Le compromis in extremis négocié par les républicains et les démocrates et annoncé dimanche soir par le président Barack Obama doit permettre à la première économie mondiale d'éviter de se retrouver en défaut de paiement. Il prévoit de réduire le déficit américain de 2400 milliards de dollars en 10 ans.
Le Sénat devrait voter à son tour dans la journée de mardi, le jour où le Trésor américain a prévenu qu'il ne serait plus en mesure de régler les factures à moins d'un accord. Harry Reid, chef de file de la majorité démocrate au Sénat, a annoncé que le vote aurait lieu à midi (18h00 suisses). Le texte devra obtenir les voix d'au moins 60 des 100 sénateurs, a-t-il ajouté.
Relèvement du plafond de la dette
Si les sénateurs imitent les représentants, le plafond de la dette américaine, actuellement fixé à 14'300 milliards de dollars, sera relevé. Les Etats-Unis échapperont ainsi à une situation de défaut de paiement, qui aurait eu des répercussions sur toute le système économique mondial.
Dans les heures précédant le vote à la Chambre, l'incertitude planait encore sur l'attitude de la base parlementaire, tant à droite qu'à gauche. Dans les rangs du Parti républicain, majoritaire à la Chambre des représentants, les élus proches du Tea Party avaient soulevé des objections sur le compromis négocié au cours du week-end à Washington.
Les démocrates divisés
Lundi soir, 174 républicains ont voté en faveur de l'accord, contre 66 qui s'y sont opposés. Le groupe démocrate s'est divisé, 95 élus votant pour, 95 élus votant contre.
Dans les rangs démocrates, qui ont eu l'heureuse surprise de revoir Gabrielle Giffords, grièvement blessée par balle à la tête en janvier (lire ci-contre), l'aile gauche déplorait que le texte ne prévoie pas immédiatement de hausses d'impôts pour les foyers les plus fortunés et les grandes entreprises.
"Nous sommes très inquiets que le texte procède à toutes ces coupes mais n'inclue aucune contribution des gens les plus riches de notre pays, aucun revenu. C'est déconcertant", a déclaré Nancy Pelosi, cheffe de la minorité démocrate de la Chambre, avant de se rallier finalement au compromis.
De leur côté, le président de la Chambre, John Boehner, et les autres chefs républicains ont mis tout leur poids dans la balance en faveur de l'accord. Le numéro deux républicain de la Chambre, Eric Cantor, a estimé que ce plan n'était "pas parfait" mais qu'il allait "commencer à changer la culture (budgétaire) ici à Washington".
Premier obstacle franchi
Avec le vote des représentants, un premier obstacle a donc été franchi. Mais l'inquiétude demeure sur une possible dégradation de la note souveraine des Etats-Unis, ce triple A qui leur permet de se financer à des taux avantageux.
Si la première puissance économique mondiale perdait cette "signature", les coûts du crédit augmenteraient aux Etats-Unis et menaceraient la fragile reprise économique, avec des conséquences sur l'économie mondiale.
Le compromis prévoit des réductions drastiques de la dépense publique sur dix ans mais ne touche pas à la fiscalité. Il crée également une commission parlementaire bipartisane chargée de définir d'ici fin novembre un nouveau plan de réduction du déficit fédéral.
Enfin, la classe politique américaine dans son ensemble pourrait souffrir de ces semaines de tractations, que l'opinion publique a pu interpréter comme des manoeuvres politiciennes à un moment où elle attend de Washington des remèdes efficaces pour relancer la croissance et réduire le chômage, qui se maintient à plus de 9% de la population active.
agences/hof
Gabrielle Giffords était présente
La parlementaire américaine Gabrielle Giffords, grièvement blessée par balle à la tête en janvier, a participé lundi au vote crucial sur le relèvement du plafond de la dette à la Chambre des représentants, où elle a reçu l'hommage de ses collègues.
Les représentants se sont soudain levés, en plein vote, pour offrir à Gabrielle Giffords une standing ovation au moment où elle entrait dans la salle. Certains de ses collègues l'ont embrassée, et la parlementaire a envoyé des baisers à la ronde en disant "merci, merci".
Gabrielle Giffords, amaigrie et les cheveux très courts, semblait en bonne forme physique et était capable de se déplacer avec une aide minimale.
Son bureau avait annoncé sur Twitter que cette démocrate centriste voterait, dans un message envoyé après le début de la consultation. "Gabrielle est de retour à Washington pour soutenir une loi bipartite afin d'empêcher une crise économique", ont-ils écrit.
Nancy Pelosi, la cheffe de la minorité démocrate à la Chambre, a salué sa collègue, qui "personnifie le courage".
Gabrielle Giffords, 40 ans, avait été blessée lors d'une réunion politique le 8 janvier à Tucson en Arizona par un tireur qui a tué six personnes, dont un juge fédéral et une fillette de neuf ans.
Elle est l'épouse de l'astronaute Mark Kelly, qui a commandé la dernière mission de la navette Endeavour.