Dans une lettre adressée à ses collègues, le président de la Chambre des représentants John Boehner a annoncé qu'il mettait fin à ses discussions avec Barack Obama, faute d'avoir pu trouver un terrain d'entente avec lui en raison de "visions différentes" pour le pays.
Au cours d'une conférence de presse convoquée à la hâte, le président américain a confirmé ce nouveau développement dans le feuilleton de plusieurs semaines entre la Maison Blanche et le Congrès. Les traits crispés par une colère froide, il a annoncé qu'il convoquait les responsables du Congrès samedi matin à la présidence pour une nouvelle séance de négociations.
"Il va falloir qu'ils m'expliquent la façon dont nous allons éviter un défaut", a lâché Barack Obama. Malgré l'aggravation brutale de la situation, le président a répété qu'il restait confiant. "Nous aurons un relèvement du plafond de la dette" avant la date butoir du 2 août évoquée par le Trésor.
Obama prêt à prendre ses responsabilités
Déterminé à éviter un défaut de paiement, le locataire de la Maison Blanche a assuré qu'il était prêt à prendre seul la responsabilité politique de relever le plafond de la dette. Mais il a aussi exigé que ce relèvement soit suffisant pour ne pas avoir à être renouvelé avant 2013, soit après la présidentielle de novembre 2012 à laquelle il est candidat. "Je ne pense pas que cela soit assez. Je pense que nous devrions faire plus", a-t-il toutefois regretté, faisant allusion à une réduction de la dette.
Un haut responsable de la Maison Blanche s'exprimant sous couvert de l'anonymat, a ensuite souligné le danger que la dette fédérale faisait courir aux Etats-Unis. "Il existe une perspective très réelle de voir la note (de la dette) des Etats-Unis abaissée (par les agences de notation), non pas à cause de l'échec d'un relèvement du plafond de la dette, mais parce que nous échouerions à prendre des mesures sérieuses pour contrôler notre déficit", a-t-il prévenu.
Le président a assuré que le marché qu'il avait proposé aux républicains était "extraordinairement juste". Il a insisté sur la nécessité d'augmenter les recettes fiscales, alors que ses adversaires républicains ne voulaient entendre parler que de coupes.
Les négociations pas terminées
"Le président est catégorique sur la nécessité d'augmenter les impôts. En tant qu'ancien patron d'une PME, je sais que les augmentations d'impôts détruisent les emplois", a écrit pour sa part John Boehner dans sa lettre.
Pour lui, un accord était conclu sur la question des recettes. Mais "le président a demandé 400 milliards supplémentaires" en augmentations fiscales, a-t-il dit. Mais le chef républicain n'a pas fermé la porte à toute négociation. Il a assuré qu'après avoir mis fin aux pourparlers avec le président, il allait entamer "des discussions avec les leaders du Sénat en vue de trouver une solution". Il s'est, lui aussi, dit "convaincu" que les Etats-Unis ne se retrouveront pas en défaut de paiement de leur dette.
afp/boi
Le Brésil attentif à la situation
La présidente brésilienne Dilma Rousseff a considéré qu'il est "absurde" de penser que les Etats-Unis puissent se trouver en défaut de paiement, tout en se disant attentive et prête à prendre des mesures si besoin.
"Nous surveillons les effets de la crise (de la dette) en Europe et la question du plafond de la dette américaine, parce que c'est notre responsabilité", a-t-elle déclaré, précisant que si elle percevait une "menace" de contamination vers son pays, elle n'hésiterait pas à prendre des "mesures drastiques" pour la contenir.