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Grèce: le Parlement soutient Papandréou

Le ministre des Finances Evangélos Vénizélos et le Premier ministre Georges Papandréou peuvent respirer. [EPA/KATERINA MAVRONA]
Le ministre des Finances Evangélos Vénizélos et le Premier ministre Georges Papandréou peuvent respirer. - [EPA/KATERINA MAVRONA]
Le gouvernement socialiste grec a obtenu la confiance du Parlement peu avant minuit mardi. C'est la première étape en vue de l'adoption d'ici quelques jours d'un nouveau plan d'austérité réclamé par l'Union européenne pour continuer à sauver le pays de la faillite.

Le gouvernement a fait le plein des voix socialistes, qui représentent 155 sièges sur 300. Tous les députés de l'opposition présents, 143, ont voté contre. L'annonce du résultat a été huée par quelques milliers de manifestants réunis depuis le début de la soirée devant le parlement et protestant contre la politique d'austérité et de privatisations du gouvernement.

En revanche, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a salué le résultat. Cela constitue "une bonne nouvelle pour la Grèce et l'Union européenne", a-t-il affirmé dans un communiqué.

Des milliers de personnes se sont réunies devant le Parlement grec mardi soir. [KEYSTONE - Simela Pantzartzi]
Des milliers de personnes se sont réunies devant le Parlement grec mardi soir. [KEYSTONE - Simela Pantzartzi]

Face à la grogne qui montait dans la majorité, le Premier ministre Georges Papandréou entendait par ce vote resserrer les rangs de sa majorité en vue de l'adoption de la nouvelle cure de rigueur. "Je demande la confiance pour continuer à faire face à la crise et aux déficits, éviter la faillite et garantir le maintien de la Grèce dans le noyau dur de l'euro" a-t-il lancé en concluant les débats.

Le gouvernement s'engage à "mettre toutes ses forces pour sortir de la crise", a-t-il dit. "Il y a une perspective, une voie tracée, nous avons le soutien et l'aide de la communauté internationale et de l'Union européenne avec un prêt mammouth".

"Redresser le pays"

Le nouveau ministre des Finances, Evangélos Vénizélos, s'est engagé à un effort au-delà des demandes des bailleurs de fonds du pays - L'Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI) - pour redresser le pays. "Nous avons besoin d'un plan parallèle de restructuration" du pays. "Les objectifs seront harmonisés" avec ceux fixés au pays par les créanciers "mais nous permettant de meilleurs résultats en matière budgétaire, de croissance et de justice sociale", a lancé ce ténor socialiste.

Mais la "stabilisation prime", a-t-il souligné, en vue de la prochaine étape, le vote du plan, courant jusqu'en 2015. Celle-ci prévoit des économies de 28,4 milliards d'euros et 50 milliards de privatisations. Le conseil des ministres doit avaliser mercredi la loi d'application. Celle-ci précise les modalités de ce cadre budgétaire pluriannuel, et notamment les mesures fiscales qui fâchent.

La zone euro a donné quinze jours à la Grèce pour franchir le pas, si elle veut décrocher une nouvelle tranche vitale de 12 milliards d'euros. Celle-ci fait partie du prêt de 110 milliards accordé en mai 2010 à Athènes avec le FMI et la rallonge en préparation à ce premier plan de sauvetage.

José Manuel Barroso UE
José Manuel Barroso UE

Selon une source du ministère des Finances, les besoins de financement grecs sont couverts jusqu'au 18 juillet. La défiance des marchés financiers a encore été attestée par le taux en hausse, à 4,62%, que la Grèce a consenti pour lever mardi 1,625 milliard d'euros sur trois mois.

Aide à la relance?

La demande grecque d'une aide à la relance économique pour compenser les effets de l'austérité semblait par ailleurs gagner du terrain. Après le chef de file de la zone euro, Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a plaidé mardi pour un déblocage accéléré des fonds du budget de l'UE alloués au pays.

Evangélos Vénizélos s'est félicité de cette perspective d'une "aide à un retour de la croissance", alors que le pays est englué depuis trois ans dans la récession. En dépit d'une grogne sociale généralisée, le rassemblement contre le vote de confiance, à l'appel des "indignés" grecs qui campent devant le parlement depuis le 25 mai n'a pas répondu aux attentes des organisateurs. Début juin, des rassemblements similaires avaient réuni des dizaines de milliers de Grecs.

ats/cab

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La Grèce doit réparer son système fiscal

La situation critique de la Grèce n'est pas due au niveau de sa dette. Elle résulte de son manque de compétitivité, de son "isolement" économique dans la zone euro et de son système fiscal en lambeaux, selon le patron par intérim du FMI John Lipsky.

Il s'est exprimé mardi soir à l'issue de discussions avec la chancelière allemande Angela Merkel.

"Le système fiscal est cassé à la base. Mais cela signifie qu'il peut être réparé. Ce n'est pas difficile de le réparer. C'est une question de volonté politique", a ajouté le responsable du Fonds monétaire international (FMI).

Pour John Lipsky, l'économie grecque n'a pas réussi à profiter de la création de la zone euro et est en fait "isolée" en son sein.

Les Grecs "sont en théorie dans le marché unique, mais en pratique ils ont été laissés en dehors. Le pourcentage de leurs exportations dans le PIB (le produit intérieur brut) est le plus bas dans la zone euro", a-t-il poursuivi.