Questionné sur ce que l'institut d'émission pourrait encore faire pour renforcer son action, Jean-Pierre Danthine répond que "la situation est extrêmement complexe et difficile". "Rien n'est exclu", note-t-il. Un discours prolongé par le vice-président de la BNS, Thomas Jordan.
A propos d'un arrimage à l'euro, ce dernier explique qu'il "peut se représenter un lien temporaire avec la monnaie unique européenne, aussi longtemps que la mesure est compatible avec la stabilité des prix à long terme". Mais l'idée d'établir un lien permanent entre les deux monnaies n'est pas compatible avec le mandat de la BNS, avertit Thomas Jordan dans une interview au "Tages-Anzeiger" et au "Bund".
"Pas de baguette magique"
Au-delà, les deux banquiers centraux se montrent prudents. "Il n'y a pas de baguette magique", image Jean-Pierre Danthine. Depuis l'accélération de la valorisation de franc début août, la BNS a annoncé par deux fois des mesures pour contrer le phénomène. Son action vise à rapprocher le plus possible le taux Libor de zéro et à alimenter le marché en liquidités, avec des avoirs des banques en comptes de virement auprès de la BNS poussés à 120 milliards de francs.
"Nous pouvons même encore accroître les liquidités", relève Thomas Jordan, pour qui l'action constitue pour l'heure la mesure la plus appropriée. Quant à Jean-Pierre Danthine, il considère que la "politique monétaire extraordinairement expansive est justifiée dans la mesure où il n'existe pas d'effet inflationniste à l'horizon de nos prévisions".
"Situation dramatique"
La politique monétaire engagée par la BNS ne déploie actuellement pas encore d'effets visibles. L'euro demeure à des niveaux historiquement élevés (lire Franc fort).
Si le franc fort arrange le touriste visitant un pays de la zone euro, il pénalise lourdement les exportateurs. Une situation que Thomas Jordan n'hésite pas à qualifier de "dramatique". L'affaiblissement de la conjoncture mondiale conjuguée à la valorisation du franc fait donc planer des risques majeurs sur l'économie suisse. "La force du franc est un reflet de la santé relative de notre économie, doublée d'un effet refuge", explique encore Jean-Pierre Danthine. Reste qu'à ses yeux "la situation actuelle ne peut pas continuer indéfiniment. Toute monnaie surévaluée a tendance à retourner vers une valeur d'équilibre, quelle qu'elle soit".
ats/cab
Des mesures qui pourraient provoquer une surchauffe immobilière
La Banque nationale suisse (BNS) est consciente que sa politique actuelle de taux d'intérêt bas, renforcée depuis début août, n'est pas favorable à la discipline nécessaire sur le marché immobilier, relève Jean-Pierre Danthine, membre de la direction générale.
"Mais nous n'avons d'autre choix que de sacrifier un objectif sectoriel au bénéfice des besoins que nous identifions pour l'économie dans son ensemble", explique le numéro trois de l'institut d'émission dans une interview parue jeudi dans "Le Temps".
Avec une action plus expansionniste que jamais, la politique de la BNS ne devrait donc pas calmer les craintes en lien avec le risque de surchauffe sur le marché immobilier suisse, notamment dans les régions lémanique et de Zurich.
L'institut d'émission monétaire a pourtant lancé depuis plus d'un an nombre d'appels à la prudence.