outre, environ un contrat d'apprentissage sur cinq est résilié avant terme. Ce pourcentage correspond à environ 30'000 jeunes sur les 150'000 actuellement en apprentissage, d'après Hans-Ulrich Bigler. Et le directeur de l'USAM d'exiger des mesures pour corriger le tir. Il est essentiel que les jeunes terminent leur apprentissage, car ils courent ensuite trois fois moins de risques de se retrouver au chômage comme employés non qualifiés.

Le conseiller national et entrepreneur Otto Ineichen (PLR/LU) a parlé de "bombe sociale". D'après lui, 25'000 jeunes de 19 à 25 ans seraient en fin de droit aux prestations de l'assurance chômage et risquent de passer à l'aide sociale. Il n'existe néanmoins pas de statistique à ce sujet, a ajouté Ursula Renold.

Moins d'apprentis en Romandie

Les cantons mettent de plus en plus de mesures en oeuvre pour éviter de laisser des jeunes sur le carreau, avec en particulier un système de gestion des cas de jeunes ayant des difficultés multiples.

A Neuchâtel, les autorités cherchent à valoriser la notion d'apprentissage, a expliqué le conseiller d'Etat Philippe Gnaegi. Alors qu'en moyenne suisse 73% des jeunes suivent une formation professionnelle après la scolarité obligatoire, les Neuchâtelois ne sont que 58% à emprunter cette voie.

Le canton veut favoriser la création de 400 places d'apprentissage en huit ans. Un projet pilote sera lancé cet automne visant à offrir un coaching aux entreprises qui engagent des jeunes pour les former. Et l'administration s'est fixée nouvellement un quota d'au moins 4% d'apprentis, a précisé Philippe Gnaegi.

De manière générale, l'apprentissage a moins la cote en Suisse romande, selon lui. "Mais le taux de chômage des jeunes Romands qui préfèrent la voie académique est nettement plus élevé", a renchéri le directeur de l'USAM.

ats/sbo

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