Lundi matin, l'euro a même atteint un plus haut du jour à 1,1459 franc, tandis que le billet vert grimpait à 79,98 centimes. L'euro était repassé vendredi matin déjà au-dessus de 1,10 franc, un plancher percé pour la première fois au début août. Le dollar avait aussi repris quelques couleurs, à 77,10 centimes.
La devise européenne était tombée pratiquement à parité avec le franc mardi dernier, à 1,007 franc, son plus bas historique. Le billet vert avait aussi touché le seuil inédit de 70,69 centimes.
Une situation plus calme
Les interventions de la Banque nationale suisse (BNS) et l'hypothèse que le cours du franc pourrait être provisoirement arrimé à celui de l'euro ont amené quelque répit dans l'appréciation du franc, valeur refuge mais considérée actuellement comme nettement surévaluée.
La volonté affichée par les dirigeants européens de renforcer les mesures pour juguler la crise de la dette assortie à la sensible reprise des marchés boursiers en fin de semaine dernière ont également contribué à calmer la situation sur le front des devises.
Les Bourses européennes et asiatiques en hausse
Les Bourses mondiales ont timidement gagné du terrain lundi après leur effondrement de la semaine dernière, en attendant le sommet de crise de mardi entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, destiné à apaiser le climat de défiance autour de la dette en zone euro.
Mais "il ne faut pas se tromper, les marchés restent nerveux", a prévenu Frédéric Rozier, analyste de Meeschaert Gestion Privée.
Après avoir encaissé la dégradation du triple A américain et frôlé le krach en milieu de semaine dernière, les marchés européens ont poursuivi lundi leur remontée entamée vendredi.
Au terme d'une journée marquée par de faibles volumes d'échanges et la fermeture d'Athènes et de Milan pour cause de jour férié, Francfort a gagné 0,41%, Londres 0,57% et Paris 0,78%. La Bourse suisse a pris 1,37% grâce au recul de la devise helvétique face aux autres monnaies après les sommets de la semaine dernière. Madrid a progressé de 0,71% après une matinée dans le rouge.
La Bourse de New York a fini en forte hausse lundi, dopée par une salve d'annonces de fusions-acquisitions, ce qui lui a permis d'effacer toutes ses pertes de la semaine dernière. Le Dow Jones a gagné 1,90%, et le Nasdaq 1,88%.
En Asie, Tokyo a progressé de 1,37% et Hong Kong s'est envolé de 3,26%. Porté par l'optimisme des marchés, l'euro accélérait sa hausse face au billet vert, s'échangeant à 1,4450 dollar. Mais, succédant au vent de panique qui a soufflé sur les places financières, cette légère embellie n'a pas totalement dissipé les doutes et inquiétudes suscités par l'endettement massif des Etats industrialisés.
Intervention de la Banque centrale européenne
Preuve de la fragilité de la zone euro, la Banque centrale européenne a, pour la première fois depuis cinq mois, racheté des obligations publiques la semaine dernière afin de soutenir l'Italie et l'Espagne. La BCE a acquis pour 22 milliards d'euros de titres, un montant hebdomadaire record.
"Les marchés sont très nerveux", a commenté lundi le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn, ajoutant toutefois qu'il ne s'attendait "pas à une crise comme celle de Lehman", en référence à la faillite de la banque américaine en septembre 2008 qui a précipité le monde dans la crise.
Rencontre Sarkozy-Merkel
Dans ce climat de fébrilité, la rencontre prévue mardi à l'Elysée entre le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel attire tous les regards, même si la portée de ce mini-sommet a d'ores et déjà été relativisée outre-Rhin. Le porte-parole de la chancelière Steffen Seibert a déclaré lundi qu'il ne fallait "rien attendre de spectaculaire" de la réunion de mardi et que la question des euro-obligations n'y jouerait "aucun rôle".
L'Elysée a confirmé que ces obligations, réclamées en choeur par plusieurs dirigeants européens, ne figuraient pas "à l'ordre du jour" des discussions. Ce mini-sommet, même s'il ne débouchait pas sur des mesures concrètes, pourrait toutefois envoyer un message de cohésion aux marchés, estimaient certains analystes. "C'est utile de voir ces deux chefs d'Etat ensemble à la manoeuvre alors que l'Europe est souvent vue comme une zone de cacophonie", jugeait Bertrand Lamielle, analyste chez BNP Paribas.
Plans de rigueur
D'autres analystes mettaient au contraire en garde contre les effets d'un éventuel fiasco de ce sommet. "Si rien n'est annoncé, cela signifiera qu'il y a un profond désaccord entre Paris et Berlin et les marchés peuvent s'emballer de nouveau", avertissait Yves Marçais, vendeur d'actions chez Global Equities.
La France et l'Italie, récemment dans le collimateur des marchés, ont donné quelques signes positifs dans l'espoir d'apaiser les investisseurs. Plombée par les déficits, l'Italie a adopté vendredi un plan de rigueur de 45 milliards d'euros et promis un retour à l'équilibre dès 2013 au lieu de 2014. De son côté, le gouvernement français, inquiet d'une possible dégradation de son triple A, prépare pour le 24 août une série de mesures d'économies qui devraient porter sur plusieurs milliards d'euros, en rabotant notamment les niches fiscales.
agences/lan
Les cours du pétrole en hausse
Les prix du pétrole grimpaient lundi en fin d'échanges européens, soutenus par la bonne tenue des places boursières, qui poursuivaient l'élan entamé la semaine précédente,
et par un accès de faiblesse du dollar face à un euro revigoré.
Vers 18h15, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre s'échangeait à 109,23 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 1,20 dollar par rapport à la clôture de vendredi.
Sur le New York Mercantile Exchange, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance gagnait 1,65 dollar, à 87,03 dollars. Les cours du baril confortaient leur rebond, après avoir évolué en baisse jusqu'en milieu d'échanges européens.