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Dette américaine: un accord de dernière minute

Le président Obama est venu annoncer en personne la bonne nouvelle. [Johnatan Ernst]
Le président Obama est venu annoncer en personne la bonne nouvelle. - [Johnatan Ernst]
Barack Obama et le Congrès sont parvenus dimanche à un accord de dernière minute pour relever le plafond de la dette, empêchant ainsi un défaut de paiement aux conséquences potentiellement catastrophiques pour l'économie mondiale, à deux jours de la date butoir fixée par le Trésor.

"Je veux annoncer que les responsables des deux partis dans les deux chambres ont trouvé un accord qui va réduire le déficit et éviter le défaut (de paiement), un défaut qui aurait eu un effet dévastateur sur notre économie", a indiqué le président américain Barack Obama peu avant 21h00 (lundi 01h00 GMT) depuis la Maison Blanche.

Selon les chiffres publiés vers 01h10 GMT lundi, 21h10 aux Etats-Unis, par la chaîne de télévision CNBC sur son site internet, l'indice Dow Jones gagnait 1,51%, à 12'271 points. Le Nasdaq prenait 1,45%, à 2393 points et l'indice élargi S&P augmentait de 1,57% à 1309 points. Les marchés asiatiques ont réagi positivement (lire Dette américaine).

Pas de hausse des impôts

Le plan ne prévoit aucune hausse d'impôts sous aucune forme, ce qui risque de mal passer sur la gauche du parti démocrate. Quelques minutes seulement avant le président, le chef de la majorité démocrate du Sénat, Harry Reid, avait annoncé la nouvelle devant la chambre haute. "Je suis soulagé que les chefs des deux partis se soient rapprochés pour le bien de notre économie afin d'atteindre un accord historique bipartite qui mette fin à cette impasse dangereuse", a-t-il déclaré.

Le chef de la minorité républicaine Mitch McConnell est ressorti souriant du Sénat après l'annonce de Harry Reid en déclarant: "nous sommes heureux que les deux partis aient été capables de se rassembler et de produire les grandes lignes d'un plan que nous pourrons recommander dans notre groupe (républicain)".

Accord en plusieurs étapes

Selon un responsable américain qui a requis l'anonymat, l'accord prévoit un relèvement du plafond de la dette d'au moins 2100 milliards de dollars, pour permettre au Trésor de faire des emprunts après le 2 août. Le tout pour tenir jusqu'en 2013, soit après les élections. Cette mesure sera accompagnée d'une première réduction des dépenses de 1000 milliards de dollars.

Le dialogue de sourds se poursuit entre le président et les républicains (ici John Boehner au 1er plan). [KEYSTONE - Charles Dharapak]
Le dialogue de sourds se poursuit entre le président et les républicains (ici John Boehner au 1er plan). [KEYSTONE - Charles Dharapak]

Une commission spéciale bipartite du Congrès sera ensuite chargée de trouver - avant Thanksgiving, fin novembre - des baisses de dépenses supplémentaires à hauteur de 1500 milliards de dollars.

Dans le cas où aucun accord n'interviendrait sur des réductions budgétaires supplémentaires, un mécanisme contraignant se mettrait en place, imposant automatiquement un certain nombre de coupes, y compris pour la défense et le programme de santé Medicare pour les personnes âgées.

Un responsable de la Maison Blanche a néanmoins indiqué que la Sécurité sociale et Medicare, le programme de santé pour les plus âgés, ne seraient pas touchés par ces coupes automatiques. C'est sur ce point notamment que les négociations avaient stagné ces derniers jours.

Les républicains de la Chambre, majoritaires dans cette assemblée, doivent encore entériner l'accord lundi. Mais leur chef, John Boehner, s'est montré plutôt favorable au texte. "Ce n'est pas idéal", a-t-il dit lors d'une conférence téléphonique avec ses membres selon un responsable républicain. "Mais quand on le regarde, on se rend compte que c'est ce sur quoi nous avons travaillé", a-t-il dit.

Vote encore attendu

Les républicains ont obtenu d'importantes baisses des dépenses sans céder sur une hausse des impôts des ménages les plus riches ou la suppression de niches fiscales, comme celle qui profite aux propriétaires d'avions d'affaires, et qui a été dénoncée à de nombreuses reprises par le président lui-même. "Nous ne sommes pas au bout de nos peines: j'appelle les élus des deux partis de faire ce qui est juste et d'apporter leur soutien à cet accord", a souligné le président.

Les deux parties ont fait des concessions au fil des négociations, mais leurs positions restent largement opposées. D'un côté, les républicains réclament des baisses d'impôts et des réductions budgétaires drastiques. De l'autre, les démocrates veulent accompagner la rigueur budgétaire d'efforts fiscaux de la part des plus riches.

afp/nr

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