Ouvrant les feux, Robert Assaël, avocat de l'ex-président de la Banque cantonale de Genève (BCGE), a fustigé une justice "aveugle" qui entend "offrir des coupables au peuple de Genève".
Après onze ans de procédure, le Ministère public n'a pas pu apporter les preuves de faux dans les titres et de gestion déloyale aggravée, estime-t-il.
"Avec son parcours de vie, professionnel, politique, son attitude, pensez-vous vraiment qu'il a été malhonnête? Quel intérêt avait-il à agir ainsi?" a demandé d'emblée Me Assaël. "Dominique Ducret est un bouc émissaire" de la débâcle de la banque, a-t-il souligné.
Crédits pourris pas cachés
Pour l'avocat, les ex-dirigeants de la BCGE n'ont pas cherché à couvrir les crédits pourris provenant de la Banque hypothécaire et de la Caisse d'épargne de Genève, car la fusion qui a donné naissance à la banque en 1994 a tout remis à plat.
Suffisantes, les provisions ont d'ailleurs été validées par la Commission fédérale des banques. Dominique Ducret n'a pas non plus tout fait pour garder son poste et sa rémunération, comme l'a affirmé le procureur général Daniel Zappelli.
Les procès verbaux des séances de la direction et du Conseil d'administration montrent qu'il a agi avec transparence et diligence dans l'intérêt de la banque et sur la base des informations des réviseurs. Jean-François Marti, second avocat de Dominique Ducret, s'est employé à vider l'acte d'accusation point par point.
Pour lui, le Ministère public n'a pas pu apporter les preuves d'un provisionnement insuffisant. Quant à la distribution des dividendes malgré les pertes, elle était nécessaire pour garder la confiance du public.
"Dossier politique"
Les prévenus n'avaient donc aucune intention de commettre un acte délictuel, a repris Christian Lüscher, avocat de l'ex-directeur général de la BCGE Marc Fues.
La débâcle de la banque est due à une conjoncture défavorable. Frappée de plein fouet par la crise immobilière des années 1990, elle s'est trouvée proche de la faillite en 2000. "Tout est politique dans ce dossier", a conclu Christian Lüscher.
La procédure avait été ouverte peu avant l'élection du procureur général de Genève et que les deux candidats rivalisaient de diligence en vue du "procès du siècle", a-t-il rappelé. Le sauvetage de la BCGE a coûté 2,3 milliards de francs à l'Etat.
Le procureur général a requis deux ans de prison avec sursis à l'encontre des prévenus (lire: Procès BCGE) . Le procès se poursuit mardi avec les plaidoiries des avocats de l'ex-directeur adjoint René Curti, puis des deux ex-réviseurs de la banque.
ats/mre