Ce chiffre de croissance nulle (0,0%) complique les efforts du gouvernement pour réduire le déficit public et désendetter la deuxième puissance de la zone euro, désormais dans le viseur des investisseurs.
Le coup de frein à l'activité va limiter les recettes fiscales et obliger le gouvernement à trouver de nouvelles ressources ou couper davantage dans les dépenses publiques.
Le président Nicolas Sarkozy, qui recevra mardi à Paris la chancelière Angela Merkel pour un sommet franco-allemand de crise, martèle que les objectifs de réduction du déficit sont "intangibles".
Nicolas Sarkozy a donné rendez-vous le 24 août aux investisseurs. Son gouvernement présentera alors des mesures de rigueur pour le budget 2012. De 5,7% du PIB cette année, le déficit public doit être ramené à 4,6% l'an prochain, et 3% en 2013.
Le "triple-A" à tout prix
Pour la France, il s'agit à tout prix de préserver sa note "triple-A", attribuée aux émetteurs de dette les plus fiables et qui garantit des taux d'intérêt bas sur les marchés.
Le gouvernement a déjà prévenu qu'il reviendrait sur un certain nombre d'exonérations d'impôt, mais le ministre des finances François Baroin a exclu vendredi toute hausse de la TVA, qui serait "une solution de facilité". Certains experts notent cependant que le contexte pré-électoral, avec la présidentielle prévue en avril et mai prochains, complique la donne pour Nicolas Sarkozy.
Des "fondamentaux solides"
François Baroin, a reconnu vendredi matin sur la radio privée RTL que cette stagnation du PIB au deuxième trimestre était "un peu décevante". Il a toutefois répété sa confiance dans l'économie française et maintenu la prévision de croissance de son gouvernement à 2% pour 2011.
"Nous serons en ligne avec les objectifs de croissance de cet exercice", a affirmé François Baroin. "Je suis très confiant parce que nous avons des fondamentaux dans notre économie qui sont solides".
L'industrie agro-alimentaire se maintient
Les marchés ont marqué une défiance croissante ces derniers jours à l'égard de la France. En Bourse, les banques françaises ont été particulièrement chahutées, en particulier la Société générale et BNP-Paribas.
Les dépenses de consommation des ménages, traditionnel moteur de la croissance française, ont reculé au deuxième trimestre (-0,7% après +0,4%), tandis que l'investissement, a décéléré légèrement (+0,9% après +1,2%).
La production totale de biens et services a été stable après un premier trimestre "très dynamique" (+1,4 %). La production manufacturière a reculé dans le même temps de 0,6 % après avoir progressé de 2,9% au premier trimestre. Toutes les branches se sont repliées, à l'exception de l'industrie agro-alimentaire.
agences/pym
Les achats de voitures en fort recul
L'arrêt fin 2010 de la prime à la casse avait induit des achats d'automobiles dynamiques fin 2010 ( +8,8%) puis début 2011 (+1,7%) en raison des délais de livraison nécessaires pour honorer les commandes passées", rappelle l'INSEE. "L'arrêt de ce dispositif conduit à un fort recul au deuxième trimestre (-11,3%)".
"Cet effet était attendu", assurent les ministres François Baroin (Economie) et Valérie Pécresse (Budget). "Il a été amplifié par une conjoncture internationale défavorable", relativisent-ils dans un communiqué commun diffusé par Bercy.
"Ce ralentissement de croissance au deuxième trimestre affecte d'ailleurs la plupart de nos principaux partenaires". Les ministres préfèrent s'appesantir sur d'autres chiffres publiés vendredi matin par l'INSEE et qui comportent "plusieurs indicateurs bien orientés" à leurs yeux.
Les prix à la consommation ont baissé de 0,4% en juillet: -0,2% pour l'alimentation, -2,6% pour les produits manufacturés, 0,0% pour l'énergie, +0,8% pour les services.
"Ceci soutiendra le pouvoir d'achat des ménages", prédisent les deux ministres . Ils considèrent que "ces chiffres, au-delà du ralentissement conjoncturel, témoignent de la solidité des fondamentaux de l'économie française".