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Zone euro: Paris et Berlin pour un gouvernement

Angela Merkel et Nicolas Sarkozy proposent un gouvernement de la zone euro. [Patrick Kovarik]
Angela Merkel et Nicolas Sarkozy proposent un gouvernement de la zone euro. - [Patrick Kovarik]
La France et l'Allemagne vont proposer à leurs partenaires européens de créer un "gouvernement de la zone euro" et d'instaurer une taxe sur les transactions financières, ont annoncé mardi le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel.

Les deux dirigeants ont proposé que ce nouveau gouvernement économique soit dirigé par l'actuel président de l'Union européenne Herman Van Rompuy.

Ce gouvernement sera nommé pour deux ans et demi et se réunira deux fois par an, a expliqué Nicolas Sarkozy au cours d'une conférence de presse commune avec Angela Merkel, à l'issue d'un sommet bilatéral à Paris, très attendu par les marchés.

"Nous allons vers une intégration économique renforcée de la zone euro", s'est félicité le président français, alors que le manque de coordination entre pays ayant adopté la monnaie unique a fait récemment tanguer les marchés.

"Règle d'or"

Paris et Berlin vont aussi proposer que les 17 pays membres de la zone euro adoptent avant l'été 2012 la "règle d'or" sur l'équilibre budgétaire, déjà en vigueur en Allemagne et en cours d'adoption en France.

Cette disposition doit permettre de réduire à terme les colossaux déficits publics à l'origine de la crise que connaît la zone euro depuis des mois. Ces déclarations des dirigeants des deux économies les plus puissantes de la zone euro étaient très attendues par les marchés, échaudés par la crise de la dette, alors que la croissance économique s'essouffle en Europe.

L'accord sur la dette américaine ne rassure pas les marchés financiers. [fotalia]
L'accord sur la dette américaine ne rassure pas les marchés financiers. [fotalia]

Mais les propositions des deux dirigeants ont été reçues avec tiédeur. "C'est un peu décevant", a commenté, Yves Marçais, vendeur d'actions chez Global Equities à Paris. "Cela reste très flou. On parle de gouvernement économique européen, mais on met quoi dedans? Quels sont les pouvoirs de ce gouvernement? Aura-t-il le pouvoir de sanction ou celui de donner des orientations aux Etats?" s'est-il interrogé.

Sur le marché des changes, l'euro a accru ses pertes face au dollar après les déclarations franco-allemandes.

Contre les euro-obligations

En réponse à une vieille demande des milieux altermondialistes, Nicolas Sarkozy a indiqué que "les ministres des Finances allemand et français déposeront sur la table des instances européennes une proposition commune, dès le mois de septembre prochain, de taxe sur les transactions financières".

En revanche, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel se sont déclarés opposés à la création d'euro-obligations qui remplaceraient les bons du Trésor émis par chaque Etat, une mesure préconisée par plusieurs autres pays et par la Commission européenne pour ramener le calme sur les marchés de la dette.

Angela Merkel a dit ne pas croire "que les euro-obligations nous aideraient aujourd'hui". Nicolas Sarkozy a de son côté jugé que ces euro-obligations mettraient "gravement en danger" les pays les mieux notés et ne pouvaient être que l'"aboutissement d'un processus d'intégration".

Pour René Defossez, stratégiste obligataire chez Natixis, la création des ces obligations aurait pourtant été "la seule chose qui pourrait désamorcer la crise".

Critique évoquée

Nicolas Sarkozy et Angela Merkel se sont aussi dits opposés à l'augmentation de la dotation du Fonds européen de stabilité financière (FESF), un mécanisme de secours qui sera appelé à prêter de l'argent aux pays en difficulté ou à acheter leurs obligations. L'enveloppe actuelle de 440 milliards d'euros est suffisante, ont-ils estimé.

"Je suis confiant sur les perspectives économiques de la zone euro et du monde", a affirmé de son côté Nicolas Sarkozy, qui a réaffirmé "la volonté absolue de la France de respecter ses engagements" en matière de réduction des déficits publics, alors même que le ralentissement de la croissance complique l'équation budgétaire. "Je ne suis pas du tout pessimiste sur les perspectives de la croissance", a renchéri Angela Merkel.

agences/lan

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Les Bourses en baisse

La majorité des Bourses européennes ont terminé en baisse mardi, sans illusions sur le sommet Merkel-Sarkozy. Le Bourse suisse a par contre terminé en hausse (+0,91%), et le franc ne s'est pas réévalué.

A la clôture, Paris avait perdu 0,25%, Francfort 0,45%, Milan 0,87%, Madrid 0,4%, Lisbonne 1,47%.

Les Bourses européennes ont ainsi mis fin à une série de trois séances de hausse, après une dégringolade la semaine dernière.

La Bourse de New York s'est également repliée mardi, après trois séances de rebond, sous le coup de nouvelles inquiétudes vis-à-vis de l'Europe: le Dow Jones a perdu 0,67% et le Nasdaq 1,24%.