La France, l'Italie, l'Espagne et la Belgique vont restreindre les ventes à découvert. Cette mesure a pour but de combattre les "fausses rumeurs" qui déstabilisent les marchés financiers, a annoncé jeudi l'ESMA (European Securities and Markets Authority), le régulateur financier européen.
En France, l'Autorité des marchés financiers (AMF) a décidé d'interdire la vente à découvert de onze valeurs financières pour quinze jours, a indiqué à l'AFP son président, Jean-Pierre Jouyet. La nature des mesures dans les autres pays européens n'a pas été précisée par l'ESMA.
Ces décisions ont été prises alors que la plupart des valeurs financières françaises sont victimes depuis mercredi de rumeurs alarmistes (lire Conjoncture ). Celles-ci ont fait plonger leurs cours de Bourse sur des marchés déjà très nerveux. "Ces rumeurs peuvent être assimilées à des abus de marché", selon Jean-Pierre Jouyet, reprenant le terme par lequel l'AMF désigne les manipulations de cours et les délits d'initié.
L'ESMA a précisé dans un communiqué que l'Italie, l'Espagne et la Belgique avaient également décidé de prendre des mesures pour restreindre les ventes à découvert. Les autorités boursières de ces pays "ont fait cela pour restreindre les bénéfices que l'on peut tirer en diffusant de fausses rumeurs", a expliqué l'ESMA, qui ne peut interdire les ventes à découvert de titres souverains qu'avec le consentement du régulateur national du pays concerné.
Face aux turbulences sur les marchés, l'Allemagne a appelé vendredi à une interdiction à l'échelle européenne des ventes à découvert. Les autorités britanniques ont immédiatement fait savoir qu'un tel projet n'était pas d'actualité. L'autorité des marchés financiers des Pays-Bas estime quant à elle que cette pratique a une utilité pour le marché: elle améliore sa liquidité (la facilité des échanges) et joue un rôle important dans la formation des prix.
Les ventes à découvert des valeurs financières avaient déjà été interdites dans plusieurs pays pendant la crise financière de 2008-2009.
Une pratique complexe et risquée
Le mécanisme financier de la vente à découvert permet à un intermédiaire de vendre un titre - dont il espère que le prix va baisser quand il devra l’acheter et qu’il ne possède pas - à un tiers. Cette opération lui permet donc de réaliser un bénéfice puisque le prix de vente qu’il a pratiqué est plus élevé que le prix d’achat espéré.
La personne à qui l’intermédiaire achète le titre et le revend plus tard est la même. Il s’agit donc, en somme, d’un emprunt. Cette opération est basée sur la spéculation à la baisse. L’investisseur espère que le titre en question va perdre de la valeur.
Ainsi, une action vendue à découvert alors qu'elle coûte 10 francs, puis achetée alors qu'elle ne vaut plus que 8 francs, rapporte à l'auteur de l'opération un gain de 2 francs. Cette pratique, risquée, est accusée de précipiter la chute des actions les plus fragiles, et d'aggraver l'instabilité sur les marchés financiers.
ats/afp/pbug