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Genève: romand le plus attrayant et le plus cher

Genève, son jet d'eau et bientôt sa plage? [Martin Ruetschi / Keystone]
Genève est handicapé par la cherté de la vie. - [Martin Ruetschi / Keystone]
Le canton de Genève est l'un des plus attrayants de Suisse. Mais il est victime d'un exode croissant vers les régions limitrophes car il devient de plus en plus cher d'y vivre, a affirmé mercredi le Credit Suisse en dressant un bilan en demi-teinte de l'évolution du canton.

Genève se place au 4e rang parmi les cantons suisses, selon l'indice de qualité de la localisation établi par la banque. Dans l'ordre, Zoug, Zurich et l'Argovie le précèdent. Il est suivi par Bâle-Ville. Le canton du bout du lac a gagné cinq places d'une année sur l'autre, grâce à des allègements d'impôts.

Mais il est le canton le plus cher de Suisse, avec une charge fiscale, des loyers et des primes d'assurance maladie élevés, qui grèvent le budget des ménages. Vaud est le deuxième canton romand dans ce classement et s'inscrit au 17e rang au niveau helvétique, juste devant Berne, alors que Fribourg est 22e. Le Valais, Neuchâtel et le Jura occupent les trois derniers rangs.

L'indice repose sur cinq facteurs: la charge fiscale des personnes physiques et celle des personnes morales, le niveau de formation de la population, la présence de main-d'oeuvre qualifiée et l'accessibilité par les moyens de transport.

Prix de l'immobilier

"Les prix de l'immobilier à Genève sont de plus en plus un problème", a déclaré la responsable des recherches économiques pour la Suisse romande, Sara Carnazzi Weber. Elle n'hésite pas à parler de "bulle immobilière" et la banque constate "une vitesse stupéfiante" de la hausse des prix.

Pour une maison individuelle identique, l'acheteur paie aujourd'hui 48% de plus qu'il y a cinq ans, et 86% de plus pour un appartement. Les logements ne sont même plus accessibles aux cadres.

Entre 1996 et 2010, les prix de l'immobilier genevois ont augmenté de 6,7% en moyenne par an dans le canton, alors que le revenu des ménages n'a augmenté que de 1,3% par an. "Le canton perd des habitants et des entreprises, qui partent soit en France voisine, soit dans le canton de Vaud", a affirmé Sara Carnazzi Weber.

Concurrence fiscale

Pour le Credit Suisse, la croissance économique du canton de Genève en 2011 devrait être supérieure à celle prévue pour la Suisse (soit +1,9%) et osciller entre +2 et +2,2%. Malgré cette conjoncture économique favorable, le canton souffre de maux structurels de plus en plus évidents.

Pour la fiscalité, Genève reste l'un des cantons les moins attractifs de Suisse, au 22e rang pour les personnes physiques et au 24e rang pour les personnes morales. "Il faudra voir dans quelle mesure Genève pourra maintenir son attrait dans un contexte de concurrence fiscale plus marquée après la décision du canton de Neuchâtel", a dit Sara Carnazzi Weber.

Les Genevois ont les revenus libres disponibles les plus faibles de Suisse, après les Bâlois et les Vaudois, une fois déduite la totalité des prélèvements obligatoires et des frais fixes comme les loyers. Salaires élevés, main d'oeuvre hautement qualifiée, niveau de formation élevé, bons transports publics compensent.

Développement sur Vaud

"Il devient difficile de garder sous le même toit des objectifs contradictoires: attirer des multinationales, maintenir Genève comme pôle international, tout en conservant des zones rurales et en assurant une protection du locataire très poussée", avertit la spécialiste du Credit Suisse.

L'étude constate ainsi que les districts voisins du canton, ceux de Nyon et de Rolle jusqu'à Morges, profitent des limites du marché genevois en se développant plus rapidement.

L'emploi a progressé de 21% entre 1995 et 2008 dans le canton de Genève, soit deux fois plus que la moyenne suisse. Il s'est accru de 35% et de 45% respectivement dans les régions de Nyon et de Morges/ Rolle, contre 15% en moyenne dans le canton de Vaud.

ats/vkiss

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