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Grèce: vers un défaut de paiement sans précédent

Crise: la Grèce a déjà fait son maximum. [Aris Messinis / AFP]
Fitch a estimé qu'Athènes fera défaut sur une partie de ses obligations. - [Aris Messinis / AFP]
La Grèce se dirigeait vendredi vers le tout premier défaut de paiement de l'histoire de l'Union monétaire, un pari risqué auquel l'Europe s'est résignée lors de son sommet dans l'espoir de faire rebondir le pays surendetté en lui évitant une faillite totale.

L'agence de notation Fitch, l'une des trois grandes à faire la pluie et le beau temps sur les marchés, a annoncé son intention de placer en défaut partiel la Grèce, au lendemain d'un nouveau plan d'aide européen de près de 160 milliards d'euros (187 milliards de francs) décidé par les dirigeants de la zone euro et les banques.

Cette sanction était attendue, compte tenu des modalités retenues dans le plan: sur l'insistance de l'Allemagne, il a été demandé aux créanciers privés d'Athènes de mettre la main au portefeuille en acceptant de facto de ne pas récupérer l'intégralité des prêts consentis au pays.

En moyenne, ils ont accepté une perte de 21% sur la valeur actuelle des prêts, qui prendra la forme de rachat d'obligations à des prix cassés ou d'échange de leurs titres pour des obligations à beaucoup plus long terme.

Avancée importante

En conséquence, Fitch a estimé qu'Athènes fera défaut sur une partie de ses obligations. Néanmoins, sur le fond, "les engagements pris par les leaders de la zone euro (...) représentent une avancée importante et positive vers la stabilité financière dans la zone euro", a-t-elle commenté.

Les dirigeants de la zone euro s'attendent à ce que les autres agences de notation parviennent au même verdict. Moody's a fait savoir qu'elle "fera un commentaire en temps utile sur toute implication possible sur la dette".

Ils espèrent toutefois que le défaut de paiement sera limité "à quelques jours voire à quelques heures" et donc maîtrisable, selon un responsable européen. Il pourrait survenir en septembre.

Potentiellement, une telle situation pourrait provoquer un engrenage périlleux pour le secteur bancaire européen et grec en particulier, qui détient des quantités très importantes de dette publique d'Athènes, aujourd'hui dépréciée.

Marchés prudents

Toutefois, le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, a assuré dès jeudi soir que "tout a été mis en place pour faire face à toute éventualité".

Concrètement, la zone euro a prévu de soutenir financièrement la BCE pour que les banques grecques puissent continuer à s'y refinancer pendant la période de défaut. Elle a aussi la possibilité nouvelle, via son Fonds de secours financier, d'injecter des fonds dans le secteur bancaire grec si nécessaire. Le risque est donc censé être calculé.

Les marchés financiers ont salué prudemment vendredi le nouveau plan d'aide, estimant qu'il devrait permettre, au moins dans l'immédiat, d'enrayer la crise de la dette: après un début de séance enthousiaste, l'euphorie s'est estompée en fin de séance.

A la clôture, la Bourse de Paris a grimpé de 0,68%, Londres de 0,60% et Francfort de 0,50%. La Bourse suisse a en revanche terminé en légère baisse (-0,17%). Sur le marché des emprunts d'Etat européens, véritable thermomètre de la santé de la zone euro, les taux des obligations grecques sur dix ans ont en revanche fortement reculé.

agences/cmen

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Soulagement

"Je crois que le pays veut réussir et je vais consacrer toutes mes forces à le soutenir", a assuré à Berlin la chancelière allemande Angela Merkel à propos de la Grèce. Elle a rappelé que le dirigeants de la zone euro s'étaient aussi engagés à relancer la croissance économique grecque et a promis d'inciter l'industrie de son pays à participer à l'effort.

Le gouvernement grec a parlé de "grand soulagement", assurant que la dette publique du pays était désormais "sous contrôle". "Après des mois de bataille, l'Europe a fait un pas important, les décisions de jeudi garantissent la viabilité du pays et de la dette, qui est dorénavant gérable", s'est félicité le Premier ministre Georges Papandréou.